[6,52] Ἀλλ´ ἴσως ἔγωγε τετύφωμαι ταῦτα λέγων καὶ
τὰ μὴ δεινὰ ἀξιῶ δεδιέναι· τῇ πόλει δ´ οὐδὲν ἕτερον
ἤδη που κινδυνεύεται ἢ μεταβολή, πρᾶγμα οὐ χαλεπόν,
κατὰ πολλήν τ´ ἂν ἡμῖν εὐπέτειαν ἐκ παντὸς ἔθνους
καὶ τόπου θῆτά τε καὶ πελάτην ὄχλον εἰσδέξασθαι
γένοιτο. τουτὶ γάρ ἐστιν, ὃ πολλοὶ θρυλοῦσι τῶν
ἐναντιουμένων τῷ δημοτικῷ, καὶ μὰ Δί´ οὐχ οἱ φαυλότατοι.
εἰς τοῦτο γὰρ ἤδη τινὲς ἥκουσιν εὐηθείας,
ὥστε μὴ γνώμας εἰσηγεῖσθαι σωτηρίους, ἀλλ´ εὐχὰς
λέγειν ἀδυνάτους, οὓς ἡδέως ἂν ἐροίμην, ποία μὲν
ἡμῖν χρόνου δοθήσεται περιουσία περὶ ταῦτα τὰ πράγματα
γινομένοις οὕτως ἐγγὺς ὄντων τῇ πόλει τῶν
ἐχθρῶν; ποία δὲ συγγνώμη τῷ χρονισμῷ καὶ τῇ μελλήσει
τῶν ἐλευσομένων συμμάχων, ἐν οὐ χρονίζουσιν
οὐδὲ μέλλουσι δεινοῖς; τίς δ´ ὁ παρέξων τὸ ἀσφαλὲς
ἀνὴρ ἢ θεὸς καὶ κατὰ πολλὴν ἡσυχίαν συνάξων ἐκ
παντὸς τόπου καὶ παραπέμψων δεῦρο τὴν ἐπικουρίαν;
ἔτι δὲ δή, οἱ τὰς ἑαυτῶν πατρίδας ἐκλείψοντες καὶ
πρὸς ἡμᾶς μεταναστησόμενοι τίνες ἔσονται; πότερον
οἱ οἰκήσεις τε καὶ ἐφέστια καὶ βίους καὶ τὸ τιμᾶσθαι
παρὰ τοῖς πολίταις διὰ πατέρων ἐπιφάνειαν ἢ δόξαν
οἰκείας ἀρετῆς ἔχοντες; καὶ τίς ἂν ὑπομείνειε τὰ οἰκεῖα
παραλιπὼν ἀγαθὰ τῶν ἀλλοτρίων γλίσχρως μεταλαβεῖν
κακῶν; οὐ γὰρ εἰρήνης καὶ τρυφῆς μεταληψόμενοι δεῦρο
ἥξουσιν, ἀλλὰ κινδύνων καὶ πολέμου, ἐξ ὧν ἄδηλον,
εἰ κατορθωθήσεται τὸ τέλος. ἢ τὸ δημοτικὸν καὶ ἀνέστιον
ἐπαξόμεθα πλῆθος, οἷον καὶ τὸ ἐνθένδε ἀπελαθὲν ἦν,
δηλονότι καὶ διὰ χρέα καὶ καταδίκας καὶ
τὰς ὁμοιοτρόπους ταύταις συμφορὰς ἀγαπητῶς ὅποι
ἂν τύχῃ μεθιδρυσόμενον; ὃ κἂν τἆλλα χρηστὸν ᾖ
καὶ μέτριον, ἵνα καὶ τοῦτ´ αὐτοῖς χαρισώμεθα, διὰ
τοῦτό γε τοι τὸ μήτε οἰκεῖον εἶναι μήτε ὁμοδίαιτον,
μήτε ἐθισμῶν καὶ νόμων καὶ παιδείας ἔσεσθαι τῆς
παρ´ ἡμῖν ἔμπειρον, μακρῷ δή που καὶ τῷ παντὶ κάκιον ἂν
εἴη τοῦ παρ´ ἡμῖν.
| [6,52] XVIII. MAIS je m'échauffe peut-être sans sujet, et je prends l'alarme
où il n'y a rien à craindre. Rome, me dira-t-on, n'est menacée que de
quelque changement. Après tout ce n'est pas un si grand malheur,
puisqu'il nous sera aisé de recevoir une troupe de mercenaires, de
fermiers et de clients de toutes les nations. Car voila ce que la plupart
des ennemis des plébéiens nous répètent à tous moments ; et
certainement, à les entendre, leurs raisons ne sont pas si frivoles qu'on le
pourrait croire. Je ne crains pas de le dire, Messieurs, il y en a qui sont
venus jusqu'à un tel point de folie qu'ils n'enfantent plus que des souhaits
impossibles, au lieu de donner des avis salutaires à la république. Pour
moi je leur demanderais volontiers, combien il nous restera de temps pour
exécuter de semblables projets, pendant que l'ennemi s'approche de nos
remparts ? Est-ce en effet une chose excusable que d'attendre
tranquillement du secours de la part des alliés tandis que le mal nous
presse sans nous donner de relâche ?
XVIII. Quel est donc le dieu ou quel est l'homme qui nous mettra à
couvert et qui nous fera jouir d'une tranquillité entière pendant qu'il
ramassera de toutes parts et qu'il nous amènera les secours dont nous
avons besoin ? D'ailleurs qui sont les peuples qui voudront abandonner
leur patrie pour venir s'enfermer avec nous ? Ceux qui ont dans leur pays
une demeure assurée, qui vivent au milieu de leurs familles, qui y
jouissent des biens et des honneurs qu'ils ont hérités de leurs pères ou
acquis par leur propre mérite, pourront-ils se résoudre à quitter tous ces
avantages pour venir partager avec nous les maux qui nous accablent ?
Car il est évident que ces prétendus alliés ne viendront pas ici pour y jouir
des douceurs de la paix et pour vivre dans les délices, puisque nous
n'avons à leur offrir que les travaux et les dangers d'une guerre intestine
dont le succès est incertain.
XIX. QUI ferons-nous donc venir ? Sera-ce une populace errante et
vagabonde, comme ceux que nous avons chassés d'ici ; gens accablés
de dettes, qui pour éviter les poursuites de leurs créanciers, les jugements
et autres malheurs semblables, ne se soucieront guère d'aller s'établir au
premier endroit que la fortune leur présentera ? Oui, Messieurs, je
suppose pour un moment que cette populace ne soit composée que de
gens de bien, d'esprits tranquilles et modérés : avec tout cela, pour être
pire et nous accommoder encore moins que le petit peuple de Rome, il
suffit qu'elle ne soit point née avec nous, ni faite à nos manières, à nos
lois, à nos coutumes, à notre discipline et à notre gouvernement.
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