[6,53] Τῷ μέν τ´ ἐπιχωρίῳ καὶ τέκνων καὶ γυναικῶν
καὶ γονέων καὶ πολλῶν ἄλλων σωμάτων οἰκείων
ὅμηρά ἐστιν ἐνθάδε, καὶ αὐτοῦ νὴ Δία τοῦ θρέψαντος
αὐτοὺς ἐδάφους ὁ πόθος, ἀναγκαῖος ὢν ἅπασι καὶ οὐκ
ἐξαιρετός· ὁ δ´ ἐπίκλητός γε οὑτοσὶ καὶ ἐπίσκηνος
ὄχλος, εἰ γένοιτο ἡμῖν σύνοικος, οὐδενὸς αὐτῷ τούτων
ἐνθάδε ὄντος, ὑπὲρ τίνος ἂν ἀξιώσειε κινδυνεύειν ἀγαθοῦ, εἰ
μή τις αὐτῷ γῆς τε ὑπόσχοιτο μέρη δώσειν
καὶ πόλεως μοῖραν ὅσην δή τινα τοὺς νῦν κυρίους
αὐτῶν ἀφελόμενος, ὧν οὐκ ἀξιοῦμεν τοῖς πολλάκις
ἀγωνισαμένοις ὑπὲρ αὐτῶν πολίταις μεταδιδόναι; καὶ
ἴσως ἂν οὐδὲ τούτοις ἀρκεσθείη δοθεῖσι μόνοις, ἀλλὰ
καὶ τιμῶν καὶ ἀρχῶν καὶ τῶν ἄλλων ἀγαθῶν ἐξ ἴσου
τοῖς πατρικίοις ἀξιώσειε μεταλαμβάνειν. οὐκοῦν εἰ
μὲν οὐκ ἐπιτρέψομεν ἕκαστα τῶν αἰτουμένων, ἐχθροῖς
τοῖς μὴ τυγχάνουσι χρησόμεθα; εἰ δὲ συγχωρήσαιμεν,
ἡ πατρὶς ἡμῖν οἰχήσεται καὶ ἡ πολιτεία πρὸς ἡμῶν
αὐτῶν καταλυομένη. καὶ οὐ προστίθημι ἐνταῦθα, ὅτι
πολεμεῖν ἐπιτηδείων σωμάτων ἡμῖν ἐν τῷ παρόντι δεῖ,
οὐ γεωργῶν οὐδὲ θητῶν οὐδὲ ἐμπόρων οὐδὲ τῶν περὶ
τὰς βαναύσους τέχνας ἀσχολουμένων, οὓς ἅμα δεήσει
μανθάνειν τὰ πολεμικὰ καὶ πεῖραν αὐτῶν διδόναι·
χαλεπὴ δὲ πεῖρα τῶν μὴ ἐν ἔθει· ἀνάγκη δὲ τοιούτους εἶναι
τοὺς σύγκλυδας καὶ ἐκ παντὸς ἔθνους μετανισταμένους.
στρατιωτικὴν γὰρ οὔτε ὁρῶ συμμαχίαν
ἡμῖν οὐδεμίαν συνεστῶσαν οὔτ´, εἰ φανείη τις ἐκ τοῦ
ἀδοκήτου, παραινέσαιμ´ ἂν ὑμῖν παραδέξασθαι αὐτὴν
τοῖς τείχεσι προχείρως, πολλὰς ἄλλας ἐπιστάμενος πόλεις
ταῖς εἰσαχθείσαις ἐπὶ φυλακῇ στρατιαῖς δεδουλωμένας.
| [6,53]
Les originaires du pays ont ici leurs femmes, leurs enfants, leur pères et
mères, plusieurs autres personnes qui les touchent de près et qui nous
servent d'otages : ajoutez à cela l'amour de la patrie que tout homme
porte nécessairement dans son cœur sans jamais s'en défaire. Au
contraire cette populace d'étrangers que nous prétendons mettre à leur
place n'aurait parmi nous aucun de ces gages précieux dont je viens de
parler. Si donc elle s'établissait à Rome pour faire société avec les
anciens habitants, pourrions-nous l'obliger à courir les dangers qui nous
menacent, à moins qu'on ne s'engageât de lui donner des terres en
propre et qu'on ne lui assignat plusieurs quartiers de la ville qu'il faudrait
ôter à ceux qui en sont aujourd'hui les possesseurs légitimes? Mais
conviendrait-il d'accorder à ces nouveaux venus ce que nous avons
refusé à des citoyens qui ont tant de fois combattu pour la patrie ?
XX. PEUT-ÊTRE même cette populace non contente de ce qu'on lui
aura donné, voudrait-elle encore aller de pair avec les patriciens, et
partager les honneurs, les charges et les autres biens. Si donc nous ne lui
accordions pas tout ce qu'elle demanderait, elle deviendrait notre
ennemie : si au contraire nous le lui accordions, l'état périrait, le
gouvernement serait bouleversé, et nous en serions la cause.
XXI. Je n'ajoute point que dans la situation présente nous avons
besoin de soldats aguerris, et non pas de laboureurs, de fermiers, de
mercenaires, de marchands ou d'artisans, à qui il faudrait apprendre le
métier de la guerre dans le temps même qu'ils devraient donner des
preuves de leur habileté au milieu des combats, et qui trouveraient ces
exercices d'autant plus difficiles qu'une troupe d'étrangers ramassés de
toutes sortes de nations, tels que je les suppose, n'en aurait aucun usage.
Je ne vois point en effet qu'il se présente des troupes auxiliaires pour
nous secourir, et quand il s'en offrirait dans le temps que nous en
attendons le moins, je ne vous conseillerais pas de les recevoir aussitôt
dans l'enceinte de vos murailles, vous qui n'ignorez pas que plusieurs
villes ont été opprimées par des troupes étrangères qu'elles avaient
reçues dans l'espérance d'en tirer quelque secours.
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