[6,88] Ὁ μὲν οὖν δῆμος ὡς τούτων ἤκουσε,
μεγάλῃ βοῇ καὶ μέχρι πολλοῦ κατεχούσῃ τόν τε ἄνδρα
ἐπῄνει, καὶ τοὺς πρεσβευτὰς παρεκάλει συγχωρῆσαι
σφίσι καὶ τοῦτο. οἱ δὲ πρέσβεις μεταστάντες ἐκ τῆς
ἐκκλησίας καὶ διαλεχθέντες ὀλίγα πρὸς ἀλλήλους παρῆσαν
οὐ διὰ μακροῦ. σιωπῆς δὲ γενομένης παρελθὼν
ὁ Μενήνιος εἶπε· Τὸ μὲν πρᾶγμα, ὦ δημόται, μέγα
καὶ πολλῶν μεστὸν ὑποψιῶν ἀτόπων· δέος τε καὶ φροντὶς
ἡμᾶς εἰσέρχεται, μή ποτε δύο πόλεις ποιήσωμεν ἐν
μιᾷ· πλὴν τό γ´ ἐφ´ ἡμῖν εἶναι μέρος οὐδὲ πρὸς ταύτην
ἐναντιούμεθα τὴν δέησιν ὑμῶν. τοῦτο μέντοι
χαρίσασθε ἡμῖν, ὃ καὶ ὑπὲρ ὑμῶν ἐστιν· ἐπιτρέψατε
τῶν πρεσβευτῶν τισιν εἰς τὴν πόλιν ἀφικομένοις δηλῶσαι τῇ
βουλῇ ταῦτα· καὶ γὰρ εἰ τὴν ἐξουσίαν παρ´
αὐτῆς ἔχομεν, ὅπως ἂν βουλώμεθα, ποιήσασθαι τὰς
διαλλαγὰς αὐτοκράτορες ὄντες τῶν ὑποσχέσεων, αὐτοί
γέ τοι λαβεῖν τοῦτ´ οὐ δικαιοῦμεν, ἀλλ´ ἐπειδὴ παρὰ
δόξαν ἡμῖν ἀπήντηται πρᾶγμα καινόν, ἀφελόμενοι τὴν
ἰδίαν ἐξουσίαν τῷ συνεδρίῳ φέροντες ἀναθήσομεν·
πεπείσμεθα μέντοι κἀκείνῳ ταὐτὰ δόξειν ἅπερ ἡμῖν.
ἐγὼ μὲν οὖν ἐνθάδε μενῶ καὶ σὺν ἐμοί τι μέρος τῆς
πρεσβείας, Οὐαλέριος δὲ πορεύσεται καὶ οἱ λοιποὶ σὺν
αὐτῷ. ἐδόκει ταῦτα· καὶ κατὰ σπουδὴν ἀναβάντες ἐπὶ
τοὺς ἵππους ἤλαυνον εἰς τὴν πόλιν οἱ μέλλοντες δηλώσειν τῇ
βουλῇ τὰ γενόμενα. προθέντων δὲ τῶν
ὑπάτων λόγον τοῖς συνέδροις, Οὐαλερίου μὲν ἦν γνώμη
διδόναι καὶ ταύτην τῷ δήμῳ τὴν χάριν· Ἄππιος δέ,
ὅσπερ ἐξ ἀρχῆς ἠναντιοῦτο ταῖς διαλλαγαῖς, καὶ τότε
ἐκ τοῦ φανεροῦ ἀντέλεγε βοῶν καὶ θεοὺς ἐπιμαρτυρόμενος
καί, ὅσων μέλλοι σπέρμα κακῶν βαλεῖν, τῇ πολιτείᾳ
προλέγων. ἀλλ´ οὐκ ἔπειθε τοὺς πολλοὺς ὡρμηκότας, ὥσπερ
εἶπον, διαλύσασθαι τὴν στάσιν. γίνεται
δὴ ψήφισμα τῆς βουλῆς, τά τε ἄλλα, ὅσα οἱ πρέσβεις
ὑπέσχοντο τῷ δήμῳ, πάντα εἶναι κύρια, καὶ τὴν ἀσφάλειαν,
ἣν ᾐτεῖτο, ἐπιτρέπειν. ταῦθ´ οἱ πρέσβεις διοικησάμενοι τῇ
κατόπιν ἡμέρᾳ παρῆσαν ἐπὶ τὸ στρατόπεδον
καὶ τὰ δόξαντα τῇ βουλῇ διεσάφησαν. μετὰ τοῦτο
Μενηνίου παραινέσαντος τοῖς δημόταις ἀποστεῖλαί τινας
εἰς τὴν πόλιν, οἷς ἡ βουλὴ τὰ πιστὰ δώσει, πέμπεται
Λεύκιος Ἰούνιος Βροῦτος, ὑπὲρ οὗ πρότερον εἴρηκα,
καὶ σὺν αὐτῷ Μάρκος Δέκιος καὶ Σπόριος Ἰκίλιος.
τῶν δὲ παρὰ τῆς βουλῆς ἀφιγμένων οἱ μὲν ἡμίσεις
ἅμα τοῖς περὶ τὸν Βροῦτον εἰς τὴν πόλιν ὑπέστρεψαν,
Ἀγρίππας δὲ μετὰ τῶν λοιπῶν κατέμεινεν ἐπὶ τοῦ
στρατοπέδου διαγράψαι παρακληθεὶς τὸν νόμον τοῖς
δημοτικοῖς καθ´ ὃν ἀποδείξουσι τὰς ἀρχάς.
| [6,88] Le peuple ayant entendu la requête de Brutus, applaudit à son
orateur par des acclamations qui durèrent longtemps, puis il pressa
fortement les députés de lui accorder encore ce dernier article.
XI. Sur cette nouvelle demande, les ambassadeurs se retirèrent de
l'assemblée pour délibérer . ils revinrent ensuite, après avoir conféré un
moment entre eux. Tout le monde ayant fait silence, Menenius s'avança
au milieu de l'assemblée et répondit en ces termes.
« La proposition que vous nous faites, plébéiens, est de la dernière
conséquence. Elle me paraît remplie de plusieurs soupçons des plus
absurdes, et je ne puis vous dissimuler l'embarras et la crainte où nous
sommes qu'un jour nous ne fassions deux villes dans une. Cependant,
autant qu'il est en nous, nous ne serons point contraires à votre dernière
demande. Mais accordez-nous une chose qui fait pour vous. Permettez à
une partie de nos députés d'aller à Rome et de porter l'affaire au sénat.
Car quoique nous en ayons reçu un pouvoir absolu de faire la paix
comme nous voudrons et de vous promettre ce que nous jugerons à
propos, nous ne croyons pas devoir en user sur une proposition de cette
nature : et puisqu'il se rencontre une affaire toute nouvelle que nous
n'attendions point, nous la renvoyons au sénat comme si nous étions
dépouillés de nos pouvoirs. Au reste nous sommes bien persuadés qu'il
sera de notre sentiment. C'est pourquoi je demeurerai ici avec une partie
des députés, tandis que les autres avec Valerius iront rapporter l'affaire
au sénat. L'assemblée approuva cette proposition, et les ambassadeurs
montant aussitôt à cheval, allèrent promptement à Rome pour y faire leur
rapport sur ce qui s'était passé.
XII. Les consuls ayant opposé la chose au sénat, Valerius fut d'avis
d'accorder encore cette grâce au peuple. Mais Appius, qui dès le
commencement avait été contraire à la paix, s'opposa ouvertement à ce
que demandaient les plébéiens. Il cria fort haut contre l'avis qu'avait
ouvert Valelerius. Il prit les dieux à témoins y et il prédit aux sénateurs une
infinité de malheurs dont il prétendait qu'ils jetaient les semences. Mais il
ne put rien gagner, parce que, comme j'ai déjà dit, le plus grand nombre
des patriciens était porté pour la paix. Le sénat fit donc un décret, par
lequel il ratifiait tout ce que les députés avaient promis au peuple, et en
même temps il lui accordait cette dernière sûreté qu'il avait demandée.
Toutes choses ainsi réglées, le lendemain les ambassadeurs retournèrent
au camp, où ils déclarèrent les décisions du sénat.
XIII. APRES cela Menenius exhorte les plébéiens de députer à Rome
quelques-uns d'entre eux pour recevoir la foi du sénat. On y envoie Lucius
Junius Brutus, dont j'ai parlé ci-devant, avec Marius Decius et Spurius
Icilius. La moitié des députés du sénat vont aussi à Rome avec Brutus
tandis qu'Agrippa reste au camp avec les autres, parce que le peuple
l'avait prié de lui dresser la loi, suivant laquelle il devait créer ses
nouveaux magistrats.
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