[6,78] Ἐφ´ οἷς δὲ πρεσβεύετε καὶ τίνων δεόμενοι ἥκετε,
τί οὐ λέγετε φανερῶς; ἐπὶ ποίαις ἐλπίσι
κατελθεῖν ἡμᾶς εἰς τὴν πόλιν ἀξιοῦτε; ποίαν ἡγεμόνα
τῆς ὁδοῦ λαβόντας τύχην; τίνος ὑποδεξομένης ἡμᾶς
εὐθυμίας ἢ χαρᾶς; οὐδὲν γὰρ ἄχρι τοῦδε φιλάνθρωπον ὑμῶν
ἢ χρηστὸν προτεινομένων ἀκούομεν, οὐ τιμάς, οὐκ ἀρχάς,
οὐκ ἐπανόρθωσιν ἀπορίας, οὐκ ἄλλο
ἁπλῶς οὐδ´ ὁτιοῦν. καίτοι οὐ λέγειν ὑμᾶς ἐχρῆν, ἃ
μέλλετε ποιεῖν, ἀλλὰ ποιήσαντες λέγειν, ἵνα προειληφότες
ἤδη τι ἔργον ἀπ´ εὐνοίας γενόμενον καὶ τὰ λοιπὰ
τοιαῦτα ἔσεσθαι εἰκάσωμεν. οἴομαι τοίνυν πρὸς ταῦτα
ἐρεῖν αὐτούς, ὅτι περὶ πάντων ἥκουσιν αὐτοκράτορες,
ὥσθ´, ὅ τι ἂν πείσωμεν ἀλλήλους, τοῦτ´ ἔσται κύριον.
ἔστω ταῦτ´ ἀληθῆ· γιγνέσθω τἀκόλουθα τούτοις· οὐδὲν
ἀντιλέγω. βούλομαι δὲ τὰ μετὰ ταῦτ´ ἐσόμενα
παρ´ αὐτῶν μαθεῖν, ἐπειδὰν εἴπωμεν ἡμεῖς, ἐφ´ οἷς
ἀξιοῦμεν ποιεῖσθαι τὴν κάθοδον καὶ συγχωρηθῇ ταῦτα
ὑπὸ τούτων, τίς ἐγγυητὴς ἔσται τῶν ὁμολογιῶν ἡμῖν;
τίνι πιστεύσαντες ἀσφαλείᾳ τὰ ὅπλα θήσομεν ἐκ τῶν
χειρῶν καὶ καταστήσομεν αὖθις εἰς τὴν τούτων ἐξουσίαν τὰ
σώματα; πότερον τοῖς ψηφίσμασι τῆς βουλῆς
τοῖς ὑπὲρ τούτων γραφησομένοις, οὐ γὰρ δὴ γεγραμμένοις;
καὶ τί πάλιν κωλύσει ἑτέροις ἀκυρωθῆναι ταῦτα
ψηφίσμασιν, ὅταν Ἀππίῳ καὶ τοῖς ὅμοια φρονοῦσιν
ἐκείνῳ φανῇ; ἢ τοῖς ἀξιώμασι τῶν πρεσβευτῶν, οἳ τὰς
ἑαυτῶν παρέχονται πίστεις; ἀλλὰ διὰ τῶν ἀνδρῶν τούτων
καὶ πρότερον ἡμᾶς ἐξηπάτησαν. ἢ ταῖς ἐπὶ τῶν
θεῶν ὁμολογίαις δι´ ὅρκων τὰ πιστὰ πορισάμενοι παρ´
αὐτῶν; ἀλλ´ ἔγωγ´ ὑπὲρ ἅπασαν πίστιν ἀνθρωπίνην
ταύτην δέδοικα, ἣν ὑπὸ τῶν ἐν ταῖς ἡγεμονίαις ὄντων
καταφρονουμένην ὁρῶ, καὶ τὰς ἀκουσίους συμβάσεις
τοῖς ἄρχειν ἀξιοῦσι πρὸς τοὺς ἐλευθερίας μεταποιουμένους,
οὐ νῦν πρῶτον, ἀλλὰ καὶ πολλάκις ἤδη καταμαθών,
ἐπίσταμαι τοσοῦτον ἰσχυούσας χρόνον, ὅσον
ἂν αὐτῶν αἱ ἀνάγκαι κρατῶσι. τίς οὖν ἡ τοιαύτη
φιλία καὶ πίστις, ἐν ᾗ παρὰ γνώμην ἀλλήλους θεραπεύειν
ἀναγκασθησόμεθα φυλάττοντες τοὺς οἰκείους
ἑκάτεροι καιρούς; ὑποψίαι δὲ δὴ τό γε μετὰ τοῦτο καὶ
διαβολαὶ συνεχεῖς κατ´ ἀλλήλων φθόνοι τε καὶ μίση
καὶ πᾶς´ ἄλλη κακῶν ἰδέα καὶ πολὺς ὁ περὶ τοῦ φθάσαι
διολέσαντας τὸ ἀντίπαλον ἀγών, ὡς ἐν τῷ μέλλειν
κειμένου τοῦ παθεῖν.
| [6,78] Mais vous, que ne dites-vous ouvertement le sujet
de votre ambassade et ce que vous venez nous demander ? Que
n'expliquez vous sur quelle espérance vous nous invitez à retourner à la
ville, quelle est la fortune que nous devons suivre pour guide; avec quelle
affection et avec quelle joie on nous recevra à Rome ? Jusqu'ici nous ne
voyons pas que vous promettiez de nous donner des preuves de votre
humanité ou de votre bonté. Vous ne nous parlez point d'honneurs, de
charges, de soulagement dans nos misères, ni d'aucune autre chose
semblable. Que dis-je, vous ne nous en parlez point : il ne suffirait pas de
nous dire ce que vous avez dessein de faire pour nous contenter. Il ne
fallait venir ici que pour nous annoncer que ce que nous pouvions
prétendre était déjà exécuté en partie, afin que par les premiers traits de
vos faveurs nous pussions conclure que le reste ira de même dans la
suite. Messieurs les députés répondront sans doute à cela, qu'ils viennent
ici en qualité de plénipotentiaires, qu'ils sont maîtres de tout, et que les
articles dont nous conviendrons ensemble seront ratifiés par les patriciens
et homologués au sénat. Hé bien, je veux que cela soit vrai. Qu'on agisse
donc en conséquence de ces promesses, je ne m'y oppose pas. Mais je
voudrais bien qu'ils m'apprissent ce qui en arrivera dans la suite.
XVII. Quand nous aurons dit à quelles conditions nous prétendons
retourner à Rome et qu'on nous les aura accordées, qui fera le grand du
traité? Sous quelle caution pourrons-nous quitter les armes en toute
sûreté et remettre nos corps en la puissance des patriciens ? Nous en
fierons-nous à la déclaration que fera le sénat ? Je dis à la déclaration
qu'il fera, car il n'en a point encore fait là-dessus. Mais, qui l'empêchera
de révoquer cette déclaration par un nouveau sénatus-consulte quand il
plaira à Appius, et à ceux de sa faction ? Quoi-donc? Nous fonderons-nous
sur le caractère respectable des ambassadeurs qui nous engagent
leur parole et leur foi ? Mais, ne s'est-on pas déjà servi de leur ministère
pour nous tromper ? Pourrons-nous compter sur des conventions
confirmées par un serment dont les dieux seront témoins ? Mais, cette foi
des conventions et des serments me paraît encore plus suspecte que
celle des hommes. Je vois que les puissances de ce monde la méprisent
et y ont peu d'égard. D'ailleurs ce n'est pas d'aujourd'hui que je sais que
les conventions et les traités qui se font par quelque nécessité entre ceux
qui veulent commander et ceux qui sont jaloux de leur liberté, ne durent
qu'autant que cette même nécessité subsiste: c'est ce que j'ai appris par
une longue expérience. Quelle sera donc l'amitié que nous ferons ?
Quelle sera la foi que nous nous donnerons mutuellement ? Et quel fond
pourrons-nous y faire si ce n'est qu'une amitié feinte, qui nous engage à
nous rendre réciproquement service contre notre volonté, en cherchant
toujours les uns et les autres l'occasion de rompre ensemble ? Une
pareille réconciliation ne peut produire que des soupçons, des calomnies
continuelles, de la haine, de l'envie, mille autres maux de cette sorte, et
une pernicieuse émulation à qui perdra le premier son ennemi et à qui le
préviendra, le principal danger consistant dans le retardement.
|