[6,73] Ἡμᾶς, ὦ Οὐαλέριε, πολλὰ μὲν καὶ ἄλλα
τὰ κωλύοντά ἐστιν ἀποθεμένους τὰ ὅπλα ἐφ´ ὑμῖν γενέσθαι,
τρία δὲ τὰ μέγιστα καὶ τὰ φανερώτατα. πρῶτον μέν, ὅτι
ἐγκαλοῦντες ἡμῖν ὡς ἡμαρτηκόσιν ἥκετε
καὶ ἐν εὐεργεσίας οἴεσθε μέρει διδόναι τὴν κάθοδον·
ἔπειθ´, ὅτι οὐδὲν ὑποδηλοῦτε παρακαλοῦντες ἐπὶ τὰς
διαλλαγάς, ἐφ´ οἷς αὐτὰς δικαίοις καὶ φιλανθρώποις
ποιησόμεθα· τὸ δὲ τελευταῖον, ὅτι βέβαιον ἡμῖν, ὧν
ἂν ὑπόσχησθε, οὐδέν ἐστιν, ἀλλὰ πολλάκις ἐξαπατῶντες τε
καὶ φενακίζοντες ἡμᾶς διατετελέκατε. ἐρῶ δ´
ὑπὲρ ἑκάστου χωρὶς ἀπὸ τοῦ δικαίου ἀρξάμενος· καὶ
γὰρ ἰδίᾳ τε καὶ ἐν κοινῷ λέγοντας ἀπὸ τοῦ δικαίου
χρὴ ἄρχεσθαι. ἡμεῖς τοίνυν εἰ μέν τι ἀδικοῦμεν ὑμᾶς,
οὐδὲν δεόμεθα οὔτ´ ἀδείας οὔτ´ ἀμνηστίας· καίτοι γε
οὐκ ἀξιοῦμεν οὐδὲ κοινωνεῖν ἔτι τῆς πόλεως, ἀλλ´
ἐπιμενοῦμεν, ὅποι ποτ´ ἂν ἡμᾶς ἄγῃ τὸ χρεών, τῇ
τύχῃ καὶ δαίμοσιν ἐπιτρέψαντες ἡγεμόσιν. εἰ δ´ ἀδικούμενοι
πρὸς ὑμῶν ταύτης ἠναγκάσμεθα τῆς τύχης
πειραθῆναι, ἐν ᾗ ἔσμεν, τί οὐχ ὁμολογεῖτε κακοὶ περὶ
ἡμᾶς αὐτοὶ γενόμενοι συγγνώμης δεῖσθαι καὶ ἀμνηστίας;
νῦν δ´, ἣν αἰτεῖσθε, ταύτην διδόναι λέγετε, καὶ
ἧς ἀφεῖσθαι ζητεῖτε ὀργῆς, ταύτης ὡς ἀφιέντες
μεγαληγορεῖτε, συγχέοντες τὴν τῆς ἀληθείας φύσιν καὶ τὴν
τῶν δικαίων ἀξίωσιν ἀναστρέφοντες. ὅτι δ´ οὐκ ἀδικεῖσθε,
ἀλλ´ ἀδικεῖτε, καὶ πολλὰ καὶ μεγάλα εὐεργετηθέντες ὑπὸ τοῦ
δήμου, τὰ μὲν εἰς τὴν ἐλευθερίαν, τὰ
δ´ εἰς τὴν ἡγεμονίαν, οὐ καλὰς ἀποδεδώκατε αὐτῷ
τὰς ἀμοιβάς, μάθετε· ποιήσομαι δ´ ἀφ´ ὧν ἴστε καὶ
αὐτοὶ πραγμάτων τοὺς λόγους, καὶ πρὸς θεῶν, ἐάν τι
ψεῦδος εἴπω, μὴ ἀνάσχησθε, ἀλλ´ εὐθὺς ἐλέγχετε.
| [6,73] VII. Sachez donc, Valerius, que plusieurs raisons nous empêchent
de mettre bas les armes et de nous fier à votre parole sans prendre
d'autres mesures. En voici trois des principales et des plus évidentes. La
première, c'est que vous venez ici nous accuser comme si nous étions en
faute, et que vous croyez nous faire grâce en nous accordant notre
rappel. La seconde, c'est qu'en nous invitant à la paix, vous ne nous en
dites point les conditions, ni si elles sont justes et raisonnables. La
troisième enfin, c'est qu'après avoir été trompés et joués tant de fois, nous
ne pouvons faire aucun fond sur vos promesses. Examinons ces raisons
l'une après l'autre, et commençons par la première qui regarde la justice
et le droit des deux partis : car c'est par là que doivent commencer toutes
les délibérations tant publiques que particulières.
VIII. S'IL est vrai que nous vous ayons offensés, nous ne demandons
ni l'impunité ni une amnistie, et même nous ne vous prions pas de nous
recevoir à Rome pour y jouir du droit de bourgeoisie : nous irons chercher
un établissement partout ou le destin nous conduira et nous nous
livrerons sans réserve entre les mains des dieux et de la fortune. Mais si
l'état où nous sommes réduits n'est que l'effet de vos injustices, que ne
reconnaissez-vous le mal que vous nous avez fait ? Que n'avouez-vous
que c'est vous-mêmes qui avez besoin qu'on vous accorde l'oubli et le
pardon de vos fautes ? Vous dites aujourd'hui que vous nous l'accordez
ce pardon, et c'est vous-mêmes qui le demandez. Vous sollicitez la
rémission de vos offenses, et vous vous vantez avec arrogance comme si
c'était vous qui nous l'accordassiez. Par cette conduite vous confondez la
nature de la vérité et vous renversez toutes les lois de la justice.
IX. APPRENEZ donc aujourd'hui que bien loin qu'on vous ait
offensés, tout le tort est de votre côté, et que vous avez mal reconnu les
grands services que le peuple vous a rendus tant de fois, soit en
défendant la liberté publique, soit en contribuant à affermir l'empire
Romain. Je n'apporterai pour preuve que des faits qui vous sont connus,
et si je dis quelque chose contre la vérité, je vous conjure par les dieux de
ne pas souffrir, mais de me convaincre de mensonge sur le champ.
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