[6,66] Λωφήσαντος δὲ τοῦ θορύβου καὶ σιωπῆς
γενομένης σὺν χρόνῳ διαλεχθέντες τι πρὸς αὑτοὺς οἱ
ὕπατοι τέλος ἐξήνεγκαν τῆς ἑαυτῶν γνώμης τοιόνδε·
Ἡμεῖς, ὦ βουλή, μάλιστα μὲν ἠξιοῦμεν ἅπαντας ὑμᾶς
ὁμογνωμονεῖν, ἄλλως τε καὶ ταῦτα περὶ κοινῆς σωτηρίας
βουλευομένους· εἰ δὲ μή, τοῖς πρεσβυτέροις ὑμῶν
εἴκειν τοὺς νεωτέρους καὶ μὴ φιλονεικεῖν ἐνθυμουμένους, ὅτι
κἀκείνοις εἰς ταύτην ἐλθοῦσι τὴν ἡλικίαν
τῆς ἴσης ὑπάρξει τυγχάνειν τιμῆς παρὰ τῶν ἐγγόνων.
ἐπεὶ δ´ ὁρῶμεν εἰς ἔριν ὑμᾶς ἐκπεπτωκότας ὀλεθριωτάτην
τῶν ἀνθρωπίνων νόσων καὶ πολλὴν τὴν αὐθάδειαν
ὁμιλοῦσαν ὑμῶν τοῖς νέοις, νῦν μὲν ἐπεὶ βραχὺ
τὸ λειπόμενόν ἐστι τῆς ἡμέρας καὶ οὐκ ἂν δύναιτο
τέλος ἐν τούτῳ λαβεῖν τὰ δόξαντα ὑμῖν, ἄπιτ´ ἐκ τοῦ
συνεδρίου· εἰς δὲ τὸν ἐπιόντα σύλλογον ἥξετε μετριώτεροι
γενόμενοι καὶ γνώμας ἔχοντες ἀμείνους. εἰ δὲ
παραμενεῖ τὸ φιλόνεικον ὑμῖν, νέοις μὲν οὔτε δικασταῖς οὔτε
συμβούλοις ἔτι τῶν συμφερόντων χρησόμεθα,
ἀλλὰ καὶ εἰς τὸ λοιπὸν ἀνείρξομεν αὐτῶν τὴν
ἀκοσμίαν νόμῳ τάξαντες ἀριθμὸν ἐτῶν, ὃν δεήσει τοὺς
βουλεύσοντας ἔχειν· τοῖς δὲ πρεσβυτέροις ἀποδόντες
λόγον αὖθις, ἐὰν μηδὲν συμφέρωνται ταῖς γνώμαις,
ταχείᾳ τὴν φιλονεικίαν αὐτῶν λύσομεν ὁδῷ, ἣν ἄμεινόν
ἐστιν ὑμᾶς προακοῦσαι καὶ μαθεῖν. ἴστε δήπου
νόμον ἡμῖν ὑπάρχοντα, ἐξ οὗ τήνδε οἰκοῦμεν τὴν πόλιν,
πάντων εἶναι κυρίαν τὴν βουλήν, πλὴν ἀρχὰς ἀποδεῖξαι καὶ
νόμους ψηφίσαι καὶ πόλεμον ἐξενεγκεῖν ἢ
τὸν συνεστῶτα καταλύσασθαι· τούτων δὲ τῶν τριῶν
τὸν δῆμον ἔχειν τὴν ἐξουσίαν ψῆφον ἐπιφέροντα. ἐν
δὲ τῷ παρόντι οὐχ ὑπὲρ ἑτέρου τινὸς ἢ πολέμου καὶ
εἰρήνης βουλευόμεθα, ὥστε πολλὴ ἀνάγκη τὸν δῆμον
ἐπικυρῶσαι τὰς ἡμετέρας γνώμας ψήφου γενόμενον
κύριον. παραγγείλαντες δὴ τῷ πλήθει παρεῖναι κατὰ
τόνδε τὸν νόμον εἰς τὴν ἀγοράν, ἐπειδὰν ὑμεῖς ἀποδείξησθε
τὰς γνώμας, ἀποδώσομεν αὐτῷ τὴν ψῆφον,
οὕτως ἂν μάλιστα νομίσαντες ἀρθῆναι τὴν ἔριν ὑμῶν·
ὅ τι δ´ ἂν οἱ πλείους ψηφίσωνται, τοῦθ´ ἡγησόμεθα
κύριον. ἄξιοι δὲ δήπου ταύτης εἰσὶ τῆς τιμῆς τυγχάνειν οἱ
διαμένοντες εὖνοι τῇ πόλει καὶ μέλλοντες ἰσομοιρεῖν ἡμῖν
κακῶν τε καὶ ἀγαθῶν.
| [6,66] Quelque temps après, le tumulte s'apaisa et fut
suivi d'un grand silence. Alors les consuls délibérèrent un moment
ensemble, et dirent enfin ouvertement leur avis en ces termes.
XLV. NOUS souhaiterions, Messieurs, que vous fussiez tous
d'accord dans vos délibérations, surtout lorsqu'il s'agit du salut de la
république, ou du moins que les plus jeunes cédassent aux anciens, et
qu'au lieu de vouloir l'emporter à force de clameurs et de disputes, ils
eussent pour eux la même déférence qu'ils exigeront un jour de leurs
inférieurs en âge. Mais nous voyons avec chagrin que l'esprit de
contestation, la plus pernicieuse de toutes les maladies des hommes,
cause parmi vous des querelles sans fin, et; que les jeunes sénateurs se
portent aux derniers excès de fierté, d'arrogance : d'ailleurs il ne reste pas
assez de jour pour finir une affaire qui demande beaucoup de temps. Pour
toutes ces raisons nous sommes d'avis que vous vous retiriez chez vous.
et vous aurez la bonté de vous trouver à la prochaine assemblée du
sénat: mais préparez-vous à y assister avec un esprit de paix et de
modération et avec la retenue qui convient à des personnes de votre
rang. Que si les disputes continuent et encore, non seulement nous ne
nous servirons plus des jeunes sénateurs ni en qualité de juges ni en
qualité de conseillers dans les affaires importantes, mais afin d'arrêter de
force tous les désordres qu'ils pourraient causer, nous ferons une loi
qui déterminera l'âge nécessaire pour avoir droit de suffrage dans le
sénat. A l'égard des plus anciens, nous les assemblerons une seconde
fois pour délibérer : mais s'ils ne peuvent se réunir dans le même avis,
nous apaiserons leurs disputes par de prompts remèdes dont il est à
propos de vous instruire avant que d'en faire usage. Vous savez que nous
avons une loi aussi ancienne que cette ville, qui porte que le sénat doit
être le maitre de tout, excepté d'élire les magistrats, de faire de nouvelles
lois, de déclarer la guerre, et de conclure des traités de paix, et que ces
trois choses sont en la puissance du peuple qui doit en décider. Or,
Messieurs, nos délibérations ne roulent aujourd'hui que sur la guerre et la
paix. C'est donc une nécessité absolue que le peuple, comme maitre de
prononcer en dernier ressort, confirme nos décrets par les suffrages. En
vertu de cette loi nous convoquerons une assemblée du peuple, nous lui
communiquerons vos avis et puisque nous ne trouvons point d'autre
moyen d'apaiser vos disputes, nous regarderons comme ayant force de
loi tout ce qu'il aura décidé à la pluralité des voix. Ceux des plébéiens qui
sont restés à Rome, qui nous ont donné des preuves constantes de leur
attachement aux intérêts de la république, et qui sont disposés à partager
avec nous et le bien et le mal qui peut nous arriver, méritent bien sans
doute que nous leur fassions cet honneur.
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