[6,55] Καὶ γὰρ ἄνδρα ἕνα καὶ πόλιν ὅλην ἐπὶ ταῖς
καλλίσταις τῶν ἰδίων πράξεων φιλοτιμεῖσθαι χρή, καὶ
τὰς λοιπὰς ὅπως ὁμολογούμεναι ταύταις ἔσονται σκοπεῖν.
ὑμεῖς τοίνυν ἤδη πολλοὺς πολεμίους, ὑφ´ ὧν τὰ μέγιστα
ἠδικήθητε, ὑποχειρίους λαβόντες, οὔτ´ ἀνελεῖν
οὔτ´ ἐκβαλεῖν ἐκ τῶν ἰδίων ἐβουλήθητε, ἀλλὰ καὶ οἴκους
καὶ κλήρους αὐτοῖς ἀπέδοτε, καὶ πατρίδας οἰκεῖν, ἐξ
ὧν ἔφυσαν, εἰάσατε, ἰσοψήφοις τ´ εἶναι καὶ πολίταις
ὑμετέροις ἤδη τισὶν ἐξ αὐτῶν ἐχαρίσασθε. τούτου δ´
ἔτι θαυμασιώτερον ἔργον ὑμῶν ἔχω λέγειν, ὅτι καὶ
τῶν ὑμετέρων πολιτῶν πολλοὺς μεγάλα εἰς ὑμᾶς
ἐξαμαρτόντας ἀφήκατε τῶν τιμωριῶν, εἰς αὐτοὺς μόνους
ἀποσκήψαντες τοὺς αἰτίους τὴν ὀργήν, ὧν ἦσαν οἵ τε
Ἀντέμνας κληρουχήσαντες καὶ Κρουστομέρειαν καὶ
Μεδύλλειαν καὶ Φιδήνην καὶ ἄλλοι συχνοί. τί γὰρ δεῖ
πάντας ἐξαριθμεῖσθαι νυνί, οὓς ὑμεῖς ἐκ πολιορκίας
κρατηθέντας μετρίως ἐνουθετήσατε καὶ πολιτικῶς; καὶ
οὐκ ἔσθ´ ὅπως ἢ κινδυνός τις διὰ ταῦτα κατέλαβε τὴν
πόλιν ἢ ψόγος, ἀλλ´ ἐπαινεῖταί τε ὑμῶν τὸ ἐπιεικὲς
καὶ οὐδὲν ἠλάττωται τοῦ ἀσφαλοῦς. ἔπειτα οἱ τῶν
πολεμίων φειδόμενοι τοῖς φίλοις πολεμήσετε, καὶ οἱ
τὰ ὑποχείρια γενόμενα μεθιέντες ἀζήμια τοὺς
συγκατακτησαμένους ὑμῖν τὴν ἀρχὴν ζημιώσετε, πόλιν τε
τὴν αὐτῶν ὑμῶν παρέχοντες ἅπασι τοῖς δεομένοις ἀσφαλῆ
καταφυγήν, ταύτης ἀπελαύνειν ὑπομενεῖτε τοὺς αὐθιγενεῖς,
οἷς καὶ συνετράφητε καὶ συνεπαιδεύθητε καὶ
πολλῶν ἐκοινωνήσατε κακῶν τε καὶ ἀγαθῶν ἐν εἰρήνῃ
τε καὶ κατὰ πολέμους; οὐκ, ἐὰν τά γε δίκαια καὶ τὰ
προσήκοντα τοῖς ὑμετέροις ἔθεσι βούλησθε πράττειν
καὶ χωρὶς ὀργῆς κρίνητε τὸ συμφέρον.
| [6,55] Que chaque citoyen en particulier,
de même que la ville entière, se rappelle le souvenir de ses grands
exploits, qu'il s'excite soi-même par une noble émulation à de grandes
entreprises, que sans se démentir il en soutienne la gloire jusqu'à la fin,
en sorte que les secondes ne dégénèrent jamais de l'éclat des
premières.
XXIV. VOUS avez déjà subjugué plusieurs ennemis qui vous avaient
fait de grandes injustices. Cependant, loin de les exterminer ou de les
chasser de leur pays, vous leur avez rendu et leurs maisons et leurs
héritages, leur permettant de demeurer à l'avenir dans la patrie qui leur
avait donné la naissance. Vous avez même accordé à d'autres le droit de
bourgeoisie et de suffrages dont jouissaient vos propres citoyens. Mais ce
qu'il y a de plus glorieux, c'est que plusieurs de vos citoyens ayant
commis envers vous des fautes considérables, vous leur avez tout
pardonné ; contents de décharger votre colère sur les seuls auteurs de la
révolte. Vos colonies d'Antemne, de Crustumerie, de Medullie et de
Fidènes sont de ce nombre, sans parler de plusieurs autres. Qu'est-il
besoin de faire l'énumération de tous les peuples que vous avez traités
avec douceur et en bons maîtres après avoir emporté leurs villes
d'assaut? Cette clémence a-t-elle causé quelques pertes à la république ?
Rome en a-t-elle souffert, et s'est-elle vue moins en sûreté qu'auparavant ?
Lui a-t-on reproché sa trop grande douceur ? Non sans doute : sa
clémence lui a attiré les éloges de tous les peuples vaincus et sa gloire en
est devenue plus éclatante.
XXV. APRES cela, Messieurs, vous qui avez pardonné à vos
ennemis, ferez-vous la guerre à vos amis ? Vous qui avez remis toute la
peine aux vaincus, maltraiterez-vous ceux qui vous ont aidé a conserver
l'empire ? Apres avoir fait de votre ville une retraite assurée pour tous
ceux qui en avaient besoin, vous résoudrez-vous à en chasser les
habitants naturels qui ont été nourris et élevés parmi vous, et qui ont
également partagé les biens et les maux, tant dans la paix que dans la
guerre ? Non, Romains, vous n'en userez pas ainsi, pour peu que vous
vouliez ne pas renoncer à l'équité qui a toujours fait votre caractère, et
que vous examiniez sans colère et sans prévention ce qui vous est utile.
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