HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Denys d'Halicarnasse, Les Antiquités romaines, livre VI (avec trad. française)

Chapitre 62

  Chapitre 62

[6,62] Ἀλλὰ πλεῖστον δὴ ἐν τούτῳ Μενήνιος ἐψεύσθη τῆς δόξης, ἀνὴρ σώφρων, {ὃς} ἐκ τῶν ἑαυτοῦ τρόπων τεκμαίρεται χρηστὰ ὑπὲρ ἑτέρων. ἐγκείσεται γὰρ ὑμῖν πέρα τοῦ δέοντος βαρὺς ὑπό τ´ αὐθαδείας, φιλεῖ περὶ τὸ κρατοῦν ἀεὶ γίνεσθαι, καὶ ἀφροσύνης, ἧς πλεῖστον ὄχλος μετέχει μέρος· κἂν εἰ μὴ ἐν ἀρχαῖς, χρόνῳ γοῦν ὕστερον καὶ ἐφ´ ἑκάστῳ χρήματι, ὧν ἂν δεηθεὶς μὴ τύχῃ, τὰ ὅπλα λαβὼν τὸν αὐτὸν τρόπον ὑμῖν σοβαρῶς ἐπιθήσεται. ὥστ´ εἰ τὰ πρῶτα συγχωρήσετε συμφέροντα εἶναι νομίσαντες, ἕτερόν τι χεῖρον εὐθὺς ἐπιταχθήσεσθε καὶ αὖθις ἄλλο τούτου χαλεπώτερον, ὡς φόβῳ καὶ τὰ πρῶτα ὑπακούσαντες, ἕως ἐκβάλωσιν ὑμᾶς τελευτῶντες τῆς πόλεως, ὡς ἐν πολλαῖς ἄλλαις καὶ τὰ τελευταῖα ἐν Συρακούσαις οἱ γεωμόροι πρὸς τῶν πελατῶν ἐξηλάθησαν. εἰ δ´ ἐπ´ ἐκείνων ἀγανακτήσαντες ἐναντιώσεσθε τοῖς αἰτήμασι, τί δή ποτ´ οὐκ αὐτόθεν ἄρχεσθε ἐλεύθερα φρονήματα ἔχειν; κρεῖττον γὰρ ἀπ´ ἐλάττονος αἰτίας ὁρμηθέντας πρὶν {} βλαβῆναί τι ἀποδείξασθαι τὸ γενναῖον, πολλὰ ὑπομείναντας τότε ἀγανακτεῖν περὶ τῶν γεγονότων καὶ μὴ ἐπιτρέπειν τὰ λοιπὰ καὶ ὀψὲ ἄρξασθαι νοῦν ἔχειν. φοβείτω δ´ ὑμῶν μηδένα μήτε τῶν ἀποστατῶν ἀνασεισμὸς μήτε τῶν ἀλλοφύλων πόλεμος· μήτε καταγινώσκετε τῆς οἰκείας δυνάμεως ὡς οὐχ ἱκανῆς οὔσης διασῶσαι τὴν πόλιν. μὲν γὰρ τῶν φυγάδων βραχεῖά ἐστιν ἰσχὺς καὶ οὔτε πολὺν ἀνθέξει χρόνον διαμένουσα, ὥσπερ νῦν, ὑπαίθριος {μένει} ὑπὸ καλύβαις ὥρᾳ ἔτους χειμερίῳ, πορίζεσθαι δὲ τὰ ἐπιτήδεια οὐχ ὅπως δι´ ἁρπαγῆς ἔτι δυνησομένη ἐπειδὰν τὰ ὄντα ἀναλώσῃ, ἀλλ´ οὐδ´ ἂν ἄλλοθεν ὠνητὰ ἐπεισάγεσθαι διὰ πενίαν, οἷς οὔτε ἰδίᾳ οὔτ´ ἐν κοινῷ χρήματά ἐστιν· οἱ δὲ πόλεμοι ταῖς περιουσίαις τῶν χρημάτων ὡς τὰ πολλὰ ἀντέχουσιν· ἀναρχία τ´ αὐτοῖς ὡς εἰκὸς καὶ στάσις ἐκ τῆς ἀναρχίας ἐμπεσοῦσα ταχὺ διαχεῖ {καὶ διαλύσει} τὰ βουλεύματα. οὐ γὰρ δὴ ἀξιώσουσιν οὔτε Σαβίνοις οὔτε Τυρρηνοῖς οὔτ´ ἄλλοις τισὶ τῶν ἀλλοφύλων παραδόντες σφᾶς αὐτούς, ἐκείνοις δουλεύειν, ὧν καὶ αὐτοί ποτ´ ἀφείλοντο τὴν ἐλευθερίαν σὺν ὑμῖν, καὶ μάλιστα οὐδὲ πιστευθήσονται πρὸς αὐτῶν οἱ κακῶς αὑτῶν τὴν πατρίδα καὶ αἰσχρῶς ἀπολέσαι προθυμηθέντες, μὴ οὐχὶ ὅμοια δράσειν τὴν ὑποδεξαμένην. ἀριστοκρατεῖται δὲ καὶ τὰ ἔθνη τὰ πέριξ ἡμῶν ἅπαντα, καὶ τὸ δημοτικὸν ἐν οὐδεμιᾷ πόλει μεταποιεῖται τῶν ἴσων, ὥστε οὐ δήπου οἱ προὔχοντες ἐν ἑκάστῃ πόλει τὸν οἰκεῖον οὐκ ἐῶντες παρακινεῖν ὄχλον, τοῦτον εἰσδέξονται τὸν ἔπηλυν καὶ στασιαστὴν εἰς τὴν ἑαυτῶν πατρίδα, μὴ μεταδόντες αὐτοὶ τῶν ὁμοίων σὺν χρόνῳ στερήσονται τῶν ἴσων. εἰ δ´ ἄρα γε γνώμης ἁμάρτοιμι καὶ παραδέξαιτό τις αὐτοὺς πόλις, ἐνταῦθα δὴ διαγινώσκοινθ´ ὡς ἂν πολέμιοί τε ὄντες καὶ τὰ πολεμίων πεισόμενοι. ἔχομεν δ´ αὐτῶν ὅμηρα πατέρας καὶ γαμετὰς καὶ τὴν ἄλλην συγγένειαν, ὧν οὐδ´ ἂν εὐχόμενοι κρείττονα παρὰ θεῶν αἰτησαίμεθα· οὓς ἐν ὄψει τῶν συγγενῶν στήσαντες ἀπολοῦμεν, εἰ τολμήσαιεν ὁμόσε χωρεῖν, ὡς ταῖς ἐσχάταις λώβαις διαχρησόμενοι. καὶ αὐτούς, εἰ τοῦτο μάθοιεν, εὖ ἴστε, ὅτι λήψεσθε ἀντιβολοῦντας, ὀλοφυρομένους, παραδιδόντας σφᾶς αὐτοὺς ἡμῖν δίχα τῶν ὅπλων, ἅπαντα ὑπομένοντας. δειναὶ γὰρ αἱ τοιαίδε ἀνάγκαι {καὶ} πάντας τοὺς αὐθάδεις λογισμοὺς κλάσαι καὶ καταβαλεῖν εἰς τὸ μηδέν. [6,62] c'est en quoi Menenius est bien loin de son compte. Il est homme prudent et intègre : mais il n'entend ni ses propres intérêts ni les vôtres, il croit que tout le monde lui ressemble, et son bon caractère le porte à juger trop favorablement des autres. Ne vous y trompez pas, le peuple déjà téméraire par une espèce de folie trop commune aux petites gens, et enflé d'ailleurs par sa victoire, vous accablera tôt ou tard. Peut-être gardera-t-il quelque modération dans les commencements : mais un temps viendra qu'à la moindre chose que vous lui refuserez, il prendra les armes pour vous insulter avec autant d'insolence qu'auparavant. Si donc vous lui accordez ses premières demandes comme si il y allait de votre intérêt, vous vous attirerez bientôt quelque chose de pis ; et comme les rebelles se persuaderont aisément qu'ils ne vous auront extorqué les premières grâces que par la crainte, le second mal sera suivi d'un troisième encore plus fâcheux, jusqu'à ce qu'enfin ils vous chassent de Rome. Tel a été le sort de plusieurs autres villes, et tout récemment celui de Syracuse d'où les maîtres et les légitimes possesseurs des terres ont été chassés par leurs fermiers et par leurs vassaux. Que si fatigués par l'importunité de la canaille vous êtes dans le dessein de vous opposer un jour à ses injustes prétentions, pourquoi ne commencez-vous pas dès aujourd'hui à montrer de la fermeté ? Ne vaut-il pas mieux prendre d'abord notre parti en gens de cœur avant qu'on nous ait accablés, que d'attendre à nous repentir de nos fautes, à arrêter le mal, et à devenir sages quand nous aurons déjà beaucoup souffert ? XXXVIII. QUE la révolte des mutins et les guerres des étrangers ne vous alarment point, et ne désespérez pas de vos forces domestiques comme si elles étaient insuffisantes pour garder la ville. Outre que celles des fugitifs ne sont pas considérables, s'ils font aujourd'hui bonne contenance pendant l'été, y a-t-il apparence qu'ils puissent durer pendant l'hiver dans des cabanes, exposés à toutes les rigueurs de la saison ? Où trouveront-ils de quoi subsister quand ils auront consumé leurs provisions ? Vivront ils de rapines ? Réduits à une extrême pauvreté, feront-ils venir des vivres des autres pays, eux qui n'ont point d'argent, ni en particulier ni en commun ? Il faut ordinairement de grandes sommes d'argent pour soutenir une guerre: quelle ressource auront-ils, eux qui manquent de tout ? Ne désespérons donc pas que la disette les fasse rentrer dans leur devoir. XXXIX. D'ailleurs l'anarchie fera naitre entre eux quelque sédition qui dissipera d'autant plus promptement tous leurs desseins qu'ils ne pourront trouver aucun appui. Iront-ils se livrer aux Sabins, aux Tyrrhéniens ou à quelque autre nation ? Se rendront-ils esclaves de ceux qu'ils ont autrefois dépouillés de leur liberté lorsqu'ils ne faisaient avec nous qu'un même corps de république ? Quand même ces esprits brouillons qui ont voulu ruiner leur patrie avec tant de lâcheté, rechercheraient le secours des nations étrangères, s'en fierait-on à eux ? N'y aurait-il pas lieu de craindre qu'ils ne traitassent de la même manière ceux qui leur accorderaient un asile ? Tous les peuples qui nous environnent sont gouvernés par la noblesse, il n'y a aucune de leurs villes ou le peuple prétende aux mêmes honneurs dont jouissent les magistrats. Ainsi les grands de chaque ville qui ne souffrent pas que leurs sujets remuent en aucune manière, ne recevront jamais dans leur patrie cette multitude d'étrangers séditieux, de peur qu'après lui avoir accordé les mêmes privilèges et les mêmes droits qu'aux originaires du pays elle n'en dépouille ses propres bienfaiteurs. Mais au pis aller, si je me trompais, et s'il se trouvait quelque ville qui reçût nos révoltés, ils s'y feraient bientôt reconnaître comme ennemis et seraient traités comme tels. XL. NOUS avons pour otages leurs femmes, leurs enfants, leurs pères et mères, et toute leur parenté. Pouvons nous demander aux dieux de plus précieux gages ? Et si les rebelles avaient l'audace de nous attaquer, ne serions-nous pas en droit d'égorger à leurs yeux tous ceux qui sont en ce notre puissance, pour leur faire voir qu'ils doivent s'attendre eux-mêmes à être punis de leur révolte par les derniers supplices. S'ils apprenaient que vous fussiez dans cette résolution, sachez qu'ils viendraient vous trouver en qualité de suppliants, qu'ils mettraient bas les armes, et qu'ils se rendraient à votre discrétion pour subir toutes les conditions qu'il vous plairait de leur imposer. Car une pareille nécessité est extrême : voir expirer ses parents dans les tourments les plus horribles, c'est un spectacle qui doit non seulement ébranler, mais encore faire rentrer, pour ainsi-dire, dans le néant les esprits les plus fiers et les plus orgueilleux.


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Dernière mise à jour : 13/07/2009