[7,28] Ἡ μὲν ὑπὲρ τῆς σιτοδείας ἀπολογία πάνυ
βραχεῖά ἐστιν, ὦ δημόται, καὶ οὐκ ἄλλους τινὰς παρεξόμεθα ὧν
ἂν λέγωμεν ἢ ὑμᾶς μάρτυρας. τήν τε γὰρ
ἀφορίαν τῶν σιτικῶν καρπῶν ἐπίστασθε δήπου καὶ
αὐτοὶ διὰ τὸν ἐκλειφθέντα σπόρον γενομένην· τήν τ´
ἄλλην καταφθορὰν τῆς χώρας οὐ παρ´ ἑτέρων ὑμᾶς
δεῖ μαθεῖν, ἀφ´ ἧς αἰτίας συνέβη, καὶ ὡς τελευτῶσα
ἡ πλείστη τε καὶ ἀρίστη γῆ πάντων ἐσπάνικε καρπῶν
τε καὶ ἀνδραπόδων καὶ βοσκημάτων τὰ μὲν ὑπὸ τῶν
πολεμίων διαρπαζομένη, τὰ δ´ ὑμῖν μὴ ἐπιχορηγοῦσα
τοσούτοις οὖσι καὶ μηδεμίαν ἄλλην ἀποστροφὴν ἔχουσιν.
ὥστ´ οὐκ ἐξ ὧν οἱ δημαγωγοὶ διαβάλλουσιν, ἀλλ´ ἐξ
ὧν αὐτοὶ ἴστε, τὸν λιμὸν ἡγούμενοι γεγονέναι παύσασθε
προσάπτοντες ἐπιβουλὴν ἡμετέραν τῷ πάθει καὶ
δι´ ὀργῆς ἔχοντες ἡμᾶς οὐθὲν ἀδικοῦντας. αἱ δ´ ἀποστολαὶ τῶν
κληρούχων ἐκ τοῦ ἀναγκαίου ἐγένοντο,
κοινῇ δόξαν ὑμῖν ἅπασι διὰ φυλακῆς ἔχειν χωρία εἰς
πόλεμον ἐπιτήδεια, καὶ μεγάλα ὤνησαν ἐν καιρῷ σφόδρα
ἀναγκαίῳ γενόμεναι τούς τ´ ἐξιόντας καὶ τοὺς
ὑπολειπομένους ὑμῶν. οἱ μὲν γὰρ ἀφθονωτέρων εὐποροῦσιν
ἐκεῖ τῶν ἐπιτηδείων· οἱ δ´ ἐνθάδε ὑπομείναντες ἧττον
σπανίζουσι τῆς ἀγορᾶς· ἥ τ´ ἰσομοιρία
τῆς τύχης, ἧς μετέσχομεν ὑμῖν τοῖς δημοτικοῖς οἱ πατρίκιοι
κλήρῳ ποιησάμενοι τὴν ἔξοδον, οὐ ψέγεται.
| [7,28] « Pour ce qui regarde la cherté des vivres, nous n'avons, Romains,
que deux mots à répondre, et nous ne citerons point d'autres témoins que
vous-mêmes. Vous n'ignorez pas que si les terres n'ont produit point de
grains, c'est qu'on a négligé de les ensemencer à l'ordinaire : il n'est pas
besoin que d'autres vous apprennent d'où procède la désolation des
campagnes, ni pourquoi, malgré leur bonté et leur grande étendue, on n'y
trouve ni blés, ni esclaves, ni troupeaux. Vous savez que les ennemis en
ont ravagé la plus grande partie, qu'elles ne suffisent pas pour la
nourriture de tant de citoyens qui n'ont point d'autres provisions d'ailleurs.
Convenez donc que la cause de la famine n'est pas telle que vos orateurs
vous le font entendre, mais qu'elle vient de ce que vous savez vous-mêmes :
cessez d'imputer vos malheurs à nos prétendues embûches,
cessez de nous faire des reproches que nous ne méritons pas. Au reste,
nous avons envoyé des colonies, c'est la nécessité qui nous y a obligés,
et nous ne l'avons fait, que parce que vous avez tous jugé d'une
commune voix, qu'il était à propos de s'emparer par de bonnes garnisons,
de ces places si commodes pour la guerre. Souvenez-vous aussi des
tristes circonstances où nous avons pris le parti d'envoyer ces colonies :
c'était un temps de nécessité, de famine, de disette, et ce démembrement
a été aussi utile à ceux qui les composent, qu'à vous-mêmes qui êtes
restés ici : ils ont toutes choses en abondance dans leur nouvel
établissement ; et vous qui êtes restés à Rome, vous vous trouvez moins
pressés par la famine. Enfin vous ne pouvez nous faire aucun reproche
là-dessus, puisque les patriciens ont participé à la même fortune que les
plébéiens, tirant au sort aussi bien qu'eux pour être de la colonie.
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