[6,56] Ἀλλ´ ὅτι μὲν δεῖ καταλύσασθαι τὴν στάσιν,
εἴποι τις ἄν, οὐχ ἧττον ἡμεῖς ἐγνώκαμεν καὶ πολλὴν
παρεσχήμεθα προθυμίαν· πῶς δ´ ἂν καταλυσαίμεθ´
αὐτήν, τοῦτο πειρῶ λέγειν. ὁρᾷς γάρ, ὅση περὶ τὸν
δῆμόν ἐστιν αὐθάδεια, ὃς οὔτε πέμπει πρὸς ἡμᾶς περὶ
διαλύσεων αὐτὸς ἀδικῶν οὔτε τοῖς ὑφ´ ἡμῶν ἀποσταλεῖσιν
ἀποκρίνεται πολιτικὰς καὶ φιλανθρώπους ἀποκρίσεις, ἀλλ´
ὑπερηφανεῖ καὶ ἀπειλεῖ, καὶ εἰκάσαι ῥᾴδιον
οὐκ ἔστιν ὅ τι βούλεται. πρὸς δὲ ταῦτα τί παραινῶ
νῦν πράττειν, ἀκούσατέ μου. ἐγὼ τὸν δῆμον οὔτ´
ἀδιαλλάκτως οἴομαι πρὸς ἡμᾶς ἔχειν οὔτε δράσειν τι, ὧν
ἀπειλεῖ, τεκμαιρόμενος, ὅτι οὐκ ἔστιν ὅμοια τοῖς λόγοις
αὐτοῦ τὰ ἔργα, πολὺ δὲ μᾶλλον ἡμῶν ἐσπουδακέναι
περὶ τὰς διαλύσεις {οἴομαι}. ἡμεῖς μὲν γὰρ καὶ πατρίδα τὴν
τιμιωτάτην κατοικοῦμεν καὶ βίους καὶ οἴκους
καὶ γενεὰς καὶ πάντα τὰ πλείστου ἄξια ἐν ταῖς ἰδίαις
ἐξουσίαις ἔχομεν· ὁ δ´ ἄπολις καὶ ἀνέστιός ἐστι καὶ
τῶν ἀναγκαιοτάτων αὐτῷ στέρεται σωμάτων βίου τε
τοῦ καθ´ ἡμέραν οὐκ εὐπορεῖ. τίνος οὖν χάριν, εἴ τις
ἔροιτό με, τὰς προκλήσεις οὐ δέχεται τὰς ἡμετέρας
ὅμως κακοπαθῶν αὐτός τε οὐδὲν ἐπιπρεσβεύεται πρὸς
ἡμᾶς, ὅτι νὴ Δία, φαίην ἄν, ἄχρι τοῦδε λόγων ἀκούει
παρὰ τῆς βουλῆς, ἔργον δ´ οὐδὲν ὁρᾷ γινόμενον ἐξ
αὐτῶν οὔτε φιλάνθρωπον οὔτε μέτριον, ἐξηπατῆσθαί
τε οἴεται πολλάκις ὑφ´ ἡμῶν ὑπισχνουμένων ἀεί τινα
πρόνοιαν αὐτοῦ ποιήσεσθαι, μηδὲν δὲ προνοουμένων.
πρεσβείας δὲ πέμπειν οὐχ ὑπομένει διὰ τοὺς ἐνθάδε
κατηγορεῖν εἰωθότας αὐτοῦ δεδοικώς τε μή τινος, ὧν
ἀξιοῖ, διαμάρτῃ. τάχα δ´ ἄν τι καὶ φιλοτιμίας ἀνοήτου
περὶ αὐτὸν εἴη πάθος· καὶ οὐδέν γε θαυμαστόν, ἐπεὶ
καὶ ἐν ἡμῖν αὐτοῖς εἰσί τινες, οἷς τὸ δύσερι τοῦτο καὶ
φιλόνεικον ἔνεστιν ἰδίᾳ τε καὶ κοινῆ οὐκ ἀξιοῦσιν ἡττᾶσθαι
τοῦ ἀντιπάλου, ἀλλ´ ἐκ παντὸς ἀεὶ ζητοῦσι
περιεῖναι τρόπου καὶ μὴ πρότερον χαρίζεσθαί τι, ἢ
λαβεῖν τὸ μέλλον εὖ πάσχειν ὑποχείριον. ἐννοούμενος
δὴ ταῦτα οἴομαι δεῖν πρεσβείαν ἀποσταλῆναι πρὸς
τοὺς δημοτικοὺς ἐκ τῶν μάλιστα πιστευομένων· τοὺς
δ´ ἀποσταλησομένους ἄνδρας αὐτοκράτορας εἶναι παραινῶ,
διαλυσομένους αὐτοῖς τὴν στάσιν, ἐφ´ οἷς ἂν
αὐτοὶ δικαιῶσι, καὶ μηδὲν ἔτι τῇ βουλῇ προσαναφέροντας·
αὐτοὶ γὰρ εἴσονται τοῦτο. οἱ δὲ νῦν ὑπεροπτικοὶ δοκοῦντες
εἶναι καὶ βαρεῖς μαθόντες, ὅτι ἀληθῶς
σπουδάζετε περὶ τὴν ὁμόνοιαν, καὶ εἰς ἐπιεικεστέρας
συγκαθήσουσιν αἱρέσεις, οὐδὲν ἀξιοῦντες οὔτε τῶν
αἰσχρῶν οὔτε τῶν ἀδυνάτων. τὸ γὰρ ἠρεθισμένον
ἅπαν, ἄλλως τε κἂν ταπεινὸν ᾖ, πρὸς μὲν τοὺς
ὑπερηφανοῦντας ἀγριαίνεσθαι φιλεῖ, πρὸς δὲ τοὺς
θεραπεύοντας ἡμεροῦσθαι.
| [6,56] XXVI. MAIS, me dira quelqu'un, nous voyons aussi bien que vous
qu'il faut apaiser la sédition, et nous ne demandons pas mieux. Il s'agit
seulement de savoir comment s'y prendre. Tachez, Agrippa, de nous en
donner les moyens si vous pouvez. Vous voyez vous-même jusqu'où va
l'entêtement du peuple : il est plus insolent que jamais. Quoique ce soit lui
qui nous ait offensés, il ne fait point de démarches pour obtenir le pardon,
il n'a pas même répondu civilement à l'ambassade que nous lui avons
envoyée, il l'a traitée avec une arrogance extrême. Il persiste dans sa
fierté, il nous menace et on ne saurait deviner ce qu'il veut. Hé bien,
Messieurs, puisque vous me demandez mon avis, il faut vous le dire :
écoutez donc ce que je vous conseillerais de faire. Je ne puis croire que
le peuple refuse absolument de se réconcilier avec nous, ni qu'il en
vienne à l'exécution de ses menaces ; nous en avons une preuve en ce
que sa conduite ne répond point à ses paroles. Je suis persuadé au
contraire qu'il désire la paix plus ardemment que nous-mêmes. En effet
nous sommes dans notre chère patrie, en possession de nos biens, au
milieu de nos familles, de nos pères et mères, et de tout ce que les
hommes ont de plus cher: au lieu que le peuple est sans ville, sans
maisons, sans feu ni lieu, séparé de ses proches et destitué des secours
les plus nécessaires pour la vie. Mais, me direz-vous, s'il est dans une si
grande détresse, pourquoi rejette-t-il nos proportions d'accommodement ?
Pourquoi ne nous envoie-t-il pas une ambassade pour ménager sa
réconciliation ? Faut-il s'en étonner, Messieurs ? Jusqu'aujourd'hui il n'a
reçu du sénat que des paroles sans effet. Nous n'avons rien fait en sa
faveur de tout ce que l'humanité et la bienveillance semblent exiger de
nous. Persuadé qu'il est que nous l'avons déjà trompé plusieurs fois en lui
promettant toujours de penser à lui, mais sans jamais en venir à
l'exécution de nos promesses, peut-il maintenant compter sur nous ?
D'ailleurs s'il ne peut se résoudre à nous envoyer une ambassade, c'est
qu'il y a toujours ici des accusateurs prêts à s'élever contre lui : en un mot
c'est qu'il craint d'être rebuté et de ne rien obtenir. Peut-être même y a t-il
un peu de folie et de sot entêtement dans sa conduite. Mais après tout il
ne faut pas tant s'en étonner. N'y a-t-il pas aussi parmi nous des
personnes possédées de cet esprit d'entêtement et de contention, qui ont
le défaut si commun à la plupart des hommes, de ne jamais céder à leurs
adversaires, de prétendre toujours avoir le dessus, et de n'accorder
aucune grâce qu'à ceux qui leur sont entièrement dévoués et qui se
soumettent sans réserve à leur autorité ?
XXVII. Toutes ces raisons bien pesées, je crois qu'il faut envoyer une
ambassade au peuple, composée de sénateurs en qui il ait confiance,
avec plein pouvoir de négocier la paix aux conditions qu'ils jugeront à
propos, sans faire davantage aucun rapport au sénat sur cette matière.
Les plébéiens qui paraissent maintenant si fiers, deviendront alors plus
traitables. Dès qu'ils verront que l'on emploiera les voies de la douceur,
persuadés que l'on veut sincèrement se raccommoder avec-eux ils ne
proposeront que des conditions justes et raisonnables, sans rien exiger
d'impossible ou de honteux pour nous. C'est le caractère de tous les
esprits irrités, mais particulièrement des petites gens : traitez-les avec
hauteur, ils s'effarouchent de plus en plus, dès que vous les prenez par la
douceur, ils deviennent plus dociles et se laissent gagner. »
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