[6,68] Μετὰ τοῦτον ἀνίσταντο καλούμενοι καθ´
ἡλικίαν οἱ τὴν ὑπατικὴν ἐσχηκότες ἀρχήν, οἷς ἅπασιν
ἐδόκει τῇ Μενηνίου χρῆσθαι γνώμῃ, τέως καθῆκεν ὁ
λόγος εἰς τὸν Ἄππιον. ὁ δ´ ἀναστάς, Ὁρῶ μέν, ἔφησεν, ὅτι
καὶ τοῖς ὑπάτοις ἐστὶ κεχαρισμένον, ὦ βουλή,
καὶ τοῖς ἄλλοις ὑμῖν ὀλίγου δεῖν πᾶσι κατάγειν τὸν
δῆμον, ἐφ´ οἷς ἂν αὐτὸς ἀξιοῖ· καὶ μόνος ἐξ ἁπάντων
ἐγὼ λείπομαι τῶν ἐναντιωθέντων πρὸς τὰς διαλύσεις
ἐκείνοις τ´ ἀπεχθὴς διαμένων καὶ ὑμῖν οὐδὲν ἔτι χρήσιμος
ὤν. οὐ μὴν διὰ ταῦτά γ´ ἀποστήσομαι τῶν ἐξ
ἀρχῆς ἐγνωσμένων οὐδὲ καταλείψω τὴν τάξιν τῆς πολιτείας
ἑκών. ὅσῳ δ´ ἂν ἐρημότερος γένωμαι τῶν τὰ
αὐτά μοι προελομένων, τοσούτῳ τιμιώτερος ὑμῖν ἔσομαί
ποτ´ ἐν χρόνῳ, καὶ περιέσται μοι ζῶντι μὲν ἔπαινος,
τελευτήσαντι δ´ ἡ παρὰ τῶν ἐπιγινομένων μνήμη. εἴη
μὲν οὖν, ὦ Καπετώλιε Ζεῦ καὶ θεοὶ πόλεως ἐπίσκοποι
τῆς ἡμετέρας ἥρωές τε καὶ δαίμονες, ὅσοι γῆν τὴν
Ῥωμαίων ἐφορᾶτε, καλὴ καὶ συμφέρουσα πᾶσιν ἡ τῶν
φυγάδων κάθοδος, καὶ ψευσθείην ἐγὼ τῶν ἐλπίδων,
ἃς ὑπὲρ τοῦ μέλλοντος ἔχω χρόνου. ἐὰν δέ τι δεινὸν
ἐκ τούτων καταλάβῃ τῶν βουλευμάτων τὴν πόλιν· ἔσται
δὲ τοῦτο φανερὸν οὐκ εἰς μακράν· τούτοις μὲν ταχεῖαν
ἐπανόρθωσιν αὐτοὶ δοίητε καὶ σωτηρίαν τοῖς πράγμασιν
ἀσφαλῆ, ἐμοὶ δ´, ὃς οὔτ´ ἐν ἄλλῳ καιρῷ πώποτε
τὰ ἥδιστα εἱλόμην λέγειν ἀντὶ τῶν ὠφελιμωτάτων οὔτε
νῦν προδίδωμι τὸ κοινὸν ἰδίαν καταπραττόμενος ἀσφάλειαν,
εὐμενεῖς εἴητε καὶ μειλίχιοι. θεοῖς μὲν δὴ ταῦτα
εὔχομαι, λόγων γὰρ οὐδὲν ἔτι δεῖ· γνώμην δ´, ἣν
καὶ πρότερον ἀποφαίνομαι, τοὺς μὲν ἐν τῇ πόλει
διαμένοντας τῶν δημοτικῶν ἀφίεσθαι χρεῶν, τοῖς δ´
ἀποστάταις πολεμεῖν ἁπάσῃ προθυμίᾳ, τέως ἂν ἔτι
διαμένωσιν ἐν τοῖς ὅπλοις.
| [6,68] après lui les sénateurs consulaires sont appelés chacun en particulier par
ordre d'ancienneté : tous se rangent de l'avis de Menenius.
XLVIII. QUAND ce fut à Appius à dire son sentiment, il se leva et
parla en ces termes.
« Je vois bien, Messieurs, que les consuls ont résolu de rappeler les
révoltés à quelques conditions que ce puisse être, et que vous vous
rangez presque tous de leur sentiment. Comme il ne reste plus que moi
de tous ceux qui s'opposaient à la réconciliation, je m'aperçois que je fuis
odieux aux consuls et que je ne puis plus vous être utile. Je ne me désiste
pas néanmoins de mon premier sentiment et je ne trahirai jamais de plein
gré la cause de la république. Plus je serai abandonné de ceux qui
avaient d'abord embrassé mon parti, plus vous m'en estimerez un jour.
Pendant ma vie on me rendra les louanges que j'aurai méritées par ma
fermeté, et après ma mort la postérité en conservera la mémoire. Jupiter
que nous honorons au capitole, dieux tutélaires de notre ville, demi-dieux
et génies dont la protection s'étend sur toutes les terres des Romains,
faites que le rappel des fugitifs soit utile et avantageux à l'état ; faites que
je sois trompé moi-même dans ce que j'en augure de mauvais pour
l'avenir. Que si cette résolution des sénateurs cause quelque funeste
accident à la ville de Rome, ce qui ne tardera guère à paraître, daignez y
apporter un prompt remède et soutenez la république chancelante. Pour
moi qui n'ai jamais préféré les conseils agréables et flatteurs aux avis les
plus utiles, et qui ne puis aujourd'hui me résoudre à trahir l'état pour mes
intérêts et pour ma propre sûreté, je vous conjure de m'être favorables et
propices. Telles sont les prières que je fais aux dieux : car il serait inutile
de parler plus longtemps. Au reste, je persiste dans mon premier
sentiment, qui est d'accorder l'abolition des dettes aux plébéiens qui sont
restés à Rome, et de faire une guerre irréconciliable aux révoltés, tant
qu'ils auront les armes à la main. »
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