[6,83] Ὡς δ´ ἐπαύσατο, πάντες οἱ παρόντες
ἐπεθορύβησαν ὡς τὰ δέοντα λελογισμένῳ συγκατατιθέμενοι
καὶ μετὰ τοῦτο ἡσυχίας γενομένης Μενήνιος
Ἀγρίππας, ὅσπερ καὶ τοὺς ἐν τῇ βουλῇ λόγους ὑπὲρ
τοῦ δήμου διέθετο καὶ τοῦ πεμφθῆναι τὴν αὐτοκράτορα
πρεσβείαν τὴν γνώμην ἀποφηνάμενος αἰτιώτατος ἦν,
διεσήμηνεν ὅτι βούλεται καὶ αὐτὸς εἰπεῖν. τοῖς
δὲ κατ´ εὐχὴν τὸ πρᾶγμα ἐφάνη καὶ νυνί γέ τοι λόγων
ὑπέλαβον ἀκούσεσθαι συμβάσεις ἀληθινὰς καὶ γνώμας
σωτηρίους ἀμφοῖν ἐχόντων. καὶ τὸ μὲν πρῶτον ἐπερρόθησαν
ἅπαντες βοῇ μεγάλῃ λέγειν κελεύοντες· ἔπειτα
ἐπέσχον, καὶ σιγὴ τοσαύτη κατέλαβε τὴν ἐκκλησίαν, ὥστε
μηθὲν διαλλάξαι τὸν τόπον ἐρημίας. ὁ δὲ τά τε ἄλλα,
ὡς οἷόν τε ἦν, πιθανωτάτοις ἔδοξε χρήσασθαι λόγοις
καὶ τοῦ βουλήματος τῶν ἀκουόντων ἐστοχασμένοις,
τελευτῶν δὲ τῆς δημηγορίας λέγεται μῦθόν τινα εἰπεῖν
εἰς τὸν Αἰσώπειον τρόπον συμπλάσας πολλὴν ὁμοιότητα
πρὸς τὰ πράγματα ἔχοντα, καὶ τούτῳ μάλιστ´ αὐτοὺς
ἑλεῖν· ὅθεν καὶ μνήμης ἀξιοῦται ὁ λόγος καὶ φέρεται
ἐν ἁπάσαις ταῖς ἀρχαίαις ἱστορίαις. ἦν δὲ τὰ λεχθέντα
ὑπ´ αὐτοῦ τοιάδε. Ἡμεῖς ἀπεστάλημεν ὑπὸ τῆς βουλῆς, ὦ
δημόται, πρὸς ὑμᾶς οὔτε ἀπολογησόμενοι ὑπὲρ
ἐκείνης οὔτε ὑμῶν κατηγορήσοντες· οὐ γὰρ ἐδόκει
ταῦτα καιρὸν ἔχειν οὐδ´ εἶναι ταῖς κατεχούσαις τὸ κοινὸν
τύχαις πρόσφορα· ἀλλὰ διαλύσοντες ἁπάσῃ προθυμίᾳ καὶ
μηχανῇ τὴν στάσιν καὶ καταστήσοντες εἰς
τὸν ἐξ ἀρχῆς κόσμον τὴν πολιτείαν, ἔχοντες δὲ τούτου
τὴν ἐξουσίαν αὐτοκράτορα. ὥστε περὶ μὲν τῶν δικαίων οὐδὲν
ἂν οἰόμεθα δεῖν, ὅπερ Ἰούνιος ἐποίησεν
οὑτοσί, εἰς μακρὸν ἐκμηκύνειν χρόνον· ἐφ´ οἷς δὲ
φιλανθρώποις διαλῦσαι τὴν στάσιν οἰόμεθα δεῖν, καὶ τίς ἡ
βεβαιώσουσα τὰς ὁμολογίας ἡμῶν ἔσται πίστις, περὶ τούτων,
ἃ διεγνώκαμεν, ἐροῦμεν πρὸς ὑμᾶς. ἡμῖν ἐνθυμουμένοις, ὅτι
πᾶσα θεραπεύεται στάσις ἐξ ἁπάσης πόλεως,
ὅταν ἐξαιρεθῶσιν αἱ παρασχοῦσαι τὴν διαφορὰν αἰτίαι,
ἀναγκαῖον ἔδοξεν εἶναι τὰς ἀρχηγοὺς τῆς διχοστασίας
προφάσεις γνῶναί τε καὶ παῦσαι. εὑρόντες δὲ τὰς
ἀποτόμους τῶν δανείων ἀναπράξεις τῶν παρόντων κακῶν
αἰτίας γεγονυίας, οὕτως αὐτὰς διορθούμεθα. τοὺς
ὀφείλοντας χρέα καὶ μὴ δυναμένους διαλύσασθαι πάντας
ἀφεῖσθαι τῶν ὀφλημάτων δικαιοῦμεν· καὶ εἴ τινων ἤδη τὰ
σώματα ὑπερημέρων ὄντων ταῖς νομίμοις
προθεσμίαις κατέχεται, καὶ ταῦτ´ ἐλεύθερα εἶναι κρίνομεν·
ὅσοι τε δίκαις ἁλόντες ἰδίαις παρεδόθησαν τοῖς
καταδικασαμένοις, καὶ τούτους ἐλευθέρους εἶναι βουλόμεθα,
καὶ τὰς καταγνώσεις αὐτῶν ἀκύρους ποιοῦμεν.
περὶ μὲν δὴ τῶν ἐκ τοῦ παρεληλυθότος χρόνου συμβολαίων,
ἃ τὴν ἀπόστασιν ἔδοξεν ἡμῖν ποιῆσαι, τοῦτον
ἐπανορθούμεθα τὸν τρόπον· περὶ δὲ τῶν ὕστερον
ἐσομένων, ὡς ἂν ὑμῖν τε τῷ δήμῳ καὶ τοῖς ἐκ τοῦ
συνεδρίου κοινῇ βουλευσομένοις φανῇ, νόμου κυρωθέντος,
οὕτως ἐχέτω. οὐχὶ ταῦτα μέντοι τὰ διαστήσαντα ὑμᾶς ἦν ἀπὸ
τῶν πατρικίων, ὦ δημόται, καὶ τούτων εἰ τύχοιτε ἀποχρῆν ὑμῖν
ᾤεσθε καὶ οὐδενὸς ἄλλου ὠρέγεσθε; δίδοται νῦν ὑμῖν· ἄπιτε ἤδη
χαίροντες εἰς τὴν πατρίδα.
| [6,83] Sicinnius ayant parlé de la sorte, tous les plébéiens firent assez voir par leurs murmures qu'ils approuvaient son conseil comme le plus raisonnable, et qu'ils entraient dans ses sentiments.
XXIII. LORSQU'ON eut fait silence, Menenius Agrippa, qui s'était
déclaré dans le sénat en faveur du peuple et qui avait ouvert l'avis de lui
envoyer une ambassade avec un plein pouvoir de ménager un
accommodement, témoigna par quelques signes qu'il voulait aussi parler
à son tour. Tout le monde en fut ravi, car on espérait qu'il ne manquerait
pas de proposer des conditions justes et d'ouvrir un avis salutaire aux
deux partis. D'abord l'assemblée témoigna par de grands cris qu'il pouvait
parler, et un moment après il se fit un si grand silence qu'il semblait qu'on
fut dans une véritable solitude.
CHAPITRE HUITIEME.
I. AGRIPPA fit au peuple un discours des plus persuasifs, tout à fait
proportionné à la portée et aux positions de ses auditeurs. On dit qu'il le
termina par une fable dans le goût de celles d'Esope, qui venait parfaitement
à son sujet, et que ce fut principalement par cet apologue qu'il persuada
le peuple. On l'a jugé digne d'être conservé à la postérité, et toutes les
anciennes histoires le rapportent avec éloge. Voici de quelle manière
parla cet illustre consul.
« Romains, le sénat ne nous a pas députés vers vous, pour faire son
apologie, ou pour vous accuser. Ce n'en est pas le temps, et d'ailleurs
cela ne servirait de rien pour remédier aux maux de la république. Nous
venons uniquement pour travailler avec toute l'ardeur possible et par
toutes sortes de voies, à arrêter les troubles et à rétablir les affaires du
gouvernement dans leur premier état. Nous avons un pouvoir absolu de
régler toutes choses ; ainsi il n'est pas nécessaire de perdre le temps à de
longs discours sur le droit et sur la justice, comme ce Junius vient de faire.
Il s'agit plutôt de vous expliquer à quelles conditions nous croyons qu'il
faut terminer nos différents, et par quels moyens on peut parvenir à une
réconciliation sincère et durable, il s'agit de vous donner des sûretés qui
répondent de nos conventions. Un peu d'attention et nous allons vous
faire part de nos résolutions.
II. Nous avons trouvé qu'il n'y a point de moyen plus efficace pour
apaiser les séditions dans quelque ville que ce peuple soit, que d'en
couper la racine. Il nous a donc paru nécessaire de rechercher la
principale cause des troubles qui règnent parmi nous, afin d'y remédier
efficacement. Après avoir mûrement examiné la chose, nous avons vu
que les cruelles exactions des créanciers étaient la véritable source des
malheurs qui nous accablent, et voici les remèdes que nous y apportons.
Tous ceux qui sont hors d'état de payer leurs dettes, nous croyons qu'il
est juste de leur en faire remise, et s'il y a quelques débiteurs arrêtés pour
n'avoir pas payé au jour de l'échéance, nous voulons leur rendre la liberté.
Nous accordons la même grâce à ceux contre qui les créanciers ont
obtenu des juges une prise de corps : nous les remettons en liberté et
nous cassons les sentences portées contre eux. Voila ce que nous avons
arrêté touchant les anciens contrats de dettes qui nous paraissent avoir
été causes de la sédition, c'est là tout le remède que nous y trouvons. A
l'égard des autres dettes qu'on pourra contracter dans la suite, ce sera à
vous, plébéiens, d'en juger avec les sénateurs, et ce que vous déciderez
ensemble aura force de loi. N'est-ce pas là ce qui fait le sujet de votre
querelle avec les patriciens ? N'est-ce pas là précisément ce que vous
souhaitiez? Navez-vous pas protesté que vous seriez entièrement
contents si on vous accordait ces articles, et que vous ne demandiez rien
davantage ? Hé bien, on vous les accorde aujourd'hui. Revenez-donc
avec joie dans votre patrie.
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