[6,82] Ὀλίγα δὲ τούτοις ἔτι προσθέντος τοῦ
Λαρκίου καὶ τῆς ἐπαναστάσεως αὐτῶν καὶ τῆς προπετείας
τῶν βουλευμάτων καθαψαμένου παραλαβὼν
τὸν λόγον ὁ τοῦ δήμου προεστηκὼς τότε Σικίννιος
ἔτι μᾶλλον ἐτράχυνε τὰς ὀργὰς αὐτῶν λέγων, ὡς ἐκ
τούτων ἂν δύναιντο μάλιστα τῶν λόγων καταμαθεῖν,
οἷαι τιμαὶ καὶ χάριτες αὐτοὺς ὑποδέξονται κατελθόντας εἰς
τὴν πατρίδα. οἷς γὰρ ἐν ἀκμῇ τῶν δεινῶν
οὖσι καὶ δεομένοις τῆς παρὰ τοῦ δήμου βοηθείας καὶ
ἐπὶ τοῦθ´ ἥκουσιν οὐδὲ νῦν ἐπέρχεται μετρίους καὶ
φιλανθρώπους ποιεῖσθαι λόγους, τίνα χρὴ δοκεῖν
παραστήσεσθαι διάνοιαν, ὅταν αὐτοῖς κατ´ ἐλπίδα χωρήσῃ
τὰ πράγματα, καὶ γένηται τὰ νῦν ὑβριζόμενα τοῖς λόγοις
ὑποχείρια τοῖς ἔργοις; ποίας ὑπερηφανίας αὐτοὺς
ἀφέξεσθαι, ποίας αἰκίας, ποίας ὠμότητος τυραννικῆς;
ἀλλ´ εἰ μὲν ὑμῖν ἀπόχρη δουλεύειν ἅπαντα τὸν τοῦ
βίου χρόνον δεδεμένοις καὶ μαστιγουμένοις καὶ πυρὶ
καὶ σιδήρῳ καὶ λιμῷ καὶ πάσῃ λώβῃ ἀπολλυμένοις, μὴ
τρίβετε τὸν χρόνον, ἀλλὰ τὰ ὅπλα ῥίψαντές τε καὶ τὼ
χεῖρε περιαγαγόντες ἀκολουθεῖτε αὐτοῖς· εἰ δὲ τῆς
ἐλευθερίας ἔνεστιν ὑμῖν τις πόθος, μὴ ἀνέχεσθε αὐτῶν.
ὑμεῖς τ´, ὦ πρέσβεις, ἢ λέγετε, ἐφ´ οἷς καλεῖτε
ἡμᾶς δικαίοις, ἢ μὴ λέγοντες ἐκ τῆς ἐκκλησίας ἄπιτε·
οὐ γὰρ ἂν ἔτι μεταδοίημεν ὑμῖν λόγου.
| [6,82] XXII. LARGIUS ayant encore ajouté quelque chose, commençait
déjà à parler de leur révolte et de la témérité de leur entreprise. Mais
Sicinnius, qui était alors le chef des plébéiens et qui leur servait d'avocat,
prit aussitôt la parole pour allumer de plus en plus la colère des mutins. Il
leur dit : Qu'ils pouvaient juger par les discours qu'on leur tenait, quels
honneurs et quelles grâces ils devaient espérer quand ils seraient de
retour dans leur patrie. Si dans un temps, ajouta-t-il, où les patriciens ont
tout à craindre et ne viennent ici que pour implorer le secours du peuple,
ils ne parlent pas même avec douceur et modération, quel traitement en
devons-nous attendre quand ils auront réussi dans leurs projets ! Ne
deviendront-ils pas tout autrement fiers et inhumains, lorsqu'ils auront en
leur puissance ceux qu'ils outragent aujourd'hui par leurs discours
insultants ? Avec quelle arrogance nous traiteront-ils ? Nous épargneront-ils
les coups et les tourments les plus terribles ? Leur cruauté ne leur fera-t-elle
pas imaginer de nouveaux supplices, et n'exerceront-ils pas sur
nous une tyrannie encore plus insupportable qu'auparavant ? C'est à vous
de voir ce que vous avez à faire. Voulez-vous vous résoudre à vivre dans
un continuel esclavage, à être enchaînés et battus de verges, à périr par
le feu ou par le fer, à souffrir la faim et tous les autres supplices : allez, ne
perdez point de temps, mettez bas les armes ; laissez-vous lier les mains
derrière le dos, et suivez ces tyrans impitoyables. Si au contraire vous
vous sentez encore quelque amour de la liberté, ne les souffrez pas plus
longtemps. Et vous qui êtes les députés du sénat, dites-nous à quelles
conditions vous nous rappelez : ou si vous ne le faites, retirez-vous de
cette assemblée, car nous ne voulons plus vous entendre.
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