[10,23] Ῥωμαῖοι δὲ τοιαῦτα ὑβρισθέντες ὑπὸ τοῦ
ἀνδρὸς οὐκ εὐθὺς ὀργῇ ἐπιτρέψαντες ἐξήγαγον τὴν
στρατιάν, ἀλλὰ καὶ δευτέραν ὡς αὐτὸν ἀπέστειλαν
πρεσβείαν καὶ τοὺς Φητιάλεις καλουμένους ἄνδρας
ἱερεῖς ἔπεμψαν ἐπιμαρτυρόμενοι θεούς τε καὶ δαίμονας, ὅτι μὴ δυνηθέντες τῶν
δικαίων τυχεῖν ὅσιον
ἀναγκασθήσονται πόλεμον ἐκφέρειν· καὶ μετὰ ταῦτα
τὸν ὕπατον ἀπέστειλαν. ὁ δὲ Γράγχος, ἐπειδὴ τοὺς
Ῥωμαίους προσιόντας ἔμαθεν, ἀναστήσας τὴν δύναμιν
ἀπῆγε προσωτέρω, τῶν πολεμίων ἐκ ποδὸς ἑπομένων,
βουλόμενος αὐτοὺς εἰς τοιαῦτα προαγαγέσθαι χωρία,
ἐν οἷς πλεονεκτήσειν ἔμελλεν· ὅπερ καὶ συνέβη. φυλάξας γὰρ αὐλῶνα
περικλειόμενον ὄρεσιν, ὡς ἐνέβαλον
εἰς τοῦτον οἱ Ῥωμαῖοι διώκοντες αὐτόν, ὑποστρέφει
τε καὶ στρατοπεδεύεται κατὰ τὴν ἐκ τοῦ αὐλῶνος ἔξω
φέρουσαν ὁδόν. ἐκ δὲ τούτου συνεβεβήκει τοῖς Ῥωμαίοις οὐχ ὃν ἐβούλοντο
ἐκλέξασθαι τόπον εἰς στρατοπεδείαν, ἀλλ´ ὃν ἔδωκεν αὐτοῖς ὁ καιρός, ἔνθα οὔθ´
ἵπποις χιλὸν εὔπορον ἦν λαμβάνειν, ὄρεσι περικλειομένου
τοῦ τόπου ψιλοῖς καὶ δυσβάτοις, οὔθ´ ἑαυτοῖς
τροφὰς ἐκ τῆς πολεμίας συγκομίζειν, ἐπειδὴ κατανάλωντο ἃς οἴκοθεν ἔφερον, οὔτε
μεταστρατοπεδεύσασθαι τῶν πολεμίων ἀντικαθημένων καὶ κωλυόντων
τὰς ἐξόδους. βιάσασθαί τε προελόμενοι καὶ προελθόντες εἰς μάχην ἀνεκρούσθησαν
καὶ πολλὰς πληγὰς
λαβόντες εἰς τὸν αὐτὸν κατεκλείσθησαν χάρακα. ὁ δὲ
Κοίλιος ἐπαρθεὶς τῷ προτερήματι τούτῳ περιετάφρευέ
τε αὐτοὺς καὶ περιεχαράκου καὶ πολλὰς ἐλπίδας εἶχε
λιμῷ πιεσθέντας παραδώσειν αὐτῷ τὰ ὅπλα. ἀφικομένης δ´ εἰς Ῥώμην περὶ τούτων
ἀγγελίας Κόιντος
Φάβιος ὁ καταλειφθεὶς ἐπὶ τῆς πόλεως ἔπαρχος ἀπὸ
τῆς σὺν αὐτῷ στρατιᾶς ὅσον ἦν ἀκμαιότατόν τε καὶ
κράτιστον ἐπιλέξας μέρος ἐπὶ συμμαχίαν ἔπεμψε τῷ
ὑπάτῳ. ἡγεῖτο δὲ τῆς δυνάμεως ταύτης Τίτος Κοίντιος ὁ ταμίας ἀνὴρ ὑπατικός. πρὸς
δὲ τὸν ἕτερον
τῶν ὑπάτων Ναύτιον ἐπὶ τῆς ἐν Σαβίνοις στρατιᾶς
ὄντα γράμματα διαπέμψας τά τε συμβάντα τῷ Μηνυκίῳ διεσάφησε καὶ αὐτὸν ἥκειν
ἠξίου διὰ ταχέων.
κἀκεῖνος ἐπιτρέψας τοῖς πρεσβευταῖς τὸν χάρακα φυλάττειν αὐτὸς σὺν ὀλίγοις
ἱππεῦσιν εἰς τὴν Ῥώμην
ἐλαύνει συντόνῳ χρησάμενος ἱππασίᾳ· εἰσελθὼν δ´ εἰς
τὴν πόλιν ἔτι πολλῆς νυκτὸς οὔσης ἐβουλεύετο σὺν
τῷ Φαβίῳ καὶ τῶν ἄλλων πολιτῶν τοῖς πρεσβυτάτοις,
ὅ τι χρὴ ποιεῖν. ἐπεὶ δὲ πᾶσιν ἐδόκει δικτάτορος
δεῖσθαι ὁ καιρός, ἀποδείκνυσιν ἐπὶ τὴν ἀρχὴν ταύτην
Λεύκιον Κοίντιον Κικιννάτον. καὶ αὐτὸς μὲν
ταῦτα διαπραξάμενος ᾤχετο πάλιν ἐπὶ τὸ στρατόπεδον,
| [10,23] VI. Les Romains quoique piqués d'une réponse si fière, ne suivirent pas d'abord le mouvement de leur colère pour mettre une armée en campagne. Ils envoyèrent à Gracchus une seconde ambassade accompagnée des personnes sacrées qu'on appelle Féciales, prenant les dieux et les génies à témoins que s'ils ne pouvaient obtenir justice, ils seraient obligés de se la faire par eux-mêmes dans une sainte et juste guerre.
VII. Après cette protestation, le consul eut ordre d'ouvrir la campagne. Gracchus informé que l'armée Romaine venait à lui, décampe aussitôt; et voyant que les ennemis le suivent de fort près, il s'avance plus loin. Son dessein était de les attirer dans quelque endroit où il pût avoir l'avantage. Ce stratagème lui réussit en effet. Il aperçoit un vallon fort étroit et entouré de montagnes de toutes parts : c'est par là qu'il prend sa route. Il remarque que les Romains s'y sont engagés en le poursuivant avec trop d'ardeur : il tourne tête et se poste dans le chemin par lequel on sort de la vallée. Les Romains ainsi enfermés, ne sont plus maîtres du terrain. Ils n'ont point à choisir, il faut de nécessité qu'ils campent dans un lieu désavantageux. Ce poste était très incommode. Serrés de toutes parts par des montagnes stériles et escarpées, ils manquaient de fourrage pour leurs chevaux. Ils avaient consumé toutes les vivres qu'ils avaient apportés avec eux : il n'y avait pas moyen d'en tirer du pays ennemi, ni même de décamper, toutes les avenues étaient occupées, l'ennemi fermait les passages. Il n'y avait point d'autre remède que de se faire jour par la force, ce fut le parti qu'ils prirent. Ils se rangent en bataille, et s'avancent pour livrer le combat. Mais ils sont repoussés avec perte, et chargés de blessures l'ennemi les contraint de se retirer dans leur premier poste. Ce succès enfle le courage de Cloelius; il,{les} enferme d'un fossé et d'une palissade, il se flatte enfin de les réduire par la famine, à mettre bas les armes pour de rendre à discrétion.
VIII. Ces fâcheuses nouvelles portées à Rome, Quintus Fabius qui y était resté en qualité de gouverneur de la ville, détache la fleur de ses troupes, et les envoie au secours du consul sous le commandement de Titus Quintius questeur et homme consulaire En même temps il écrit à Nautius l'autre consul, qui était dans le pays des Sabins avec son armée : il lui mande l'état où de trouve Minucius, et le prie de venir en diligence. Sur cette nouvelle, Nautius laisse la garde du camp à ses lieutenants. Il part avec une partie de sa cavalerie, il vient à Rome à grandes journées, et arrive chez Fabius pendant les ténèbres de la nuit. Ils tiennent conseil avec les plus anciens citoyens sur l'état des affaires : on opine à créer un dictateur. Nautius nomme à cette dignité Lucius Cincinnatus, après quoi il retourne à son camp.
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