[6,75] Ἃ μὲν δὴ εἰς τὸ συνελευθερῶσαι ὑμᾶς ἀπὸ
τῶν τυράννων παρεσχόμεθα ὑπὲρ δύναμιν διὰ τὸ
ἑαυτῶν πρόθυμον, οὐχ ὑπὸ τοῦ ἀναγκαίου μᾶλλον εἰς
αὐτὸ καταστάντες ἢ ὑπ´ ἀρετῆς, ταῦτ´ ἐστιν. ἃ δ´ εἰς
τὸ τιμᾶσθαί τε καὶ ἄρχειν ἑτέρων δυναστείαν τε
περιβαλέσθαι μείζω ἢ κατὰ τὴν ἐξ ἀρχῆς δόκησιν ἀκούσατε,
καὶ ὅπως, ἐάν τι παρατρέψω τὸν λόγον ἔξω τοῦ
ἀληθοῦς, ὥσπερ καὶ ἀρχόμενος εἶπον, ἐναντιώσεσθέ
μοι. ὑμῖν γὰρ ἐπειδὴ τὸ ἀσφαλὲς τῆς ἐλευθερίας ἔδοξεν
εἶναι βέβαιον, οὐκ ἀπέχρησεν ἐπὶ τούτου μένειν, ἀλλ´
ἐπὶ τὸ τολμᾶν καὶ νεωτεροποιεῖν ὁρμήσαντες, ἐχθρὸν
δ´ ἴσως ἅπαν ἡγούμενοι τὸ περιεχόμενον ἐλευθερίας,
καὶ μικροῦ δεῖν πρὸς ἅπαντας ἀνθρώπους πόλεμον
ἀναδείξαντες, εἰς ἅπαντα τὰ κινδυνεύματα καὶ τοὺς
ὑπὲρ τῆς πλεονεξίας ταύτης ἀγῶνας τοῖς ἡμετέροις
ᾤεσθε δεῖν καταχρῆσθαι σώμασιν. ὅσας μὲν οὖν πόλεις κατὰ
μίαν καὶ δύο πολεμούσας ὑμῖν ὑπὲρ τῆς
ἐλευθερίας, τὰς μὲν ἐκ παρατάξεως χειρωσάμενοι, τὰς
δὲ τειχομαχίαις ἑλόντες ὑπηκόους ἐποιήσαμεν, ἐῶ. τί
γὰρ δεῖ κατὰ μικρὸν λέγειν τὰς πράξεις τοσαύτην ἔχοντας
λόγων ἀφθονίαν; ἀλλὰ Τυρρηνίαν ἅπασαν εἰς δώδεκα
νενεμημένην ἡγεμονίας καὶ πολλῇ μὲν τῇ κατὰ
γῆν, πολλῇ δὲ τῇ κατὰ θάλατταν δυναστείᾳ περιουσιάζουσαν,
τίνες ἦσαν οἱ συγκατακτησάμενοι καὶ
ποιήσαντες αὐτὴν ὑμῖν ὑπήκοον; Σαβίνους δὲ τουτουσὶ
ἔθνος τηλικοῦτον, οἷς διὰ παντὸς ὁ περὶ τῶν πρωτείων
πρὸς ὑμᾶς ἦν ἀγών, ποία παρέσχεν ὑμῖν βοήθεια μηκέτι
διαμιλλᾶσθαι περὶ τῶν ἴσων; τί δέ; τὰς τῶν Λατίνων
τριάκοντα πόλεις, οὐ μόνον δυνάμεως μεγέθει ἐπαιρομένας,
ἀλλὰ καὶ ἐπὶ τῷ δικαιότερα ἀξιοῦν μεγάλα φρονούσας, τίνες
ἦσαν οἱ καταδουλωσάμενοι καὶ παρασχόντες ὑπὲρ
ἀνδραποδισμοῦ καὶ κατασκαφῆς τῶν πόλεων δεομένας
καταφυγεῖν ἐφ´ ὑμᾶς;
| [6,75] Voila ce que nous avons fait pour vous délivrer des tyrans.
Nous nous y sommes mêmes employés avec plus d'ardeur que nos
forces ne le permettaient, et c'est moins la nécessité que la valeur qui
nous y a obligés.
XII. ECOUTEZ maintenant ce que nous avons fait pour l'honneur des
Romains, pour soumettre les autres peuples, pour étendre les limites de
l'empire et pour augmenter notre domination au-delà de ce qu'on aurait
osé espérer dans les commencements, et si j'outre la vérité, récriez-vous
contre ce que j'avancerai, comme je vous l'ai dit d'abord. Après que la
liberté publique vous a paru assurée, non contents de l'état présent des
affaires, votre ambition vous a fait songer à de nouvelles conquêtes.
Regardant comme votre ennemi quiconque était jaloux de la liberté, vous
avez déclaré la guerre à presque tout le genre humain, et pour assouvir
votre passion de dominer, il n'est point de dangers où vous n'ayez
prodigué notre sang, ni de combats si hasardeux où vous ne nous ayez
exposés. Je ne parle point de toutes les villes que nous avons emportées
par la force de nos armes, ou que nous avons vaincues en bataille rangée
et soumises à votre domination, lorsqu'elles ont osé soutenir la guerre
contre vous, soit chacune en particulier, soit en se joignant deux
ensemble pour la défense de leur liberté. Qu'est-il besoin de faire en
détail l'énumération de tous nos exploits militaires ? La matière est trop
ample, et il faut abréger. Qui sont ceux qui vous ont aidé à dompter toute
la Tyrrhénie, cette vaste province divisée en douze principautés, si
puissante sur mer et sur terre ? n'est-ce pas nous qui l'avons soumise à
votre empire ? Par quel secours avez-vous réduit sous votre obéissance
la nombreuse nation des Sabins, qui ne cessait de vous disputer l'empire
? Par quelles armes l'avez-vous obligée de renoncer à ses vaines
prétentions d'être égale aux Romains ? Qui sont ceux qui ont fait subir le
joug de votre domination aux trente villes Latines, que la grandeur de leur
puissance et les propositions trop équitables que vous leur faisiez, avaient
enorgueillies jusqu'à s'élever même au-dessus de vous ? Qui sont ceux
qui ont contraint ces peuples insolents de se rendre à la merci des
Romains, et de demander en grâce qu'on leur épargnât la servitude, le
pillage, et le sac de leurs villes?
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