[6,6] Ὡς δ´ εἰς χεῖρας ἥξειν ἔμελλον, οἵ τε τῶν
Λατίνων στρατηγοὶ συγκαλέσαντες τοὺς σφετέρους
πολλὰ εἰς τὸ ἀνδρεῖον ἐπαγωγὰ καὶ δεήσεις τῶν στρατιωτῶν
μακρὰς διεξῆλθον, ὅ τε Ῥωμαῖος ὀρρωδοῦντας
ὁρῶν τοὺς σφετέρους, ὅτι πλήθει συνοίσονται μακρῷ
προὔχοντι τοῦ σφετέρου, ἐξελέσθαι τὸ δέος αὐτῶν ἐκ
τῆς διανοίας βουλόμενος συνεκάλεσεν εἰς ἐκκλησίαν·
καὶ παραστησάμενος τοὺς πρεσβυτάτους τῶν ἐκ τοῦ
βουλευτικοῦ συνεδρίου καὶ τιμιωτάτους ἔλεξε τοιάδε·
Θεοὶ μὲν ἡμῖν ὑπισχνοῦνται δι´ οἰωνῶν τε καὶ σφαγίων καὶ
τῆς ἄλλης μαντικῆς ἐλευθερίαν τῇ πόλει
παρέξειν καὶ νίκην εὐτυχῆ, ἀμοιβάς τε ἡμῖν ἀποδιδόντες
ἀγαθάς, ἀνθ´ ὧν αὐτοὺς σέβοντες καὶ τὰ δίκαια
ἀσκοῦντες ἐν παντὶ τῷ βίῳ {ἡμῶν} διετελέσαμεν, καὶ
τοῖς ἐχθροῖς ἡμῶν νεμεσῶντες κατὰ τὸ εἰκός, ὅτι πολλὰ
καὶ μεγάλα πεπονθότες ὑφ´ ἡμῶν ἀγαθὰ συγγενεῖς τε
ὄντες καὶ φίλοι καὶ τοὺς αὐτοὺς ὀμωμοκότες ἕξειν
ἐχθροὺς καὶ φίλους, ἁπάντων ὑπεριδόντες τούτων πόλεμον
ἐπιφέρουσιν ἡμῖν ἄδικον, οὐχ ὑπὲρ ἀρχῆς καὶ
δυναστείας, ὁποτέρους ἡμῶν μᾶλλον αὐτὴν ἔχειν προσῆκεν·
ἧττον γὰρ ἂν ἦν δεινόν· ἀλλ´ ὑπὲρ τῆς Ταρκυνίων
τυραννίδος, ἵνα δούλην ἀντ´ ἐλευθέρας τὴν
πόλιν αὐτοῖς ποιήσωσι. χρὴ δὲ καὶ ὑμᾶς, ἄνδρες λοχαγοί τε
καὶ στρατιῶται, μαθόντας, ὅτι συμμάχους ἔχετε
τοὺς θεούς, οἵπερ αἰεὶ τὴν πόλιν σώζουσιν, ἄνδρας
ἀγαθοὺς γενέσθαι περὶ τόνδε τὸν ἀγῶνα· ἐπισταμένους, ὅτι
τῆς παρὰ θεῶν βοηθείας ὑπάρχει τυγχάνειν
τοῖς γενναίως ἀγωνιζομένοις καὶ πάντα τὰ παρ´ ἑαυτοῖς εἰς
τὸ νικᾶν πρόθυμα παρεχομένοις, οὐ τοῖς φεύγουσιν ἐκ τῶν
κινδύνων, ἀλλὰ τοῖς βουλομένοις ὑπὲρ
ἑαυτῶν ταλαιπωρεῖν. ὑπάρχει δ´ ἡμῖν πολλὰ μὲν καὶ
ἄλλα πλεονεκτήματα πρὸς τὸ νικᾶν ὑπὸ τῆς τύχης
παρεσκευασμένα, τρία δὲ πάντων κάλλιστα καὶ φανερώτατα.
| [6,6] VIII. QUAND on fut sur le point d'en venir aux mains, les chefs de
l'armée Latine employèrent les discours et les prières pour exhorter leurs
soldats à combatte avec valeur. Le dictateur au contraire voyant les siens
épouvantés par la multitude des ennemis qui leur étaient de beaucoup
supérieurs en nombre, s'efforça de les rassurer. Accompagné des plus
âgés et des plus illustres sénateurs il s'avança au milieu de ses troupes et
leur tint ce discours.
« Romains, les dieux se déclarent en notre faveur, les entrailles des
victimes, les augures, et toutes sortes de présages promettent à la ville de
Rome la liberté avec une heureuse victoire. C'est la récompense de notre
piété, de notre assiduité constante dans leur culte, du zèle et de
l'attachement inviolable que nous avons toujours eu pour la justice. Ils
sont au contraire justement irrités contre nos ennemis ; contre ces ingrats,
qui après tant de bienfaits dont nous les avons comblés, malgré les liens
de la parenté et de l'amitié qui devraient les unir à nous, au mépris du
serment par lequel ils se sont engagés à n'avoir point d'autres amis ni
d'autres ennemis que ceux de la république, osent aujourd'hui nous faire
une guerre injuste, non pas pour nous disputer l'empire et la supériorité
(ce qui serait un crime beaucoup moins odieux,) mais pour rétablir les
Tarquins sur le trône et pour réduire sous leur tyrannie une ville jalouse
de sa liberté. Convaincus que les dieux qui ne cessent de conserver
Rome, seront vos défenseurs, il faut, soldats et centurions, que vous
animiez votre courage, et que vous vous comportiez, en braves gens
dans le combat. Soyez persuadés qu'ils n'accordent leur protection qu'à
ceux qui se battent vaillamment, et qui font tous leurs efforts pour vaincre.
Il n'est promis ce secours du ciel, qu'à ceux qui s'exposent volontiers aux
fatigues de la guerre ; les lâches et les timides qui redoutent tous les
dangers, se flattent en vain de l'obtenir.
IX. Outre plusieurs avantages qui vous ouvrent un chemin sûr à la
victoire, j'en trouve trois principaux, que la fortune vous présente
d'elle-même, et sur lesquels vous pouvez entièrement compter.
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