[10,25] Παραλαβὼν δὲ ὁ Κοίντιος τὴν πόλιν τὰ
μὲν ἐπιφανέστατα τῶν λαφύρων εἰς Ῥώμην ἐκέλευσε
φέρειν, τὰ δ´ ἄλλα πάντα διελέσθαι κατὰ λόχους
ἐπέτρεψε τοῖς τε σὺν αὐτῷ παραγενομένοις στρατιώταις
καὶ τοῖς ἅμα Κοιντίῳ τῷ ταμίᾳ προαποσταλεῖσι.
τοῖς δὲ μετὰ Μηνυκίου τοῦ ὑπάτου κατακλεισθεῖσιν
ἐν τῷ χάρακι μεγάλην ἔφη δεδωκέναι δωρεὰν τὰ σώματα αὐτῶν ἐκ θανάτου
ῥυσάμενος. ταῦτα πράξας
καὶ τὸν Μηνύκιον ἀποθέσθαι τὴν ἀρχὴν ἀναγκάσας
ἀνέστρεψεν εἰς τὴν Ῥώμην καὶ κατήγαγε λαμπρότατον
ἁπάντων ἡγεμόνων θρίαμβον, ἐν ἡμέραις ἑκκαίδεκα
ταῖς πάσαις, ἀφ´ ἧς παρέλαβε τὴν ἀρχήν, στρατόπεδόν
τε σώσας φίλιον καὶ πολεμίων δύναμιν ἀκμάζουσαν
καθελὼν πόλιν τε αὐτῶν πορθήσας καὶ φρουρὰν αὐτῆς ὑπολιπὼν τόν τε ἡγεμόνα
τοῦ πολέμου καὶ τοὺς
ἄλλους ἐπιφανεῖς ἄνδρας ἁλύσει δεδεμένους ἀγαγών.
καὶ ὃ μάλιστα πάντων αὐτοῦ θαυμάζειν ἄξιον, ὅτι
τὴν τοσαύτην ἀρχὴν εἰς ἑξάμηνον εἰληφὼς οὐκ ἐχρήσατο παντὶ τῷ νόμῳ, ἀλλὰ
συναγαγὼν τὸν δῆμον εἰς
ἐκκλησίαν καὶ περὶ τῶν πεπραγμένων λόγον ἀποδοὺς
ἐξωμόσατο τὴν ἀρχὴν τῆς τε βουλῆς δεομένης γῆν τε
ὅσην ἐβούλετο λαβεῖν ἐκ τῆς δορικτήτου καὶ ἀνδράποδα καὶ χρήματα ἐκ τῶν
λαφύρων ἐπανορθῶσαι τὴν
πενίαν πλούτῳ δικαίῳ, ὃν ἀπὸ πολεμίων κάλλιστον
ἐκτήσατο τοῖς ἰδίοις πόνοις, οὐκ ἠξίωσε, φίλων τε
καὶ συγγενῶν δωρεὰς προσφερόντων μεγάλας καὶ ἀντὶ
παντὸς ἀγαθοῦ τιθεμένων ἐκεῖνον τὸν ἄνδρα εὖ
ποιεῖν, ἐπαινέσας αὐτοὺς τῆς προθυμίας οὐθὲν τῶν
διδομένων ἔλαβεν, ἀλλ´ ἀπῆλθε πάλιν εἰς τὸ μικρὸν
ἐκεῖνο χωρίον, καὶ τὸν αὐτουργὸν αὐτοῦ ἀντὶ τοῦ
βασιλικοῦ μετειλήφει βίον, μεῖζον φρονῶν ἐπὶ πενίᾳ
ἢ ἄλλοι ἐπὶ πλούτῳ. μετ´ οὐ πολὺν δὲ χρόνον καὶ
Ναύτιος, ἅτερος τῶν ὑπάτων, νικήσας Σαβίνους ἐκ
παρατάξεως καὶ τῆς χώρας αὐτῶν πολλὴν καταδραμὼν
ἀπῆγεν ἐπ´ οἴκου τὰς δυνάμεις.
| [10,25] XII. Le dictateur maître de Corbion, fit porter à Rome les plus riches dépouilles. Il abandonna le reste du butin aux troupes qu'il avait amenées, et à celles qui avaient été envoyées devant sous le commandement du questeur. Pour les autres soldats qui s'étaient laissé enfermer dans le camp avec le consul Minucius, il dit qu'ils devaient être assez contents de ce qu'il les avait délivrés de la mort : à l'égard de Minucius, il l'obligea à se démettre de sa charge.
Après cette glorieuse expédition, il revint à Rome, où on lui décerna les honneurs du plus magnifique triomphe dont aucun général eût jamais été gratifié. Il les méritait en effet, puisqu'en seize jours de dictature, il avait délivré le camp des Romains, vaincu une nombreuse armée des Aeques, pillé une de leurs villes dans laquelle il laissa une garnison, et qu'enfin il menait enchaîné le général de cette guerre, avec un grand nombre d'autres prisonniers de marque.
XIV. Mais ce qu'on doit le plus admirer dans ce grand personnage, c'est que revêtu pour six mois d'une dignité si relevée, il ne la garda pas tout le temps que la loi le permettait. Il assembla le peuple, rendit compte de sa conduite, et abdiqua la dictature. Le sénat le conjura de prendre autant qu'il voudrait des terres conquises, des esclaves et de l'argent du butin, pour lui rendre la vie plus douce, et pour soulager sa pauvreté par les richesses qu'il avait gagnées sur l'ennemi avec justice et à la sueur de son corps : ses amis même et ses proches, qui n'avaient rien plus à cœur que de le voir plus à son aise, voulurent lui faire des présents considérables. Leurs offres généreuses furent inutiles : il les remercia avec la plus vive reconnaissance, mais il ne voulut pas accepter leurs présents. Il s'en retourna à sa petite maison de campagne, et préféra à une vie de roi la vie pauvre qu'il y menait en travaillant de ses mains, plus content de sa pauvreté que les autres hommes ne le sont de leurs richesses.
497 XV. Quelque temps après, Nautius l'autre consul revint à Rome avec son armée, tout glorieux d'avoir vaincu les Sabins dans une bataille, et ravagé la plus grande partie de leurs terres.
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