HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Denys d'Halicarnasse, Les Antiquités romaines, livre VI (avec trad. française)

Chapitre 81

  Chapitre 81

[6,81] μὲν δὴ Βροῦτος τοιούτους εἰπὼν λόγους ἐπαύσατο· τοῖς δὲ παροῦσιν, ὅσα τε περὶ τῶν δικαίων εἶπεν, ἀληθῆ εἶναι ἐδόκει καὶ ὅσα τῆς ὑπεροψίας τοῦ συνεδρίου κατηγόρησε, μάλιστα δ´ ἐν οἷς τὸ ἀσφαλὲς τῶν ὁμολογιῶν δόλου μεστὸν ἀπεδείκνυε καὶ ἀπάτης. ἐπεὶ δὲ τὰς ὕβρεις τελευτῶν διῆλθεν, ἃς ἦσαν ὑβρισμένοι ὑπὸ τῶν δανειστῶν, καὶ τῶν οἰκείων ἕκαστον ἀνέμνησε κακῶν, οὐδεὶς ἦν στερρὸς οὕτω τὴν διάνοιαν, ὃς οὐκ ἐξεχεῖτο τοῖς δάκρυσι καὶ ἀνεκλαίετο τὰς κοινὰς συμφοράς· καὶ τοῦτ´ οὐκ αὐτοῖς μόνοις συνέβαινε παθεῖν, ἀλλὰ καὶ τοῖς παρὰ τῆς βουλῆς ἥκουσιν. οὐδὲ γὰρ οἱ πρέσβεις τὰ δάκρυα κατέχειν ἴσχυον ἐνθυμούμενοι τὰς ἐκ τοῦ διοικισμοῦ τῆς πόλεως ἀτυχίας, καὶ πολὺς ἦν χρόνος ἐν κατηφεῖς καὶ δεδακρυμένοι καὶ τί χρὴ λέγειν ἀποροῦντες εἱστήκεσαν. ἐπειδὴ δ´ τε πολὺς θρῆνος ἐπαύσατο καὶ σιωπὴ κατέσχε τὴν ἐκκλησίαν, παρῆλθεν ἀπολογησόμενος πρὸς ταῦτα, ὅσπερ ἐδόκει τῶν ἄλλων πολιτῶν ἡλικίᾳ τε προὔχειν καὶ ἀξιώσει, Τῖτος Λάρκιος, ὃς δὶς ἀποδειχθεὶς ὕπατος δυναστείᾳ τῇ καλουμένῃ δικτατορίᾳ κράτιστα πάντων ἀνθρώπων χρησάμενος ἱερὰν καὶ σεβασμοῦ μεστὴν ἐποίησε νομισθῆναι τὴν ἐπίφθονον ἀρχήν. ἐπιβαλλόμενος δὲ περὶ τοῦ δικαίου ποιεῖσθαι λόγους, καὶ τὰ μὲν τοῖς δανειστικοῖς ἐγκαλῶν ὡς ὠμὰ καὶ ἀπάνθρωπα διαπεπραγμένοις, τὰ δὲ τῶν πενήτων καθαπτόμενος ὡς οὐ δικαίως ἀξιούντων βίᾳ μᾶλλον ἀφεῖσθαι τῶν ὀφειλημάτων χάριτι, καὶ ὡς τὴν βουλὴν οὐκ ὀρθῶς δι´ ὀργῆς ἐχόντων ἐπὶ τῷ μηθενὸς τῶν μετρίων παρ´ αὐτῆς τυγχάνειν, μᾶλλον οὐχὶ τοὺς αἰτίους· πειρώμενός τ´ ἀποφαίνειν βραχὺ μὲν ὑπάρχον τοῦ δήμου τὸ μὴ κατὰ γνώμην ἀδικοῦν, ὑπὸ δὲ μήκους ἀπορίας ἠναγκασμένον αἰτεῖσθαι τὴν ἄφεσιν, τὸ δὲ πλεῖον ἀκολασίᾳ καὶ ὕβρει καὶ τῷ καθ´ ἡδονὰς ζῆν ἐφεικὸς καὶ δι´ ἁρπαγῆς ἐκ τῶν ἀλλοτρίων ὑπηρετεῖν ταῖς ἐπιθυμίαις παρεσκευασμένον, διακρίνεσθαί τε οἰόμενος δεῖν ἀπὸ τῶν ἐλεεινῶν τὰ πονηρὰ καὶ ἀπὸ τῶν φιλανθρωπίας δεομένων τὰ μίσους ἄξια, καὶ τοιούτους τινὰς ἄλλους καθιστάμενος λόγους ἀληθεῖς μέν, οὐχ ἅπασι δὲ τοῖς ἀκούουσι κεχαρισμένους, οὐκ ἔπειθεν, ἀλλὰ θροῦς ἦν ἐφ´ ἑκάστῳ πολὺς καὶ τῶν μὲν ἀγανακτήσεις ὡς ἐξαιμάττοντος τὰς λύπας, τῶν δ´ ἐξομολογήσεις ὡς οὐδὲν τῶν ἀληθῶν ἀποκρυπτομένου· ἔλαττον δὲ πολλῷ τοῦτ´ ἦν θατέρου τὸ μέρος, ὥστ´ ἠφανίζοντο τῷ πολλῷ καὶ περιῆν τοῦ ἀγανακτοῦντος βοή. [6,81] XX. AINSI parla Brutus. Son discours fut suivi des applaudissements de toute l'assemblée : ce qu'il avait dit sur le droit, sur les faits, sur l'arrogance du sénat, et principalement les raisons qu'il apporta pour faire voir que le traité de réunion qu'on voulait conclure, était plein de fraude et de tromperie, fut trouvé exactement vrai. Lorsque sur la fin de sa harangue il vint à parler des mauvais traitements que les pauvres avaient reçus de leurs créanciers et que chaque particulier se ressouvint des maux qu'il avait soufferts, il n'y eut personne qui ne fondît en larmes et qui ne fît éclater ses gémissements sur la seule idée des malheurs communs. Son discours ne fit pas seulement impression sur les plébéiens, les députés mêmes du sénat en furent touchés, et ne purent retenir leurs larmes à la vue des malheurs terribles dont Rome était menacée si elle venait à se diviser en deux peuples. Leur consternation fut si grande qu'ils restèrent longtemps dans le silence, la douleur peinte sur le visage, fondant en pleurs et ne sachant que répondre. XXI. ENFIN les gémissements étant apaisés, on vit régner par toute l'assemblée un profond silence. Alors le plus distingué des citoyens et par son âge et par son rang, lequel ayant été créé consul pour la seconde fois, avait exercé la dictature avec tant de sagesse, d'intégrité, et de modération, que d'un objet d'envie et de haine qu'elle était auparavant, il l'avait rendue sainte et respectable : Titus Largius, dis-je, s'avança pour répondre au discours de Brutus, et commençant par l'article qui concernait le droit, tantôt il reprochait aux créanciers leur inhumanité et leur avarice insatiable, tantôt il accusait les pauvres de faire des demandes injustes. Il leur représenta qu'ils avaient tort de vouloir extorquer les armes à la main l'abolition de leurs dettes qu'ils pouvaient obtenir de bonne grâce, et qu'ils se plaignaient injustement du sénat sous prétexte qu'il ne leur accordait pas ce qu'ils demandaient, au lieu de s'en prendre à ceux qui mettaient obstacle aux bonnes intentions de cette illustre compagnie. Il tâcha de prouver qu'il n'y avait qu'une petite partie des plébéiens dont les fautes fussent involontaires, et qui eût été contrainte par une longue pauvreté à demander qu'on lui fît remise de ses dettes, que la plupart des autres s'étaient livrés au libertinage, au luxe, à la débauche, et que voulant vivre à leur fantaisie ils pillaient le bien d'autrui pour satisfaire à leurs passions déréglées; qu'enfin il fallait mettre une grande différence entre les méchants et ceux qui étaient dignes de compassion, entre ceux qui méritaient d'être traités avec humanité, et ceux qui étaient dignes de haine. Il tint encore quelques autres discours semblables, qui quoique très vrais, n'étaient pas agréables à tous les auditeurs, de sorte qu'il ne gagnait rien par là et qu'à chaque point qu'il touchait, il s'élevait un grand murmure dans l'assemblée. Les uns se plaignaient de ce qu'il renouvelait leur douleur par le souvenir de leurs misères : les autres convenaient qu'il ne déguisait point la vérité, mais ceux-ci étaient en plus petit nombre que les premiers, et leur voix ne pouvait se faire entendre parmi les cris d'une si grande foule de mécontents.


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Dernière mise à jour : 13/07/2009