[6,92] Καταλιπὼν δὲ κἂν ταύτῃ βραχεῖαν τῆς
στρατιᾶς μοῖραν ἕνεκα φυλακῆς, τῇ κατόπιν ἡμέρᾳ
τὴν δύναμιν ἀναλαβὼν προῆγεν ἐπὶ Κοριόλαν, πόλιν
ἐπιφανῆ σφόδρα καὶ ὥσπερ ἂν μητρόπολιν τῶν
Οὐολούσκων· ἔνθα καὶ δύναμις ἦν συνειλεγμένη καρτερὰ
καὶ τὸ τεῖχος οὐ ῥᾴδιον ἁλῶναι τά τε πρὸς τὸν πόλεμον
ἐπιτήδεια παρεσκευασμένα τοῖς ἔνδον ἐκ πολλοῦ.
ἐπιχειρήσας δὲ τῇ τειχομαχίᾳ μέχρι δείλης ὀψίας
ἀποκρούεται πρὸς τῶν ἐναντίων πολλοὺς τῶν οἰκείων
ἀπολέσας. τῇ δ´ ἑξῆς ἡμέρᾳ κριούς τε καὶ γέρρα καὶ κλίμακας
εὐτρεπισάμενος παρεσκευάζετο μὲν ὡς ἁπάσῃ
τῇ δυνάμει πειρασόμενος τῆς πόλεως, ἀκούσας δ´ ὅτι
πολλῇ χειρὶ μέλλουσιν Ἀντιάται βοηθεῖν τοῖς Κοριολανοῖς
κατὰ τὸ συγγενὲς καὶ εἰσὶν οἱ πεμφθέντες ἐν
ὁδῷ ἤδη, μερίσας τὸν ἑαυτοῦ στρατὸν τῷ μὲν ἡμίσει
τειχομαχεῖν ἔγνω Τῖτον Λάρκιον ἐπ´ αὐτοῦ καταλιπών,
τῷ δὲ λοιπῷ κωλύειν τοὺς ἐπιόντας διενοεῖτο. καὶ
γίνονται δύο τῆς αὐτῆς ἡμέρας ἀγῶνες· Ῥωμαῖοι δ´
ἐνίκων ἁπάντων μὲν προθύμως ἀγωνισαμένων, ἑνὸς
δ´ ἀνδρὸς ἄπιστον ἀρετὴν καὶ παντὸς λόγου κρείττονας
ἀποδειξαμένου πράξεις, ὃς ἦν μὲν ἐκ τοῦ γένους τῶν
πατρικίων καὶ οὐκ ἀσήμων πατέρων, ἐκαλεῖτο δὲ Γάιος
Μάρκιος, σώφρων δὲ τὸν καθ´ ἡμέραν βίον ἀνὴρ καὶ
φρονήματος ἐλευθέρου μεστός. ἐγένετο δ´ ὁ τρόπος
τῆς ἑκατέρας μάχης τοιόσδε· ὁ μὲν Λάρκιος ἐξαγαγὼν
τὴν στρατιὰν ἅμ´ ἡμέρᾳ προσῆγε τοῖς τείχεσι τῆς Κοριόλας
καὶ κατὰ πολλοὺς τόπους ἐποιεῖτο τὰς προσβολάς·
οἱ δὲ Κοριολάνοι μέγα φρονοῦντες ἐπὶ τῇ παρὰ
τῶν Ἀντιατῶν βοηθείᾳ, ἣν οὐ διὰ μακροῦ σφίσι παρέσεσθαι
ἐπίστευον, ἀνοίξαντες ἁπάσας τὰς πύλας ὥρμησαν ἐπὶ τοὺς
πολεμίους ἀθρόοι. Ῥωμαῖοι δὲ τὴν
μὲν πρώτην ἔφοδον αὐτῶν ἐδέξαντο καὶ πολλὰς πληγὰς τοῖς
ὁμόσε χωροῦσιν ἔδοσαν, ἔπειτα πλειόνων
ἐπιόντων ὠθούμενοι κατὰ πρανοῦς χωρίου ἐνέκλιναν.
τοῦτο κατιδὼν ὁ Μάρκιος, ὑπὲρ οὗ πρότερον ἔφην,
ἵσταται σὺν ὀλίγοις καὶ δέχεται τὸ ἐπιφερόμενον τῶν
πολεμίων στῖφος· καταβαλὼν δὲ συχνοὺς αὐτῶν, ὡς
ἐνέκλιναν οἱ λοιποὶ καὶ πρὸς τὴν πόλιν ἔφευγον, ἠκολούθει
κτείνων ἀεὶ τοὺς ἐν χερσὶ καὶ ἐπικελευόμενος
τοῖς φεύγουσι τῶν σφετέρων ἀναστρέφειν τε καὶ θαρρεῖν καὶ
αὑτῷ ἕπεσθαι. οἱ δ´ αἰδεσθέντες ἐπὶ τῷ ἔργῳ
ἀνέστρεφον αὖθις καὶ τοῖς καθ´ ἑαυτοὺς ἐπέκειντο παίοντες
καὶ διώκοντες, καὶ δι´ ὀλίγου χρόνου τοὺς συμπλακέντας
ἕκαστοι τρεψάμενοι προσέκειντο τοῖς τείχεσι· καὶ
ὁ Μάρκιος θρασύτερον ἤδη κινδυνεύων προσωτέρω
μᾶλλον ἐχώρει καὶ πρὸς αὐταῖς γενόμενος ταῖς πύλαις
συνεισέπιπτε τοῖς φεύγουσιν εἰς τὸ τεῖχος. συνεισπεσόντων
δ´ αὐτῷ καὶ ἄλλων συχνῶν κατὰ πολλὰ
μέρη τῆς πόλεως φόνος ἐγίνετο ἐξ ἀμφοῖν πολύς· τῶν
μὲν ἀνὰ τοὺς στενωπούς, τῶν δὲ περὶ ταῖς ἁλισκομέναις
οἰκίαις μαχομένων. συνελάμβανον δὲ τοῦ ἔργου
τοῖς ἔνδον καὶ γυναῖκες ἀπὸ τῶν τεγῶν βάλλουσαι
τοὺς πολεμίους τοῖς καλυπτῆρσι, καὶ καθ´ ὅσον ἑκάστῳ
τις ἰσχὺς καὶ δύναμις ἦν προθύμως ἐβοήθουν τῇ πατρίδι. οὐ
μέντοι ἐπὶ πολύν γε χρόνον τοῖς δεινοῖς
ἀντεῖχον, ἀλλ´ ἠναγκάσθησαν παραδιδόναι σφᾶς αὐτοὺς
τοῖς κεκρατηκόσι. τοῦτον δὲ τὸν τρόπον ἁλούσης τῆς
πόλεως οἱ μὲν ἄλλοι Ῥωμαῖοι πρὸς ἁρπαγὴν τῶν
ἐγκαταληφθέντων ἐτράποντο καὶ μέχρι πολλοῦ διετέλουν
προσκείμενοι ταῖς ὠφελείαις χρημάτων τε πολλῶν
ὑπαρχόντων ἐν τῷ χωρίῳ καὶ ἀνδραπόδων,
| [6,92] Il laissa aussi dans cette place une petite partie de son
armée en garnison.
II. LE lendemain il partit avec le reste de ses troupes pour attaquer
Coriole, ville très célèbre, et en quelque manière la métropole et la
capitale des Volsques. Elle avait une forte garnison, de bonnes murailles
difficiles à escalader et elle s'était garnie de longue-main des provisions
nécessaires pour la guerre. Le consul entreprit de lui donner l'attaque
jusqu'à la nuit : mais il fut repoussé par les assiégés avec grande perte
des siens.
III. Le lendemain s'étant fourni de béliers, de mantelets, de claies, et
d'échelles, il se disposait à l'attaquer avec toutes ses troupes : mais ayant
appris que les Antiates devaient venir au secours des habitants de Coriole
leurs parents et leurs alliés, et qu'ils étaient même déjà en marche avec
un puissant renfort, il partagea son armée en deux parties égales, dont il
en laissa une sous le commandement de Titus Largius pour continuer le
siège, et avec le reste il résolut d'aller à la rencontre des Antiates pour
leur fermer le passage. Ce même jour il se donna deux combats où les
Romains remportèrent la victoire. Tous leurs soldats s'y battirent avec
beaucoup d'ardeur.
IV. UN Romain entre autres donna dans ces deux actions des
preuves d'une valeur incroyable, et fit des prodiges de bravoure qui
surpassent toutes nos expressions. Il était de famille patricienne, et tirait
son origine d'ancêtres fort illustres. Il s'appelait Caius Marcius : c'était un
homme distingué entre tous les Romains par sa vie frugale, par ses
bonnes mœurs et par sa grandeur d'âme. Voici ce qui se passa dans les
deux combats,
V. LARGIUS fait avancer ses troupes dès le point du jour, il donne
l'attaque aux murailles de Coriole, et tente en plusieurs endroits de faire
brèche. Les assiégés pleins de courage dans l'espérance que les secours
des Antiates arriveraient bientôt, ouvrent toutes leurs portes et font une
irruption générale sur l'ennemi. Les Romains soutiennent leur premier
choc et en blessent plusieurs. Mais accablés par des troupes toutes
fraîches qui sortaient continuellement de la ville en plus grand nombre, ils
lâchent pied et sont repoussés dans un endroit qui allait en penchant.
VI. MARCIUS dont je viens de parler, voyant que les Romains sont
enfoncés et qu'ils ont du pire, fait face avec une poignée de soldats et
soutient tout l'effort des ennemis. Après en avoir tué un grand nombre, il
met les autres en fuite, il les poursuit à toute outrance, il fait un horrible
carnage de tous ceux qui tombent sous sa main, criant aux Romains qui
fuyaient, de tourner tête, de reprendre courage et de le suivre. Les
fuyards saisis de honte et ranimés par son exemple, reviennent à la
charge, tuent tout ce qui se présente devant eux, et après avoir taillée en
pièces ceux qu' osent leur résister, ils poursuivent les autres et les
mènent battant jusqu'aux murailles de la ville.
VII. ALORS Marcius reprend un nouveau courage, il affronte les plus
grands périls, et s'avançant jusqu'aux portes de Coriole il entre dans la
ville avec les fuyards. Plusieurs soldats animés par son exemple, s'y
glissent aussi par différents endroits. Le combat se rallume, et il se fait un
horrible carnage. Les uns combattent dans les carrefours, les autres
autour de leurs maisons que l'ennemi veut forcer. Les femmes mêmes
prêtent main-forte aux bourgeois : montées sur les toits, elles font pleuvoir
la tuile et les pierres sur l'ennemi ; chacun emploie avec ardeur tout ce
qu'il a de forces pour secourir la patrie qui est à deux doits de sa ruine.
Mais quelque courage que montraient les assiégés, ils ne purent pas
résister longtemps : il fallut enfin céder, et tous furent contraints de se
rendre à la merci des vainqueurs. La ville prise de la manière que nous
avons dit, la plupart des Romains ne songèrent plus qu'à la piller, et
comme elle était remplie d'argent, de richesses et d'esclaves, il y eut de
quoi les occuper fort longtemps.
VIII. Pendant que ceux-ci restaient à Coriole occupés au pillage,
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