[6,49] Ὁ δὲ δῆμος, ἐπειδὴ παρῆν ὁ χρόνος,
ἐν ᾧ τὰς ἀρχὰς ἐπικυροῦν ἔδει συνελθόντας εἰς τὸ
πεδίον, οὐδενὸς οὔτε μετιόντος τὴν ὑπατείαν οὔτε διδομένην
ὑπομένοντος λαβεῖν, αὐτὸς ἀποδείκνυσιν ὑπάτους
ἐκ τῶν εἰληφότων ἤδη τὴν ἀρχὴν ταύτην δήμῳ
τε κεχαρισμένους ἄνδρας καὶ ἀριστοκρατίᾳ, Πόστομον
Κομίνιον καὶ Σπόριον Κάσσιον, ὑφ´ οὗ Σαβῖνοι
καταπολεμηθέντες τῆς ἡγεμονίας ἀπέστησαν, ἐπὶ τῆς
ἑβδομηκοστῆς καὶ δευτέρας ὀλυμπιάδος, ἣν ἐνίκα στάδιον
Τισικράτης Κροτωνιάτης, ἄρχοντος Ἀθήνησι Διογνήτου.
οὗτοι παραλαβόντες τὴν ἀρχὴν καλάνδαις
Σεπτεμβρίαις θᾶττον ἢ τοῖς προτέροις ἔθος ἦν, πρὶν
ἢ τῶν ἄλλων τι διαπράξασθαι βουλὴν συγκαλέσαντες
περὶ τῆς καθόδου τῶν δημοτικῶν λέγειν ἠξίουν, ἥν
τινα διάνοιαν ἔχει, πρῶτον ἀποφήνασθαι παρακαλοῦντες
ἄνδρα ἡλικίας ἐν τῇ κρατίστῃ τότε ὄντα καὶ συνέσει
δοκοῦντα τῶν ἄλλων διαφέρειν, μάλιστα δ´ ἐπὶ
τῇ προαιρέσει τῶν πολιτευμάτων ἐπαινούμενον, ὅτι
τῆς μέσης τάξεως ἦν, οὔτε τὴν αὐθάδειαν τῶν
ἀριστοκρατικῶν αὔξων οὔτε τῷ δήμῳ ὅσα βουληθείη
πράττειν ἐπιτρέπων, Ἀγρίππαν Μενήνιον· ὃς ἐπὶ τὰς
διαλλαγὰς τὴν βουλὴν παρεκάλει τάδε λέγων· Εἰ μὲν
ἅπασιν, ὦ βουλή, τοῖς παροῦσι τὴν αὐτὴν γνώμην
συνέβαινεν ἔχειν, καὶ μηδεὶς ἔμελλε ταῖς πρὸς τὸν
δῆμον διαλλαγαῖς ἐμποδὼν ἔσεσθαι, ἐφ´ οἷς δὲ διαλυσόμεθα
πρὸς αὐτοὺς εἴτε δικαίοις οὖσιν εἴτε μή,
ὅμως ταῦτα προὔκειτο μόνον σκοπεῖν, δι´ ὀλίγων ἂν
ὑμῖν ἐδήλωσα λόγων, ἃ φρονῶ. ἐπεὶ δὲ καὶ αὐτὸ τοῦτό
τινες οἴονται βουλῆς ἔτι δεῖν, πότερον ἡμῖν ἄμεινόν
ἐστι συμβῆναι πρὸς τοὺς ἀφεστηκότας ἢ πολεμεῖν, οὐχ
ἡγοῦμαι ῥᾴδιον εἶναί μοι δι´ ὀλίγης δηλώσεως, ὅ τι
χρὴ πράττειν παραινέσαι, ἀλλ´ ἀνάγκη διὰ πλειόνων
διδάξαι λόγων τοὺς πρὸς τὰς διαλλαγὰς ἀλλοτρίως
ἔχοντας ὑμῶν, ὅτι τἀναντία συμπείθουσιν ἢ καὶ δεδίττεσθαι
μέλλοντες ὑμᾶς τὰ φαυλότατα τῶν χαλεπῶν
καὶ ῥᾳδίας ἔχοντα τὰς ἐπανορθώσεις ὀρρωδοῦντας τῶν
μεγίστων τε καὶ ἀνιάτων ἱκανῶς ἀπερισκέπτως ἔχουσι.
καὶ τοῦτο πεπόνθασι παρ´ οὐδὲν ἕτερον ἢ ὥστε λογισμῷ μὴ
κρίνειν τὸ συμφέρον, ἀλλὰ θυμῷ καὶ μανίᾳ.
πῶς γὰρ ἂν οὗτοι λέγοιντο προορᾶσθαί τι τῇ διανοίᾳ
τῶν χρησίμων ἢ δυνατῶν, οἵ τινες ὑπολαμβάνουσι
τηλικαύτην πόλιν καὶ τοσούτων πραγμάτων κυρίαν ἤδη
ἐπίφθονόν τε καὶ λυπηρὰν τοῖς περιοίκοις γιγνομένην,
ἢ δίχα τοῦ δημοτικοῦ δυνήσεσθαι κατέχειν τε καὶ
σώζειν τὰ ἔθνη ῥᾳδίως, ἢ ἕτερον ἐπάξεσθαι δῆμον
ἀντὶ τοῦ πονηροτέρου κρείττονα, ὃς αὐτοῖς προπολεμήσει τε
τῆς ἀρχῆς καὶ κατὰ πολλὴν ἡσυχίαν συμπολιτεύσεται,
παρέχων καὶ ἐν εἰρήνῃ καὶ κατὰ πολέμους
ἑαυτὸν μέτριον; οὐδὲν γὰρ ἂν ἕτερον ἔχοιεν εἰπεῖν,
ᾧ πιστεύοντες ἀξιώσουσιν ὑμᾶς μὴ δέχεσθαι τὰς διαλλαγάς.
| [6,49] Quand le jour destiné pour les comices fut arrivé,
on s'assembla dans le champ de Mars pour procéder à l'élection.
Personne ne se présenta pour briguer la magistrature, et même on ne
trouva pas de sujets qui parussent disposés à l'accepter. C'est pourquoi le
peuple élut par lui-même Postumus Cominius et Spurius Cassius, tous
deux agréables aux plébéiens et aux patriciens. Ils avaient déjà passé par
cette charge. C'était sous leurs auspices que les Sabins vaincus par la
force des armes s'étaient désistés de leurs prétentions à l'empire. Leur
second consulat tombe dans la soixante-douzième olympiade en laquelle
Tisicrate de Crotone remporta le prix de la course dans les jeux
olympiques, Diognète étant archonte à Athènes. Ils entrèrent en charge
aux calendes, c'est-à-dire le premier jour de Septembre, plutôt que leurs
prédécesseurs n'avaient accoutumé d'y entrer.
XI. Leur premier soin fut d'assembler le sénat pour délibérer sur le
rappel du peuple. Menenius Agrippa fut le premier a qui ils demandèrent
son avis. C'était un homme d'un âge mûr, d'une prudence consommée, et
plus entendu que les autres. Sur tout il s'était acquis une haute estime par
sa sagesse dans le gouvernement, ayant toujours gardé le milieu entre
les plébéiens et les patriciens, sans entretenir la fierté de ceux-ci ni
fomenter la licence effrénée de la populace. Voici le discours qu'il
prononça pour exhorter les sénateurs de faire la paix avec le peuple.
« Si tous ceux qui sont ici, Pères conscrits, n'avaient que le même
sentiment et la même vue ; si personne n'était dans la disposition de
mettre obstacle à l'accommodement qu'il faut conclure avec le peuple à
quelques conditions que ce soit, justes ou non justes et si nous n'avions
qu'à examiner les moyens de réunir les esprits : il ne serait pas besoin
d'un long discours pour vous expliquer ma pensée. Mais comme il se
trouve quelques sénateurs qui croient qu'il reste encore à délibérer lequel
vaut mieux pour nous, ou d'entrer en composition avec les mécontents,
ou de leur déclarer une guerre ouverte, il ne me paraît pas facile de
m'expliquer en peu de mots sur le parti que nous devons prendre dans
des conjonctures si fâcheuses.
XII. IL faut m'étendre beaucoup sur ce sujet pour faire voir que ceux
d'entre vous qui s'opposent a la réconciliation du peuple, vous donnent
des avis entièrement contraires à vos véritables intérêts, et qu'en
augmentant votre crainte par les difficultés les plus légères et les plus
faciles a lever, ils ne pensent point à beaucoup d'autres plus
considérables dont il est presqu'impossible de se tirer. Il est aisé de voir
que ceux-là n'agissent de la sorte, que parce qu'ils consultent moins la
raison que la colère et la fureur qui les animent.
XIII. EN effet, Messieurs, dira-t-on qu'ils prévoient ce qui est possible
ou ce qui doit être avantageux a l'état, eux qui se persuadent qu'une aussi
grande ville que Rome, qui a déjà fait tant de choses que la puissance est
devenue insupportable aux peuples voisins et lui a attiré la jalousie de
toutes les nations, peut aisément, sans le secours des plébéiens, retenir
dans le devoir et conserver les nations qui lui font soumises, ou retrouver
à la place des révoltés un autre peuple meilleur et plus fidèle, qui
combattra avec eux pour la gloire de l'empire et qui vivra parmi nous dans
une parfaite tranquillité, sans jamais s'écarter des règles de la modestie et
de l'obéissance, non seulement pendant la guerre, mais encore dans les
temps de paix ? Car il est certain qu'ils ne peuvent alléguer d'autres
raisons que celle-là pour nous détourner de recevoir des propositions
d'accommodement.
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