[6,48] Ἐδόκει ταῦτα τῇ βουλῇ· καὶ μετὰ ταῦτα
προχειρισαμένη τοὺς ἐπιτηδειοτάτους διεπέμψατο πρὸς
τοὺς ἐπὶ τοῦ χάρακος, ἐντειλαμένη πυνθάνεσθαι παρ´
αὐτῶν, τίνος δέονται καὶ ἐπὶ τίσι δικαίοις ἀξιοῦσιν
εἰς τὴν πόλιν ἀναστρέφειν· εἰ γὰρ εἴη τι μέτριον καὶ
δυνατὸν τῶν αἰτημάτων, οὐκ ἐναντιώσεσθαι σφίσι τὴν
βουλήν. νῦν μὲν οὖν αὐτοῖς ἀποθεμένοις τὰ ὅπλα καὶ
κατιοῦσιν εἰς τὴν πόλιν ἄδειαν ὑπάρξειν τῶν ἡμαρτημένων,
καὶ εἰς τὸν ἀπὸ τοῦδε χρόνον ἀμνηστίαν· ἐὰν
δὲ τὰ κράτιστα βουλεύωσι τῷ κοινῷ καὶ προθύμως
κινδυνεύωσι περὶ τῆς πατρίδος, ἀμοιβὰς καλὰς καὶ
λυσιτελεῖς. ταύτας οἱ πρέσβεις τὰς ἐντολὰς κομισάμενοι
ἀπέδοσαν τοῖς ἐπὶ στρατοπέδου καὶ τὰ ἀκόλουθα
διελέχθησαν. οὐ δεξαμένων δὲ τῶν ἀποστατῶν τὰς
προκλήσεις, ἀλλ´ ὑπεροψίαν καὶ βαρύτητα καὶ πολλὴν
εἰρωνείαν τοῖς πατρικίοις ὀνειδισάντων, εἰ προσποιοῦνται
μὲν ἀγνοεῖν, ὧν ὁ δῆμος δεῖται καὶ δι´ ἃς
ἀνάγκας ἀπ´ αὐτῶν ἀπέστη, χαρίζονται δ´ αὐτῷ τὴν
ἄδειαν τοῦ μηδεμίαν ὑποσχεῖν τῆς ἀποστάσεως δίκην,
ὥσπερ ἔτι κύριοι, τῆς βοηθείας γε αὐτοὶ δεόμενοι τῆς
πολιτικῆς οἱ ἐπὶ τοὺς ὀθνείους πολέμους οὐκ εἰς μακρὰν
ἐλευσομένους πανστρατιᾷ, πρὸς οὓς οὐδ´ ἀντᾶραι
δυνήσονται, οἳ οὐ σφέτερον ἡγοῦνται τὸ σωθῆναι ἀγαθόν,
ἀλλὰ τῶν συναγωνιουμένων εὐτύχημα· τέλος δὲ
τοῦτον προσθέντων τὸν λόγον, ὡς ἄμεινον ἤδη αὐτοὶ
μαθόντες τὰς κατεχούσας τὴν πόλιν ἀπορίας, γνώσονται
πρὸς οἵους ἀντιπάλους αὐτοῖς ἔσται ὁ ἀγών, καὶ πολλὰς καὶ
χαλεπὰς ἀπειλὰς ἐπανατειναμένων· οἱ μὲν
πρέσβεις οὐδὲν ἔτι πρὸς ταῦτα ἀντειπόντες ἀπηλλάττοντο
καὶ τὰ παρὰ τῶν ἀποστατῶν τοῖς πατρικίοις
ἐδήλωσαν, ἡ δὲ πόλις, ἐπειδὴ τὰς ἀποκρίσεις ταύτας
ἔλαβεν, ἐν ταραχαῖς καὶ δείμασι πολλῷ χαλεπωτέροις
ἢ πρόσθεν ἐγένετο, καὶ οὔτε ἡ βουλὴ πόρον εὑρεῖν
οἵα τε ἦν οὔτ´ ἀναβολάς, δυσφημιῶν δὲ καὶ κατηγοριῶν, ἃς
οἱ προεστηκότες αὐτῆς ἐποιοῦντο κατ´ ἀλλήλων, ἐπὶ πολλὰς
ἀκούουσα ἡμέρας διελύετο· οὔτε τὸ
δημοτικὸν πλῆθος, ὅσον ἔτι παρέμενεν εὐνοίᾳ τῶν
πατρικίων ἢ πόθῳ τῆς πατρίδος ἠναγκασμένον, ὅμοιον
ἦν, ἀλλὰ καὶ τούτου φανερῶς τε καὶ κρύφα πολὺ μέρος
διέρρει, βέβαιον δ´ οὐδὲν τῶν καταλειπομένων ἐδόκει
εἶναι. τούτων δὲ γενομένων οἱ μὲν ὕπατοι· καὶ γὰρ
ἦν βραχὺς ὁ λειπόμενος αὐτοῖς ἔτι τῆς ἀρχῆς χρόνος·
ἡμέραν ἔστησαν ἀρχαιρεσιῶν.
| [6,48] VII. Le sénat approuva cet avis : on choisit aussitôt les plus propres
pour l'ambassade, et on les envoya au camp. Ils avaient ordre de
demander aux rebelles ce qu'ils souhaitaient et à quelles conditions ils
voulaient revenir à Rome : de leur annoncer que pourvu qu'ils
n'exigeassent rien qui ne fût juste et possible, le sénat n'avait pas dessein
de s'opposer à leurs demandes ; qu'il était prêt de leur accorder une
amnistie générale et le pardon de leurs fautes passées, dès qu'ils
voudraient mettre les armes bas et revenir à Rome, que dans la suite s'ils
servaient l'état comme de bons citoyens en s'exposant courageusement
au dernier danger pour la défense de la patrie, on les en récompenserait
d'une manière qui ne leur ferait pas moins d'honneur que de profit.
VIII. LES ambassadeurs s'en allèrent au camp des rebelles pour leur
communiquer les ordres qu'ils avaient reçus ; ils y ajoutèrent ce qui leur
parut nécessaire dans l'occasion. Mais les révoltés, loin d'écouter leurs
proportions, se déchaînèrent contre les patriciens. Ils leur reprochaient
leur arrogance, leur cruauté, l'ironie continuelle avec laquelle ils agissaient
envers le peuple : qu'il ne leur convenait guère de faire semblant d'ignorer
ce que le peuple souhaitait, et pour quelles raisons il s'était séparé d'avec
eux : qu'il leur convenait encore moins de lui promettre le pardon, comme
s'ils eussent encore été les maitres, eux qui avaient besoin du secours de
tous les citoyens pour se défendre contre les ennemis du dehors prêts à
tomber sur Rome avec une armée formidable dont ils ne pourraient pas
même soutenir le premier choc : que c'était s'y prendre bien mal, de
vouloir persuader aux mécontents qu'il y allait plus de leur bonheur et de
leur avantage que de celui des patriciens de se réunir tous ensemble pour
conserver l'état et pour repousser l'ennemi commun. Enfin la conclusion
de leur réponse fut que les patriciens savaient mieux que tout autre à
quelles extrémités la ville était réduite, et qu'ils sauraient bientôt à quels
ennemis ils auraient à faire. Ces discours furent accompagnés de tant de
rudes menaces que les députés n'ayant plus rien à répondre, prirent le
parti de s'en retourner à Rome pour faire leur rapport au sénat du
mauvais succès de leur négociation.
IX. UNE nouvelle si fâcheuse fut pas plutôt arrivée à Rome qu'elle
augmenta le trouble et la terreur dans tous les quartiers de la ville. Le
sénat ne trouvait plus aucun moyen ni de guérir le mal ni d'en arrêter le
cours. Il tint des assemblées pendant plusieurs jours de suite : mais elles
se passèrent toutes en disputes et en accusations que formaient les
principaux sénateurs l'un contre l'autre, et on se sépara sans rien
terminer. De l'autre côté le peuple qui était resté à Rome ou par
attachement pour les patriciens ou par l'amour de la patrie, commençait à
entrer dans les mêmes dispositions que les révoltés. Il en désertait tous
les jours une bonne partie, les uns ouvertement, les autres en cachette,
de sorte que le sénat ne pouvait plus compter sur rien, pas même sur
ceux qui restaient encore à Rome.
X. DANS ces fâcheuses conjonctures, les consuls qui n'avaient plus
que très peu de temps à rester en charge, indiquèrent une assemblée
pour une nouvelle élection.
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