[6,10] Ἔτι δ´ αὐτοῦ λέγοντος τὰ εἰς τὸ γενναῖον ἐπαγωγὰ
θάρσος τι δαιμόνιον ἐμπίπτει τῇ στρατιᾷ, καὶ
ὥσπερ ἐκ μιᾶς ψυχῆς ἅπαντες ἀνεβόησαν ἅμα· Θάρσει
τε καὶ ἄγε. καὶ ὁ Ποστόμιος ἐπαινέσας τὸ πρόθυμον
αὐτῶν καὶ τοῖς θεοῖς εὐξάμενος, ἐὰν εὐτυχὲς καὶ καλὸν
τέλος ἀκολουθήσῃ τῇ μάχῃ, θυσίας τε μεγάλας
ἀπὸ πολλῶν ἐπιτελέσειν χρημάτων καὶ ἀγῶνας
καταστήσεσθαι πολυτελεῖς, οὓς ἄξει ὁ Ῥωμαίων δῆμος ἀνὰ
πᾶν ἔτος, ἀπέλυσεν ἐπὶ τὰς τάξεις. ὡς δὲ τὸ σύνθημα
τὸ παρὰ τῶν ἡγεμόνων παρέλαβον καὶ τὰ παρακλητικὰ
τῆς μάχης αἱ σάλπιγγες ἐνεκελεύσαντο, ἐχώρουν
ἀλαλάξαντες ὁμόσε, πρῶτον μὲν οἱ ψιλοί τε καὶ ἱππεῖς
ἀφ´ ἑκατέρων, ἔπειθ´ αἱ πεζαὶ φάλαγγες ὁπλισμούς τε
καὶ τάξεις ὁμοίας ἔχουσαι· καὶ γίνεται πάντων ἀναμὶξ
μαχομένων καρτερὸς ἀγὼν καὶ ἐν χερσὶ πᾶσα
ἡ μάχη. ὡς δὲ πολὺ τὸ παράλογον ἀμφοτέροις τῆς
δόξης ἦν· οὐδέτεροι γὰρ ἐλπίσαντες μάχης δεήσειν
σφίσιν, ἀλλὰ τῇ πρώτῃ ἐφόδῳ τοὺς πολεμίους ὑπολαβόντες
φοβήσειν, Λατῖνοι μὲν τῷ πλήθει τῆς σφετέρας ἵππου
πιστεύσαντες, ἧς οὐδὲ τὸ ῥόθιον ᾤοντο
τοὺς Ῥωμαίους ἱππεῖς ἀνέξεσθαι, Ῥωμαῖοι δὲ τῷ τολμηρῶς
καὶ ἀπερισκέπτως ἐπὶ τὰ δεινὰ χωροῦντες καταπλήξεσθαι
τοὺς πολεμίους· ταῦτα ὑπὲρ ἀλλήλων
καταδοξάσαντες ἐν ἀρχαῖς τἀναντία ἑώρων γινόμενα. οὐκέτι
δὲ τὸ τῶν ἀντιπολεμίων δέος, ἀλλὰ τὸ ἴδιον θάρσος ἑκάτεροι
τοῦ τε σωθήσεσθαι καὶ τοῦ νικήσειν αἴτιον σφίσι
νομίσαντες ἀγαθοὶ μαχηταὶ καὶ ὑπὲρ δύναμιν ἐφάνησαν.
ἐγίνοντο δὲ ποικίλαι καὶ ἀγχίστροφοι περὶ αὐτοὺς
αἱ τοῦ ἀγῶνος τύχαι.
| [6,10] XIII. Pendant qu'il parlait encore, les troupes animées d'un courage
tout divin s'écrièrent d'une voix unanime: "Fiez-vous à nous, Postumius, et
menez-nous au combat.» Alors le général ayant loué leur ardeur, adressa
sa prière aux dieux. Il fit vœu qu'en cas qu'il sortît victorieux du combat, il
leur offrirait de somptueux sacrifices, et qu'il instituerait de magnéfiques
jeux que le peuple Romain célébrerait tous les ans, puis il renvoya les
soldats à leurs postes.
XIV. Aussitôt qu'ils eurent reçu de leurs commandants le mot du guet
et que les trompettes eurent sonné la charge, ils tombèrent sur l'ennemi
avec de grands cris. L'infanterie légère et la cavalerie, tant des Romains
que des Latins, donna le premier assaut. Ensuite marcha le corps de
bataille composé de l'infanterie pesamment armée. Tous étaient équipés
et rangés de la même manière. Le premier choc fut sanglant, les deux
armées se mêlèrent et combattirent vigoureusement de main à main et
corps à corps. Ni les uns ni les autres ne s'étaient attendus à un combat si
acharné : chacun s'était flatté d'épouvanter l'ennemi dès le premier choc.
Les Latins se fiant sur la multitude de leur cavalerie, espéraient que dès
qu'elle donnerait, elle enfoncerait celle des Romains. Les Romains de leur
côté croyaient que leur intrépidité à affronter les dangers jetterait la terreur
parmi les troupes Latines. Mais les uns et les autres se voyant trompés
dans leur attente, et ne mettant plus l'espérance de leur salut et de la
victoire dans l'épouvante des ennemis, mais dans leur propre valeur, ils
se battirent avec une ardeur incroyable.
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