[10,24] ὁ δὲ τῆς πόλεως ἔπαρχος Φάβιος ἔπεμπε
τοὺς παραληψομένους τὸν Κοίντιον ἐπὶ τὴν ἀρχήν.
ἔτυχε δὲ καὶ τότε ὁ ἀνὴρ τῶν κατ´ ἀγρὸν ἔργων τι
διαπραττόμενος· ἰδὼν δὲ τὸν προσιόντα ὄχλον καὶ
ὑποπτεύσας ἐπ´ αὐτὸν ἥκειν ἐσθῆτά τ´ ἐλάμβανεν εὐπρεπεστέραν καὶ ὑπαντήσων
αὐτοῖς ἐπορεύετο. ὡς δ´
ἐγγὺς ἦν, ἵππους τ´ αὐτῷ φαλάροις κεκοσμημένους
ἐκπρεπέσι προσῆγον καὶ πελέκεις ἅμα ταῖς ῥάβδοις
εἰκοσιτέτταρας παρέστησαν ἐσθῆτά τε ἁλουργῆ καὶ τἆλλα
παράσημα, οἷς πρότερον ἡ τῶν βασιλέων ἐκεκόσμητο
ἀρχή, προσήνεγκαν. ὁ δὲ μαθών, ὅτι δικτάτωρ ἀποδέδεικται τῆς πόλεως, οὐχ ὅπως
ἠγάπησε τηλικαύτης
τιμῆς τυχών, ἀλλὰ προσαγανακτήσας εἶπεν· Ἀπολεῖται
ἄρα καὶ τούτου τοῦ ἐνιαυτοῦ ὁ καρπὸς διὰ τὰς ἐμὰς
ἀσχολίας, καὶ πεινήσομεν ἅπαντες κακῶς. μετὰ ταῦτα
παραγενόμενος εἰς τὴν πόλιν πρῶτον μὲν ἐθάρρυνε
τοὺς πολίτας λόγον ἐν τῷ πλήθει διεξελθὼν ἐξεγεῖραι
τὰς ψυχὰς δυνάμενον ἐλπίσιν ἀγαθαῖς ἔπειτα συναγαγὼν ἅπαντας τοὺς ἐν ἀκμῇ,
τούς τε κατὰ τὴν
πόλιν καὶ τοὺς ἐκ τῶν ἀγρῶν, καὶ τὰς παρὰ τῶν συμμάχων ἐπικουρίας
μεταπεμψάμενος ἱππάρχην τ´ ἀποδείξας Λεύκιον Ταρκύνιον, ἄνδρα τῶν ἠμελημένων
μὲν
διὰ πενίαν, τὰ δὲ πολέμια γενναῖον, ἐξῆγε συγκεκροτημένην ἔχων δύναμιν, καὶ
καταλαβὼν τὸν ταμίαν Τίτον
Κοίντιον ἀναδεχόμενον αὐτοῦ τὴν παρουσίαν, λαβὼν
καὶ τὴν σὺν ἐκείνῳ δύναμιν ἧκεν ἐπὶ τοὺς πολεμίους.
ὡς δὲ κατώπτευσε τὴν τῶν χωρίων φύσιν, ἐν οἷς ἦν
τὰ στρατόπεδα, μέρος μέν τι τῆς στρατιᾶς ἐπὶ τοῖς
μετεώροις ἔταξεν, ὡς μήτε βοήθεια παραγένοιτο τοῖς
Αἰκανοῖς ἑτέρα μήτε τροφαί, τὴν δὲ λοιπὴν δύναμιν
αὐτὸς ἔχων προῆγεν ἐκτεταγμένην ὡς εἰς μάχην. καὶ
ὁ Κοίλιος οὐθὲν ὑποδείσας - ἥ τε γὰρ δύναμις ἡ περὶ
αὐτὸν ἦν οὐκ ὀλίγη, καὶ αὐτὸς ἐδόκει ψυχὴν οὐ κακὸς
εἶναι κατὰ τὰ πολέμια - δέχεται αὐτὸν ἐπιόντα, καὶ
γίνεται μάχη καρτερά. χρόνου δὲ πολλοῦ διελθόντος καὶ
τῶν Ῥωμαίων διὰ τοὺς συνεχεῖς πολέμους ἀναφερόντων
τὸν πόνον τῶν τε ἱππέων κατὰ τὸ κάμνον μέρος ἀεὶ
ἐπιβοηθούντων τοῖς πεζοῖς ἡσσηθεὶς ὁ Γράγχος κατακλείεται πάλιν εἰς τὸν ἑαυτοῦ
χάρακα. καὶ μετὰ τοῦθ´
ὁ Κοίντιος περιταφρεύσας αὐτὸν ὑψηλῷ χάρακι καὶ
πύργοις πυκνοῖς περιλαβών, ἐπεὶ κάμνοντα ἔμαθε τῶν
ἀναγκαίων τῇ σπάνει, αὐτός τε προσβολὰς ἐποιεῖτο
συνεχεῖς πρὸς τὸν χάρακα τῶν Αἰκανῶν καὶ τῷ Μηνυκίῳ προσέταξεν ἀπὸ τῶν
ἑτέρων ἐξιέναι μερῶν. ὥστε
ἠναγκάσθησαν οἱ Αἰκανοὶ τροφῆς τε ἀπορούμενοι καὶ
συμμάχων βοήθειαν ἀπεγνωκότες πολιορκούμενοί τε
πολλαχόθεν ἱκετηρίας ἀναλαβόντες ἐπιπρεσβεύεσθαι
πρὸς τὸν Κοίντιον περὶ φιλίας {διαλεγόμενοι}. ὁ δὲ
τοῖς μὲν ἄλλοις Αἰκανοῖς ἔφη σπένδεσθαι καὶ διδόναι
τοῖς σώμασι τὴν ἄδειαν τά τε ὅπλα ἀποθεμένοις καὶ
καθ´ ἕνα διεξιοῦσιν ὑπὸ ζυγόν, Γράγχῳ δὲ τῷ ἡγεμόνι τῶν πολεμίων καὶ τοῖς σὺν
ἐκείνῳ βουλεύσασι
τὴν ἀπόστασιν ὡς πολεμίοις χρήσασθαι, ἐκέλευσέ τε
αὐτοῖς ἄγειν τοὺς ἄνδρας δεδεμένους. ὑπομενόντων
δὲ ταῦτα τῶν Αἰκανῶν τελευταῖον αὐτοῖς ἐκεῖνο
προσέταξεν· ἐπειδὴ Τύσκλον πόλιν Ῥωμαίων σύμμαχον
ἐξηνδραποδίσαντο καὶ διήρπασαν οὐδὲν ὑπὸ Τυσκλάνων
παθόντες κακόν, ἀντιπαρασχεῖν ἑαυτῷ πόλιν τῶν
σφετέρων, Κορβιῶνα, τὰ ὅμοια διαθεῖναι. ταύτας
λαβόντες τὰς ἀποκρίσεις οἱ πρέσβεις τῶν Αἰκανῶν
προῄεσαν καὶ μετ´ οὐ πολὺ παρῆσαν ἄγοντες τὸν
Γράγχον καὶ τοὺς σὺν αὐτῷ δεδεμένους· αὐτοὶ δὲ τὰ
ὅπλα θέντες ἐξέλιπον τὴν παρεμβολὴν διαπορευόμενοι,
καθάπερ ὁ στρατηγὸς ἐκέλευσε, διὰ τοῦ Ῥωμαίων
χάρακος καθ´ ἕνα ὑπὸ ζυγόν, καὶ τὴν Κορβιῶνα κατὰ
τὰς ὁμολογίας παρέδοσαν, τὰ ἐλεύθερα σώματα μόνον ἐξελθεῖν
αἰτησάμενοι, περὶ ὧν διήλλαξαν τοὺς Τυσκλάνων αἰχμαλώτους.
| [10,24] IX. Fabius gouverneur de Rome, députe aussitôt à Quintius pour le revêtir de la dictature. Ce grand homme était encore occupé alors au travail de la campagne. Dès qu'il aperçut une foule de Romains qui s'approchaient, il ne douta point que ce ne fût à lui même qu'ils en voulaient: il prend un habit plus décent, et va au devant d'eux. Il les joint dans le moment : ceux-ci lui présentent des chevaux magnifiquement enharnachés, ils font marcher devant lui vingt-quatre licteurs avec des haches entourées de faisceaux, et lui donnent des habits de pourpre avec les autres marques de dignité dont les rois avaient été autrefois revêtus. Quintius s'aperçoit alors qu'on l'a créé dictateur de Rome. Mais loin d'accepter avec joie une si grande dignité, il leur dit tout en colère :
« Voilà encore de nouvelles occupations qu'on me donne : je vais donc perdre les fruits de cette année, et il nous faudra tous souffrir la faim ? »
II suit néanmoins les députés, et prend le chemin de la ville.
X. Arrivé à Rome, il commence par assembler les citoyens, il les rassure, il leur fait un discours pathétique, il relève leur courage abattu, et fait renaître l'espérance dans tous les cœurs. Ensuite il ramasse, tant de la ville que de la campagne, tous ceux qui sont en âge de porter les armes : il mande les secours des alliés : il choisit pour général de la cavalerie Lucius Tarquinius, peu connu a cause de sa pauvreté, mais d'ailleurs grand homme de guerre et excellent capitaine. Ayant mis une armée sur pied, il {part et} va joindre Titus Quintius qui l'attendait : il prend avec lui les troupes de ce questeur, et marche aux ennemis. Après avoir examiné suffisamment la disposition des lieux où étaient les camps, il poste une partie de son armée sur les hauteurs, pour empêcher que les Aeques ne reçoivent des vivres et de nouveaux renforts, puis il s'avance avec le reste de ses troupes pour livrer bataille. Clœlius qui avait une puissante armée, brave d'ailleurs de sa personne et grand capitaine, le reçoit sans s'épouvanter. L'action fut rude de part et d'autre : elle dura quelque temps sans que la victoire se déclarât. Mais les Romains endurcis aux fatigues par une longue habitude, ne se rebutaient point. Nourris dans de continuelles guerres, ils avaient acquis une expérience parfaite : ils savaient se ménager adroitement la victoire. La cavalerie volait au secours de l'infanterie dès qu'elle commençait à plier en quelque endroit : elle fournit soit de nouvelles forces partout où l'ennemi paraissait prendre le dessus. Une si bonne contenance déconcerta les Aeques : Gracchus fut enfin obligé de lâcher pied ; il perdit la bataille, et fut repoussé dans son camp. Le dictateur l'y enferme par de hautes palissades et par un retranchement fortifié de plusieurs tours de distance en distance. Lorsqu'il le voit pressé par la disette des vivres, il le harcelle par de continuelles attaques, tandis que Minucius par son ordre fait des sorties de l'autre côté.
XI. Les Aeques ainsi assiégés de toutes parts, manquant de vivres, et désespérant de recevoir aucun secours de leurs alliés, se déterminent enfin à envoyer des députés vers le dictateur avec des marques de suppliants pour lui demander la paix. Quintius fait réponse qu'il la leur accorde volontiers et qu'il leur remet la punition corporelle s'ils veulent rendre les armes et se résoudre à passer sous le joug : mais que pour Gracchus leur commandant qui était auteur de la guerre, et ceux qui avaient concerté la révolte avec lui, il prétend qu'on les lui livre pieds et poings liés pour les traiter comme ennemis. Les députés des Aeques ayant accepté ces conditions, il leur demande en outre, que puisqu'ils ont pillé et réduit en servitude la ville de Tusculum alliée des Romains, qui ne leur a fait aucun mal, ils aient à lui livrer en récompense leur ville de Corbion, afin qu'il la traite avec la même rigueur. Les ambassadeurs s'en vont avec cette réponse, bientôt après ils reviennent trouver le dictateur, amenant Gracchus enchaîné avec des complices de sa révolte. Les Aeques mettent bas les armes : ils sortent de leurs lignes, et passent sous le joug au milieu du camp des Romains suivant les ordres de Quintius. Ils livrèrent après cela la ville de Corbion comme ils en étaient convenus ; la seule grâce qu'ils demandèrent, fut qu'on en laissât sortir les personnes de condition libre, et en échange ils relâchèrent les prisonniers de Tusculum.
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