[10,2] Τότε δ´ αὐτὸ παραλαβόντες οἱ περὶ Αὖλον
Οὐεργίνιον δήμαρχοι τελειῶσαι ἐβούλοντο· ἵνα δὲ μὴ
τοῦτο γένοιτο μηδὲ κατὰ νόμους ἀναγκασθεῖεν πολιτεύεσθαι, πάντα
ἐπιμηχανώμενοι διετέλουν οἵ τε ὕπατοι
καὶ ἡ βουλὴ καὶ τῶν ἄλλων πολιτῶν οἱ πλεῖστον ἐν
τῇ πόλει δυνάμενοι· βουλαί τε πολλαὶ καὶ ἐκκλησίαι
συνεχεῖς ἐγίνοντο πεῖραί τε παντοῖαι ταῖς ἀρχαῖς κατ´
ἀλλήλων, ἐξ ὧν οὐκ ἄδηλον ἅπασιν ἦν, ὅτι μεγάλη
τις καὶ ἀνήκεστος ἐξ ἐκείνης τῆς φιλονεικίας ἀναστήσεται τῇ πόλει συμφορά.
συνήπτετο δὲ τοῖς ἀνθρωπίνοις λογισμοῖς καὶ τὰ θεῖα δείματα προσγενόμενα,
ὧν ἔνια οὔτ´ ἐν δημοσίαις εὑρίσκετο γραφαῖς οὔτε
κατ´ ἄλλην φυλαττόμενα μνήμην οὐδεμίαν. ὅσα μὲν
γὰρ ἐν οὐρανῷ σέλα φερόμενα καὶ πυρὸς ἀνάψεις ἐφ´
ἑνὸς μένουσαι τόπου γῆς τε μυκήματα καὶ τρόμοι
συνεχεῖς ἐγίνοντο, μορφαί τ´ εἰδώλων ἄλλοτ´ ἀλλοῖαι
δι´ ἀέρος φερόμεναι καὶ φωναὶ ταράττουσαι διάνοιαν
ἀνθρώπων, καὶ πάντα ὅσα τούτοις ὅμοια συνέπιπτεν,
εὑρίσκετο καὶ πάλαι ποτὲ γεγονότα ἧττον τε καὶ
μᾶλλον· οὗ δὲ ἄπειροί τε καὶ ἀνήκοοι ἔτι ἦσαν καὶ
ἐφ´ ᾧ μάλιστα ἐταράχθησαν, τοιόνδ´ ἦν· νιφετὸς ἐξ
οὐρανοῦ κατέσκηψεν εἰς γῆν πολὺς οὐ χιόνα καταφέρων,
ἀλλὰ σαρκῶν θραύσματα ἐλάττω τε καὶ μείζω.
τούτων τὰ μὲν πολλὰ μετάρσια προσπετόμεναι πτηνῶν
ὅσαι εἰσὶν ἀγέλαι τοῖς στόμασιν ἥρπαζον, τὰ δ´ ἐπὶ
τὴν γῆν ἐνεχθέντα ἐν αὐτῇ τε τῇ πόλει καὶ κατὰ
τοὺς ἀγροὺς μέχρι πολλοῦ χρόνου κείμενα ἦν οὔτε
χρόαν μεταβάλλοντα, οἵαν ἴσχουσι παλαιούμεναι σάρκες,
οὔτε σηπεδόνι διαλυόμενα, ὦζέ τε ἀπ´ αὐτῶν οὐδὲν
πονηρόν. τοῦτο τὸ τέρας οἱ μὲν ἐπιχώριοι μάντεις
οὐχ οἷοί τ´ ἦσαν συμβαλεῖν· ἐν δὲ τοῖς Σιβυλλείοις
εὑρέθη χρησμοῖς, ὅτι πολεμίων ἀλλοεθνῶν παρελθόντων
εἰς τὸ τεῖχος ἀγὼν ὑπὲρ ἀνδραποδισμοῦ
καταλήψεται τὴν πόλιν, ἄρξει δὲ τοῦ πρὸς τοὺς
ἀλλοεθνεῖς πολέμου στάσις ἐμφύλιος, ἣν χρῆν ἀρχομένην ἐξελαύνοντας ἐκ τῆς
πόλεως καὶ θεοὺς παραιτουμένους θυσίαις τε καὶ εὐχαῖς ἀποτρέψαι τὰ δεινά· καὶ
κρείττους ἔσεσθαι τῶν ἐχθρῶν. ὡς δ´ ἐξηνέχθη ταῦτ´
εἰς τὸ πλῆθος, ἱερὰ μὲν πρῶτον ἔθυσαν, οἷς ἡ τούτων
ἐπιμέλεια ἀνέκειτο, θεοῖς ἐξακεστηρίοις τε καὶ ἀποτροπαίοις,
ἔπειτα συναχθέντες εἰς τὸ βουλευτήριον οἱ
σύνεδροι παρόντων καὶ τῶν δημάρχων ὑπὲρ ἀσφαλείας
τε καὶ σωτηρίας τῆς πόλεως ἐσκόπουν.
| [10,2] Sous le consulat de Volumnius et de Sulpicius, Aulus Virginius et les autres tribuns ses collègues, réveillèrent l'affaire, et voulurent la terminer entièrement. Les consuls, le sénat et les citoyens les plus puissants, remuèrent ciel et terre pour faire échouer leur entreprise, de peur d'être eux-mêmes contraints d'administrer la république selon les lois. Le sénat fit à ce sujet plusieurs délibérations, on tenait continuellement des assemblées ; les magistrats des deux factions n'oubliaient rien pour avoir le dessus. Déjà personne ne doutait que de pareilles intrigues ne causassent enfin quelques maux irrémédiables.
IV. Ces conjectures furent appuyés par des signes divins qui parurent d'autant plus terribles que quelques-uns n'étaient point marqués dans les registres publics, et que de mémoire d'homme on n'en avait jamais vu de semblables. Les feux qui couraient dans l'air, ou qui restaient dans l'endroit où ils s'étaient allumés, les mugissements et les continuels tremblements de terre, les spectres qu'on voyait voltiger, tantôt sous une forme, tantôt sous une autre, les voix effrayantes qu'on entendait de toutes parts et plusieurs autres prodiges, troublaient les cœurs des mortels. On trouvait néanmoins qu'il en était déjà arrivé autrefois de semblables, et qu'il n'y avait que du plus ou du moins. Mais ce qui suivit ces premiers signes, était absolument sans exemple : on n'avait jamais vu ni entendu rien de pareil: l'épouvante et l'alarme de répandirent partout. Il tomba d'en haut une quantité affreuse, non pas de neige, mais de morceaux de chair, les uns plus gros, les autres plus petits : on voyait dans l'air une bande d'oiseaux de toutes les espèces, qui fondant sur cette proie, en enlevaient une partie avec leur bec : ce qui tomba à terre, tant dans la ville, que dans les campagnes, y demeura longtemps, sans changer ni de couleur ni d'odeur, sans s'en aller par
pourriture comme les vieilles chairs, et sans même sentir mauvais.
V. Les devins du pays ne purent donner l'explication de ce prodige. Mais on trouva dans les oracles des Sibylles, que quand des ennemis venus d'un pays étranger entreraient dans Rome, les citoyens combattraient pour défendre leur liberté, et pour n'être pas réduits sous l'esclavage : que ce malheur commencerait par une sédition intestine, qu'il fallait que les Romains l'étouffassent dans ses commencements et que s'ils avaient soin d'apaiser les dieux par des vœux et par des sacrifices, outre qu'ils détourneraient de dessus leurs têtes la tempête qui les menaçait, ils remporteraient une glorieuse victoire sur leurs ennemis.
CHAPITRE SECOND.
I. Dès que ces oracles furent divulgués parmi le peuple, ceux qui étaient chargés des fonctions de la religion commencèrent à offrir des sacrifices aux dieux, qui détournent les maux publics et qui préservent des malheurs dont on est menacé. Ensuite le sénat s'assembla avec les tribuns, afin de prendre des mesures pour le salut de la république.
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