[7,70] Ἐπεὶ δὲ κατὰ τοῦτο γέγονα τῆς ἱστορίας
τὸ μέρος, οὐκ οἴομαι δεῖν τὰ περὶ τὴν ἑορτὴν ἐπιτελούμενα ὑπ´
αὐτῶν παρελθεῖν, οὐχ ἵνα μοι χαριεστέρα
γένηται προσθήκας λαβοῦσα θεατρικὰς καὶ λόγους
ἀνθηροτέρους ἡ διήγησις, ἀλλ´ ἵνα τῶν ἀναγκαίων τι
πιστώσηται πραγμάτων, ὅτι τὰ συνοικίσαντα ἔθνη τὴν
Ῥωμαίων πόλιν Ἑλληνικὰ ἦν ἐκ τῶν ἐπιφανεστάτων
ἀποικισθέντα τόπων, ἀλλ´ οὐχ ὥσπερ ἔνιοι νομίζουσι
βάρβαρα καὶ ἀνέστια· ὑπεσχόμην γὰρ ἐπὶ τῷ τέλει τῆς
πρώτης γραφῆς, ἣν περὶ τοῦ γένους αὐτῶν συνταξάμενος
ἐξέδωκα, μυρίοις βεβαιώσειν τεκμηρίοις τὴν
πρόθεσιν, ἔθη καὶ νόμιμα καὶ ἐπιτηδεύματα παλαιὰ
παρεχόμενος αὐτῶν, ἃ μέχρι τοῦ κατ´ ἐμὲ φυλάττουσι
χρόνου, οἷα παρὰ τῶν προγόνων ἐδέξαντο· οὐχ ἡγούμενος
ἀποχρῆν τοῖς ἀναγράφουσι τὰς ἀρχαίας καὶ τοπικὰς ἱστορίας, ὡς
παρὰ τῶν ἐπιχωρίων αὐτὰς παρέλαβον,
ἀξιοπίστως διελθεῖν, ἀλλὰ καὶ μαρτυριῶν οἰόμενος αὐταῖς δεῖν
πολλῶν καὶ δυσαντιλέκτων, εἰ μέλλουσι πισταὶ
φανήσεσθαι. ἐν αἷς πρῶτα καὶ κυριώτατα πάντων
εἶναι πείθομαι τὰ γινόμενα καθ´ ἑκάστην πόλιν περὶ
θεῶν καὶ δαιμόνων πατρίους σεβασμούς. ταῦτα γὰρ ἐπὶ
μήκιστον χρόνον διὰ φυλακῆς ἔχει Ἑλλάς τε καὶ βάρβαρος χώρα,
καὶ οὐθὲν ἀξιοῖ καινοτομεῖν εἰς αὐτὰ ὑπὸ
δείματος κρατουμένη μηνιμάτων δαιμονίων. μάλιστα
δὲ τοῦτο πεπόνθασιν οἱ βάρβαροι διὰ πολλὰς αἰτίας,
ἃς οὐ καιρὸς ἐν τῷ παρόντι λέγειν, καὶ χρόνος οὐθεὶς
μέχρι τοῦ παρόντος ἀπομαθεῖν ἢ παρανομῆσαί τι περὶ
τοὺς ὀργιασμοὺς τῶν θεῶν ἔπεισεν οὔτ´ Αἰγυπτίους
οὔτε Λίβυας οὔτε Κελτοὺς οὔτε Σκύθας οὔτ´ Ἰνδοὺς
οὔτ´ ἄλλο βάρβαρον ἔθνος οὐδὲν ἁπλῶς· εἰ μή τινες
ὑφ´ ἑτέρων ἐξουσίᾳ ποτὲ γενόμενοι τὰ τῶν κρατησάντων
ἠναγκάσθησαν ἐπιτηδεύματα μεταλαβεῖν. τῇ δὲ
Ῥωμαίων πόλει τοιαύτης οὐδέποτε πειραθῆναι συνέβη
τύχης, ἀλλ´ αὐτὴ τὰ δίκαια τάττει διὰ παντὸς ἑτέροις.
εἰ δὴ βάρβαρον αὐτῶν τὸ γένος ἦν, τοσούτου ἂν ἐδέησαν αὐτοὶ τὰ
πατρῷα ἱερὰ καὶ τοὺς ἐπιχωρίους ἐθισμοὺς ἀπομαθεῖν, δι´ οὓς εἰς
τοσαύτην προῆλθον εὐδαιμονίαν, ὥστε καὶ τοῖς ἄλλοις ἅπασιν,
ὧν ἦρχον, ἐν
καλῷ κατέστησαν τοὺς θεοὺς τοῖς σφετέροις τιμᾶν νομίμοις· καὶ
οὐθὲν ἂν ἐκώλυσεν ἅπαν ἐκβεβαρβαρῶσθαι
τὸ Ἑλληνικὸν ὑπὸ Ῥωμαίων ἑβδόμην ἤδη κρατούμενον
ὑπ´ αὐτῶν γενεάν, εἴπερ ἦσαν βάρβαροι.
| [7,70] CHAPITRE TREIZIEME.
I. PUISQUE j'en suis à ce point de l'histoire, je crois qu'il ne faut pas
omettre ce que les Romains pratiquaient dans ces sortes de fêtes. Mon
dessein n'est pas d'égayer mon discours par cette digression comme par
une pièce de théâtre, ni de faire une narration en termes plus fleuris : je
veux seulement prouver un fait important, savoir que les premiers peuples
qui ont habité la ville de Rome, étaient Grecs d'origine et des colonies
sorties de pays fameux, et non pas des barbares et des vagabonds,
comme quelques écrivains l'ont prétendu. Sur la fin du premier livre que
j'ai composé touchant leur origine, j'ai promis d'établir ce point par une
infinité de preuves, en rapportant les lois, les mœurs, et les anciennes
coutumes qu'ils retiennent encore de notre temps telles qu'ils les ont
reçues de leurs ancêtres. D'ailleurs je suis persuadé qu'il ne suffit pas à
ceux qui écrivent les antiquités de quelque nation, de rapporter ce qu'ils
en savent sur la foi des naturels du pays, mais qu'il leur faut outre cela
plusieurs preuves irréfragables s'ils veulent trouver quelque créance dans
l'esprit des lecteurs. Entre toutes ces preuves, les premières et les plus
convaincantes sont celles qui se tirent des cérémonies que chaque ville
pratique dans le culte des dieux et des génies. En effet, il y a déjà fort
longtemps que les Grecs et les Barbares conservent toujours le même
culte, et ils n'est rien où ils souffrent moins d'altération, dans la crainte de
s'attirer la colère des dieux. Les Barbares surtout s'en sont tenus
scrupuleusement aux anciennes coutumes pour plusieurs raisons qu'il
n'est pas temps de rapporter maintenant : et jusqu'aujourd'hui jamais rien
n'a pu engager les Egyptiens, les peuples de la Lybie, les Celtes, les
Scythes, les Indiens, ni aucune nation barbare à oublier les cérémonies
de leurs dieux ou à y faire des changements, à moins que quelques-uns
deux n'aient été subjugués par d'autres peuples et contraints de se
conformer aux usages et coutumes des vainqueurs. Mais les Romains
n'ont jamais été dans cette dure nécessité : accoutumés à donner la loi
aux autres nations, ils ne l'ont jamais reçue de qui que ce soit. Si donc ils
étaient Barbares d'origine, loin de changer leur premier culte de religion,
et les anciennes coutumes de leur pays qui les avaient élevés à un si haut
point de prospérité, ils se seraient fait un devoir d'introduire leurs
cérémonies et les sacrifices de leurs dieux chez les nations qu'ils avaient
soumises à leur obéissance, et si on les suppose originairement
Barbares, rien ne les aurait empêché de rendre Barbares tous les peuples
de la Grèce qu'ils tiennent sous leur empire depuis sept générations.
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