[6,93] Ὁ δὲ Μάρκιος ὁ πρῶτος καὶ πρὸ πολλῶν
ὑποστὰς τοὺς πολεμίους καὶ λαμπρότατος ἁπάντων
γενόμενος Ῥωμαίων ἔν τε τῇ τειχομαχίᾳ καὶ τοῖς
ἐντὸς τείχους ἀγῶσι, λαμπρότερος ἐν τῷ δευτέρῳ ἀγῶνι
τῷ πρὸς τοὺς Ἀντιάτας συστάντι ἐφάνη. οὐδὲ γὰρ
ταύτης ἐδικαίωσεν ἀπολειφθῆναι τῆς μάχης, ἀλλ´ ἅμα
τῷ κρατηθῆναι τὴν πόλιν ὀλίγους τοὺς ἀκολουθῆσαι
δυνηθέντας ἐπαγόμενος ἐχώρει δρόμῳ, καὶ καταλαβὼν
παρατεταγμένας ἤδη τὰς δυνάμεις καὶ μελλούσας εἰς
χεῖρας ἰέναι, τήν τε ἅλωσιν τῆς πόλεως πρῶτος ἀναγγέλλει
τοῖς σφετέροις, τεκμήριον αὐτῆς ἀποδεικνὺς τὸν
καπνόν, ὃς ἀπὸ τῶν ἐμπρησθεισῶν οἰκιῶν πολὺς ἐφέρετο,
καὶ δεηθεὶς τοῦ ὑπάτου κατὰ τὸ καρτερώτατον
τῶν πολεμίων εἱλεῖτο. καὶ ἐπειδὴ τὰ σημεῖα ἤρθη
τῆς μάχης, πρῶτος ὁμόσε τοῖς ἐναντίοις ἐχώρει καὶ
πολλοὺς τῶν εἰς χεῖρας ἐλθόντων ἀποκτείνας εἰς μέσην
αὐτῶν τὴν φάλαγγα ὠθεῖται. οἱ δ´ Ἀντιάται
συστάδην μὲν οὐκέτι μάχεσθαι πρὸς αὐτὸν ὑπέμενον,
ἀλλ´ ἐξέλειπον τὰς τάξεις καθ´ οὓς γένοιτο ἐπιών, κύκλῳ δὲ
περιίσταντο ἀθρόοι καὶ ἔβαλλον ὑποχωροῦντες
ἐπιόντα τε καὶ ἑπόμενον. ὁ δὲ Πόστουμος ὡς ἔγνω
τοῦτο, δείσας μή τι μονωθεὶς ὁ ἀνὴρ πάθῃ, τοὺς κρατίστους
τῶν νέων ἀρωγοὺς αὐτῷ πέμπει· κἀκεῖνοι
ποιήσαντες πυκνοὺς τοὺς λόχους ἐμβάλλουσι τοῖς πολεμίοις.
οὐ δεξαμένων δ´ αὐτοὺς τῶν κατὰ μέτωπον,
ἀλλ´ εἰς φυγὴν τραπέντων, προσωτέρω προχωροῦντες
εὑρίσκουσι τὸν Μάρκιον τραυμάτων μεστὸν καὶ περὶ
αὐτὸν ὁρῶσι νεκρούς τε κειμένους πολλοὺς καὶ ἡμιθανεῖς.
μετὰ τοῦτ´ ἤδη κοινῶς ἐχώρουν ἡγεμόνα τὸν
Μάρκιον ἔχοντες ἐπὶ τοὺς ἔτι διαμένοντας ἐν τάξει,
κτείνοντες τοὺς ὑφισταμένους καὶ ὥσπερ ἀνδραπόδοις
παραχρώμενοι. ἄξιοι μὲν δὴ λόγου καὶ οἱ ἄλλοι Ῥωμαῖοι ἐν
ταύτῃ τῇ μάχῃ ἐγένοντο, κράτιστοι δ´ αὐτῶν
οἱ προασπίσαντες τὸν Μάρκιον· ὑπὲρ ἅπαντας δ´ αὐτὸς
ὁ Μάρκιος, ὃς καὶ τῆς νίκης ἀναμφιλόγως αἰτιώτατος
ἦν. ἐπεὶ δὲ συνεσκόταζεν ἤδη, οἱ μὲν Ῥωμαῖοι ἀνεχώρουν ἐπὶ
τὸ στρατόπεδον μέγα ἐπὶ τῇ νίκῃ φρονοῦντες καὶ πολλοὺς
μὲν ἀνῃρηκότες τῶν Ἀντιατῶν, πολλοὺς δ´ αἰχμαλώτους ἄγοντες.
| [6,93] Marcius qui avait été le premier à repousser les ennemis et qui s'était
signalé au-dessus de tous les autres tant à l'attaque des murailles qu'au
combat qu'on avait livré dans la ville, donna encore des marques plus
éclatantes de sa valeur dans une seconde bataille contre les Antiates, car
il voulut aussi avoir part à cette action. Dès qu'on eut emporté la ville
d'assaut, prenant avec lui une poignée de soldats qu'il trouva disposés à
le suivre, il court promptement à la rencontre des troupes d'Antium, qui
étaient déjà en ordre de bataille et toutes prêtes à en venir aux mains.
Marcius est le premier à annoncer aux Romains la prise de la ville, dont il
leur donne des preuves en leur montrant la fumée des maisons qui
brûlaient, et après avoir obtenu la permission du consul, il attaque les
ennemis par l'endroit le plus fort.
IX. Aussitôt qu'on a levé l'étendard du combat il fond le premiers sur
eux, il en tue un grand nombre, il se fait jour à travers les rangs et pénètre
jusqu'au corps de bataille. Les Antiates ne font plus assez hardis pour se
mesurer de près avec lui. Partout où Marcius porte ses pas, les ennemis
reculent, et chacun abandonne son poste. Ils se rallient néanmoins en
grande foule pour l'envelopper, mais tout ce qu'ils peuvent faire est de se
battre en retraite en lui cédant toujours le terrain. Alors Postumus qui
craignait que ce brave Romain ne fût enfin accablé par la multitude si on
le laissait tout seul, envoie à son secours l'élite de ses troupes, avec ordre
de se tenir serrées et de tomber de front sur les Antiates. Ces soldats
pleins d'audace jettent le désordre partout, du premier choc ils mettent
l'ennemi en fuite, et s'étant ouvert un passage à travers les rangs ils
trouvent Marcius couvert de blessures, environné d'un grand nombre
d'ennemis, dont les uns étaient étendus morts sur le champ de bataille, et
les autres étaient sur le point d'expirer. Ce spectacle les anime ; ils se
joignent à leurs camarades, ayant Marcius à leur tête, ils tombent sur les
Antiates qui faisaient encore bonne contenance, ils rengagent le combat
avec une nouvelle fureur, et passent au fil de l'épée comme de vils
esclaves tous ceux qui osent leur résister. Entre plusieurs Romains, qui
se distinguèrent dans cette journée, les plus, braves furent ceux qu'on
envoya au secours de Marcius : mais celui-ci effaça tous les autres par sa
bravoure, et fut sans contredit la principale cause de la victoire Comme la
nuit commençait à répandre les ténèbres, les Romains se retirèrent dans
leur camp, tout glorieux de leur avantage, laissant le champ de bataille
couvert des corps des Antiates, et menant avec eux un grand nombre de
prisonniers de guerre.
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