[6,71] Παρελθὼν δὲ Μάνιος Οὐαλέριος, ὅσπερ ἦν
αὐτῶν πρεσβύτατός τε καὶ δημοτικώτατος,
ἐπιμαρτυρήσαντος αὐτῷ τὴν προθυμίαν τοῦ πλήθους εὐμενεστάταις
φωναῖς καὶ προσηγορίαις, ἐπειδὴ σιωπῆς ἔτυχε
τοιούτοις ἐχρήσατο λόγοις· Οὐδὲν ὑμᾶς ἔτι τὸ κωλῦόν ἐστιν,
ὦ δημόται, κατιέναι πάλιν ἐπὶ τὰ ὑμέτερα
καὶ διηλλάχθαι πρὸς τοὺς πατέρας. ἐψήφισται γὰρ ἡ
βουλὴ καλὴν καὶ συμφέρουσαν ὑμῖν κάθοδον, καὶ γνώμην
πεποίηται μηδενὸς τῶν γεγονότων μνησικακεῖν·
ἡμᾶς τε οὓς ἐγίγνωσκε φιλοδημοτάτους ὄντας καὶ πρὸς
ὑμῶν τὰ δίκαια τιμωμένους πρεσβευτὰς ἀπέσταλκεν
αὐτοκράτορας ἀποδείξασα τῶν διαλύσεων, ἵνα μὴ δόξαις
μηδ´ εἰκασμοῖς χρώμενοι περὶ τῆς ὑμετέρας γνώμης,
ἀλλὰ παρ´ αὐτῶν ὑμῶν ἀκούσαντες, ἐφ´ οἷς ἀξιοῦτε
καταλύσασθαι τὴν διχοστασίαν, ἂν ᾖ μέτριόν τι τῶν
αἰτημάτων καὶ μήτε τῷ ἀδυνάτῳ μήτε ὑπ´ ἄλλης αἰσχύνης
ἀνηκέστου κωλύηται, συγχωρῶμεν ὑμῖν μηκέτι
τὴν τοῦ συνεδρίου γνώμην ἐκδεχόμενοι, μηδ´ εἰς χρόνους
μακροὺς καὶ φθόνους ἀντιπάλων ἀναβάλλοντες
τὰ πράγματα. ταῦτα δὴ τῆς βουλῆς ἐψηφισμένης δέχεσθε
ἄσμενοι τὰς χάριτας αὐτῶν, ὦ δημόται, μετὰ
πάσης προθυμίας καὶ σπουδῆς, ἐν μεγάλῳ τιθέμενοι
τὴν τοσαύτην εὐτυχίαν καὶ πολλὴν τοῖς θεοῖς χάριν
εἰδότες αὐτῆς, εἰ πόλις ἡ Ῥωμαίων ἡ τοσούτων ἄρχουσα
ἀνθρώπων, καὶ συνέδριον, ὃ τὴν ἡγεμονίαν ἔχει
πάντων τῶν ἐν ταύτῃ καλῶν, οὐκ ὂν αὐτοῖς πάτριον
οὐδενὶ τῶν ἀντιπάλων εἴκειν, ὑμῖν μόνοις ὑποκατακλίνονται
τῆς ἀξιώσεως ἑκόντες, καὶ οὔτε ἀκριβολογεῖσθαι περὶ τῶν
καθηκόντων ἑκατέροις ἠξίωσαν ὡς
ὑποδεεστέροις κρείττονες, ἀλλ´ αὐτοὶ πρότεροι περὶ
διαλύσεως ἐπρεσβεύσαντο, οὔτε τὰς αὐθάδεις ὑμῶν
ἀποκρίσεις, ἃς ἐποιήσασθε πρὸς τοὺς προτέρους πρέσβεις,
πρὸς ὀργὴν ἐδέξαντο, ἀλλ´ ὑπέμειναν ὑμῶν τὸ
σοβαρὸν τοῦτο καὶ μειρακιῶδες τῆς αὐθαδείας {βάρος},
ὥσπερ ἂν παίδων ἀφρόνων χρηστοὶ πατέρες· καὶ πάλιν
ἑτέραν πρεσβείαν ἀποστέλλειν ᾤοντο δεῖν καὶ τῶν δικαίων
μειονεκτεῖν καὶ πάντα ὑπομένειν, ὦ πολῖται, τὰ
μέτρια. ἐπὶ δὴ τοσαύτης βεβηκότες εὐτυχίας μὴ μέλλετε
λέγειν, ὦ δημόται, τίνων χρήζετε μηδ´ ἐντρυφᾶτε
ἡμῖν, καταλυσάμενοι δὲ τὴν στάσιν ἄπιτε χαίροντες εἰς
τὴν γειναμένην τε καὶ θρεψαμένην ὑμᾶς πόλιν, ᾗ τροφεῖά τε
καὶ χάριτας οὐ χρηστὰς ἀπεδίδοτε, καταλιπόντες αὐτὴν τὸ
γοῦν ἐφ´ ὑμῖν εἶναι ἔρημον καὶ μηλόβοτον. εἰ δὲ παρήσετε
τὸν καιρὸν τοῦτον, εὔξεσθε πολλάκις ὅμοιον εὑρεῖν ἕτερον.
| [6,71] Alors Manius Valerius, le plus âgé et le plus populaire, à qui les plébéiens témoignaient leur affection par des acclamations et par les noms glorieux qu'ils lui donnaient, s'avança au milieu de l'assemblée, et quand on eût fait silence
il parla ainsi.
«Il n'y a plus rien, Romains, qui vous empêche de revenir chez vous
et de rentrer en grâce avec les sénateurs. Le sénat a fait un décret qui ne
vous est pas moins utile qu'honorable, par lequel il vous rappelle en vous
accordant une amnistie générale du passé. Comme il fait que nous vous
aimons et que vous nous honorez, c'est nous mêmes qu'il députe vers
vous, avec plein pouvoir de faire la paix. Ainsi il ne s'agit plus de juger de
vos intentions par des rapports et par de simples conjectures, c'est de
votre bouche que nous devons apprendre à quelles conditions vous
voulez vous réconcilier. Si vos demandes sont justes, si elles ne
contiennent rien d'impossible ou de honteux pour le corps des patriciens,
nous sommes les maîtres d'y souscrire, sans avoir besoin d'un nouveau
décret du sénat, et sans être obligés de différer plus longtemps la
conclusion de la paix ou de porter l'affaire au tribunal de ceux, que vous
croyez être vos ennemis.
IV. Profitez donc, Romains de ces favorables dispositions, et puisque
le sénat a fait un décret de cette nature, recevez de bon cœur et avec
empressement la grâce qu'il vous accorde. Regardez-la comme un grand
bonheur qui vous arrive aujourd'hui. Remerciez les dieux de ce que Rome
dont l'empire s'étend sur tant de nations, et le sénat qui tient le premier
rang dans l'administration de tout ce qui est du ressort de cette célèbre
ville, veulent bien aujourd'hui se démettre pour vous seuls d'une partie de
leur dignité et relâcher quelque chose de leurs droits en votre faveur,
quoiqu'il soit contre la coutume des Romains de céder à leurs
adversaires. Le sénat quoiqu'infiniment au-dessus de vous, ne tient pas
fièrement son rang : au lieu d'examiner à la rigueur quel est son devoir et
quel est le vôtre, il est le premier à vous envoyer des ambassadeurs pour
vous offrit son amitié. Il oublie la réponse hautaine que vous avez faite à
sa première ambassade, il vous pardonne cette imprudence qu'il regarde
comme un emportement de jeunesse, et il en use envers vous comme un
bon père à l'égard de ses enfants qui n'ont pas assez de raison pour se
conduire. Enfin il vous honore d'une seconde députation, il porte sa
condescendance jusqu'à accepter toutes les propositions
d'accommodement que vous ferez, pour peu qu'elles soient justes et
raisonnables. Profitez donc, Romains de l'occasion favorable qui se
présente, et puisque vous êtes parvenus au comble de vos vœux, ne
différez pas davantage à dire ce qu'il vous faut : cessez de nous insulter :
faites finir la sédition : retournez avec joie à la ville qui vous a donné la
naissance et qui vous a nourris, à cette ville, dis-je, que vous avez laissée
déserte autant qu'il était en vous, comme pour servir de pâturage aux
bestiaux, au lieu de lui marquer par des services signalés une parfaite
reconnaissance de l'éducation dont vous lui êtes redevables. Si vous
laissez échapper cette belle occasion, vous désirerez souvent, mais en
vain, d'en retrouver une autre aussi favorable. »
|