[6,9] Καὶ τόδε, ὦ πολῖται, τοῦ μήτ´ ὀρρωδεῖν
μήτ´ ἐκτρέπεσθαι τὰ δεινὰ μέγιστον παρακέλευσμα,
ὅτι πάντες οἱ πρωτεύοντες τοῦ βουλευτικοῦ συνεδρίου
πάρεισιν, ὥσπερ ὁρᾶτε, κοινὰς ὑμῖν ποιησόμενοι τὰς
τοῦ πολέμου τύχας, οἷς ἀφεῖσθαι στρατείας ὅ τε χρόνος
ὁ τῆς ἡλικίας ἀποδέδωκε καὶ ὁ νόμος. οὐκοῦν
αἰσχρὸν μὲν ὑμᾶς τοὺς ἐν ἀκμῇ φεύγειν τὰ δεινά,
τούτους δὲ τοὺς ὑπὲρ ἡλικίαν διώκειν, καὶ τὸ μὲν τῶν
γερόντων πρόθυμον, ἐπεὶ οὐκ ἀποκτεῖναί τινα δύναται
τῶν πολεμίων, ἀποθνήσκειν γε ὑπὲρ τῆς πατρίδος ἐθέλειν,
τὸ δ´ ὑμέτερον ἀκμάζον, οἷς ἔξεστιν εὐτυχήσασι
μὲν ἀμφότερα σῶσαι καὶ νικᾶν ἀσφαλῶς, εἰ δὲ καὶ
μὴ μετὰ τοῦ δρᾶσαί τι γενναῖον καὶ παθεῖν, μήτε
τῆς τύχης πεῖραν λαβεῖν, μήτε τὴν τῆς ἀρετῆς δόξαν
καταλιπεῖν; οὐ πρὸς ὑμῶν, ὦ ἄνδρες Ῥωμαῖοι, τὰ μὲν
πολλὰ ὑπάρχειν καὶ θαυμαστὰ ἔργα παρ´ ἑτέροις, οὓς
οὐδεὶς ὑμνήσει λόγος ἀξίως; πολλὰς δὲ καὶ περιβοήτους
πράξεις οἰκείας τὸ ἐξ ὑμῶν καρπώσεται γένος,
ἢν τοῦτον ἔτι κατορθώσητε τὸν πόλεμον. ἵνα δὲ καὶ
τοῖς τὰ κράτιστα ὑμῶν ἐγνωκόσι τὸ γενναῖον μὴ ἀκερδὲς
γένηται καὶ τοῖς πέρα τοῦ δέοντος τὰ δεινὰ πεφοβημένοις μὴ
ἀζήμιον ᾖ, πρὶν εἰς ταῦτα ἐλθεῖν, οἵων
ἑκατέροις συμβήσεται τυχεῖν, ἀκούσατέ μου. ᾧ μὲν
ἄν τι καλὸν ἢ γενναῖον ἐν τῇ μάχῃ διαπραξαμένῳ
μαρτυρήσωσιν οἱ τὰ ἔργα συνειδότες τάς τ´ ἄλλας
ἀποδώσω παραχρῆμα τιμάς, ἃς ἐκ τῶν πατρίων ἑκάστοις
ἐθισμῶν ὑπάρχει φέρεσθαι, καὶ γῆς ἔτι προσθήσω
κλῆρον, {ἐξ} ἧς κέκτηται τὸ δημόσιον, ἱκανὸν ποιῆσαι
ὡς μηδενὸς τῶν ἀναγκαίων δεηθῆναι· ᾧ δ´ ἂν ἡ κακὴ
καὶ θεοβλαβὴς διάνοια φυγῆς ἀσχήμονος ἐπιθυμίαν
ἐμβάλῃ, τούτῳ τὸν φευγόμενον ἀγχοῦ παραστήσω θάνατον·
κρείττων γὰρ ἂν ἑαυτῷ τε καὶ τοῖς ἄλλοις γένοιτο {ὁ} τοιοῦτος
πολίτης ἀποθανών· καὶ περιέσται
τοῖς οὕτως ἀποθανοῦσι μήτε ταφῆς μήτε τῶν ἄλλων
νομίμων μεταλαβεῖν, ἀλλ´ ἀζήλοις ἀκλαύστοις ὑπ´ οἰωνῶν
τε καὶ θηρίων διαφορηθῆναι. ταῦτα δὴ προεγνωκότες ἴτε
προθύμως ἅπαντες ἐπὶ τὸν ἀγῶνα, λαβόντες
καλὰς ἐλπίδας ἔργων καλῶν ἡγεμόνας, ὡς ἐν ἑνὶ
τῷδε κινδύνῳ τὸ κράτιστον καὶ κατ´ εὐχὴν ἅπασι τέλος
λαβόντι τὰ μέγιστα ἕξοντες ἀγαθά, φόβου τυράννων
ὑμᾶς αὐτοὺς ἐλευθερώσοντες, πόλει τῇ γειναμένῃ τροφείων
δικαίας ἀπαιτούσῃ χάριτας ἀποδώσοντες, παῖδας,
ὅσοις εἰσὶν ὑμῶν ἔτι νήπιοι, καὶ γαμετὰς γυναῖκας οὐ
περιοψόμενοι παθεῖν πρὸς ἐχθρῶν ἀνήκεστα, γηραιούς
τε πατέρας τὸν ὀλίγον ἔτι χρόνον ἥδιστον βιῶναι
παρασκευάσοντες. ὦ μακάριοι μέν, οἷς ἂν ἐκγένηται
τὸν ἐκ τοῦδε τοῦ πολέμου θρίαμβον καταγαγεῖν,
ὑποδεχομένων ὑμᾶς τέκνων καὶ γυναικῶν καὶ πατέρων·
εὐκλεεῖς δὲ καὶ ζηλωτοὶ τῆς ἀρετῆς οἱ τὰ σώματα
χαριούμενοι τῇ πατρίδι. ἀποθανεῖν μὲν γὰρ ἅπασιν
ἀνθρώποις ὀφείλεται, κακοῖς τε καὶ ἀγαθοῖς· καλῶς
δὲ καὶ ἐνδόξως μόνοις τοῖς ἀγαθοῖς.
| [6,9] XI. Ajoutons à cela un nouveau motif qui doit vous engager à mettre
bas toute crainte et à affronter les plus grands dangers. Vous voyez ici
tous les principaux sénateurs qui vous donnent l'exemple. Ils veulent
partager avec vous les fatigues et les périls de la guerre, quoique les lois
et leur âge les exemptent de porter les armes. Ne serait-il pas honteux
pour vous qui êtes dans la fleur de votre jeunesse, de fuir les dangers
pendant que ces vieillards s'y exposent. Ils sont prêts à mourir
courageusement pour leur patrie s'ils ne peuvent pas vaincre et tuer ceux
qui en veulent à sa liberté ? Après ces beaux exemples, vous qui êtes
forts et vigoureux, vous qui pouvez défendre votre vie et remporter une
victoire glorieuse pour peu que le succès réponde à votre grand cœur, ou
au moins signaler votre courage et mourir les armes à la main si les
destins vous sont contraires, balancerez vous davantage à tenter la
fortune du combat pour immortaliser votre nom ? D'autres avant vous
n'ont-ils pas fait des actions admirables qui ne cesseront jamais d'être
louées ? N'avez- vous pas donné vous-mêmes des exemples d'une valeur
extraordinaire, dont vos descendants profiteront si vous y ajoutez encore
la gloire d'avoir terminé courageusement cette guerre ?
XII. Mais afin que les gens de cœur ne perdent pas l'espérance
d'être récompensés et que ceux qui craignent trop de périls ne se
promettent pas l'impunité, apprenez avant que de combattre à quoi les
uns et les autres doivent s'attendre. Celui qui se sera distingué dans le
combat par quelque belle action dont il puisse citer des témoins, outre les
honneurs que les lois de la patrie rendent au mérite d'un chacun, je lui
donnerai une portion des terres du public qui suffira pour sa subsistance
le reste de ses jours. Mais pour ceux qui prendront honteusement la fuite
par une lâcheté indigne, je leur ferai souffrir la mort qu'ils auront voulu,
éviter, car la république n'a pas besoin de semblables citoyens, et il leur
est plus utile à eux-mêmes de mourir que de vivre. Pour comble
d'ignominie on les laissera en proie aux bêtes sauvages et aux oiseaux,
sans qu'il soit permis ni de les pleurer, ni de les ensevelir, ni de leur
rendre les derniers devoirs. Sur ces avertissements, allez tous de bon
cœur au combat. Prenez l'espérance pour guide de vos actions, et soyez
persuadés que le succès répond à votre courage dans cette occasion
décisive, il vous en reviendra les plus grands avantages. Vous vous
affranchirez de la crainte des tyrans ; vous marquerez à la ville de Rome
une vive reconnaissance de l'éducation dont vous lui êtes redevables,
vous défendrez vos femmes et vos petits enfants de l'insulte des ennemis ;
enfin vous procurerez à vos pères l'avantage de passer le reste de leurs
jours dans une agréable tranquillité. O ! quel bonheur pour vous, de vous
en retourner de cette campagne triomphants, parmi les acclamations de
vos enfants, de vos femmes et de vos pères ; quelle gloire d'avoir
prodigué vos corps pour la patrie ! La mort est inévitable pour tous les
hommes, les bons et les méchants, les braves et les lâches doivent subir
l'arrêt prononcé : Mais il n'y a que les gens de bien et les hommes
courageux qui meurent avec honneur. »
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