[6,8] Εἰ δέ τινες ὑμῶν ταῦτα μὲν ὀρθῶς εἰρῆσθαι
νομίζουσιν, ὀρρωδοῦσι δὲ τὸ τῶν ἀντιπολεμίων
πλῆθος, βραχείᾳ διδαχῇ μαθέτωσαν τὰ μὴ δεινὰ δεδιότες,
μᾶλλον δ´ ἀναμνήσει· πρῶτον μὲν ἐνθυμηθέντες,
ὅτι πλεῖόν ἐστιν ἐν αὐτοῖς τὸ ἠναγκασμένον
τὰ ὅπλα καθ´ ἡμῶν ἀναλαβεῖν, ὡς ἐκ πολλῶν ἡμῖν
ἔργων τε καὶ λόγων ἐδήλωσε, τὸ δ´ ἑκούσιόν τε καὶ
ἐκ προθυμίας ὑπὲρ τῶν τυράννων ἀγωνιζόμενον πάνυ
ὀλίγον, μᾶλλον δὲ πολλοστὸν μέρος τι τοῦ ἡμετέρου·
ἔπειθ´ ὅτι τοὺς πολέμους ἅπαντας οὐχ οἱ πλείους τοῖς
ἀριθμοῖς κατορθοῦσιν, ἀλλ´ οἱ κρείττους ἀρετῇ. πολὺ
ἂν ἔργον εἴη παραδείγματα φέρειν, ὅσα βαρβάρων τε
καὶ Ἑλλήνων στρατεύματα ὑπερβαλόντα πλήθει μικραὶ
πάνυ κατηγωνίσαντο δυνάμεις, οὕτως ὥστε μηδὲ πιστοὺς
εἶναι τοῖς πολλοῖς τοὺς περὶ αὐτῶν λόγους. ἐῶ
τἆλλα· ἀλλ´ ὑμεῖς αὐτοὶ πόσους κατωρθώκατε πολέμους
μετ´ ἐλάττονος ἢ ὅσης νῦν ἔχετε δυνάμεως μείζοσιν ἢ
τοσαύταις παρασκευαῖς πολεμίων ἀντιταχθέντες; φέρε, ἀλλὰ
τοῖς μὲν ἄλλοις φοβεροὶ διατελεῖτε
ὄντες ὧν ἐκρατεῖτε μαχόμενοι, Λατίνοις δ´ ἄρα τούτοις
καὶ τοῖς συμμάχοις αὐτῶν Οὐολούσκοις εὐκαταφρόνητοι, διὰ
τὸ μὴ πειραθῆναί ποτε αὐτοὺς τῆς ὑμετέρας
μάχης; ἀλλὰ πάντες ἴστε, ὅτι ταῦτ´ ἀμφότερα τὰ ἔθνη
πολλαῖς ἐνίκων μάχαις οἱ πατέρες ἡμῶν. ἆρ´ οὖν
λόγον ἔχει τὰ μὲν τῶν κρατηθέντων πράγματα ἐπὶ
ταῖς τοιαύταις συμφοραῖς κρείττονα εἶναι, τὰ δὲ τῶν
κεκρατηκότων ἐπὶ ταῖς τηλικαύταις εὐπραγίαις χείρονα;
καὶ τίς ἂν τοῦτο φήσειε νοῦν ἔχων; θαυμάσαιμι δ´
ἄν, εἴ τις ὑμῶν τὸ μὲν τῶν πολεμίων πλῆθος, ἐν ᾧ
βραχὺ τὸ γενναῖόν ἐστιν, ὀρρωδεῖ, τῆς δ´ οἰκείας δυνάμεως
οὕτω πολλῆς καὶ ἀγαθῆς οὔσης καταφρονεῖ,
ἧς οὔτ´ ἀρετῇ κρείττων οὔτ´ ἀριθμῷ πλείων συνηνέχθη
ποτὲ ἡμῖν ἐν οὐδενὶ τῶν πρὸ τούτου πολέμων δύναμις.
| [6,8] X. QUE s'il y en a parmi vous, qui quoique convaincus de ce que
j'avance, ne laissent pas d'être toujours effrayés par le grand nombre des
ennemis, il ne faut que deux mots pour leur faire voir, ou plutôt pour les
faire souvenir, que leur crainte est mal fondée et qu'ils redoutent ce qui
n'est pas à appréhender. Faites d'abord réflexion que la plupart des Latins
n'ont pris les armes contre nous que parce qu'on les y a forcés : leur
conduite et leurs discours en sont une preuve évidente. Faites aussi
attention au petit nombre de ceux qui combattent d'eux-mêmes et de
bonne volonté pour le rétablissement des tyrans, et vous verrez qu'il
n'égale pas la moindre partie de notre armée. Enfin soyez persuadés que
ce n'est pas le grand nombre des soldats, mais la valeur, qui décide du
gain d'une bataille. Ce serait trop entreprendre, que de vous rapporter ici
combien de fois parmi les Grecs et les Barbares, les armées les plus
nombreuses ont été défaites par d'autres qui étaient inférieures en
nombre : ce qu'on en dit paraît même incroyable à bien du monde. Mais
sans chercher des exemples étrangers, en combien de guerres n'avez-vous
pas vous mêmes défait des ennemis beaucoup plus puissants que
ceux-ci avec moins de troupes que vous n'en avez présentement ? Mais
me direz-vous, les autres ennemis que nous avons vaincus, nous
craignaient et redoutaient notre valeur : Les Latins au contraire et les
Volsques leurs alliés, nous méprisent, parce qu'ils ont déjà éprouvé nos
forces dans les combats. Quoi donc ne savez-vous pas tous que nos
pères ont vaincu ces deux nations dans plusieurs batailles ? peut-on dire
que la condition des vaincus vaut mieux après de semblables échecs que
celle des vainqueurs après tant d'heureuses réussites ? y-a-t-il homme
de bon sens qui puisse parler de la sorte? Je serais bien surpris,
Romains, qu'il se trouvât quelqu'un d'entre vous qui redoutât la multitude
des ennemis parmi lesquels il y a peu de braves gens, et qui au contraire
méprisât notre armée, la plus nombreuse et la mieux fournie de bons
soldats que nous ayons jamais eue dans toutes les guerres précédentes.
|