[6,46] Ὡς δ´ ἠγγέλθη ταῦτα τοῖς ἐν τῇ πόλει,
πολὺς θόρυβος καὶ οἰμωγὴ ἦν καὶ διὰ τῶν στενωπῶν
δρόμος, τοῦ μὲν δήμου καταλιπεῖν τὴν πόλιν
παρασκευαζομένου, τῶν δὲ πατρικίων ἀποτρέπειν ἀξιούντων
καὶ βίαν τοῖς μὴ βουλομένοις προσφέρειν· βοή τε περὶ
τὰς πύλας καὶ πολὺς ἀνακλαυθμὸς ἦν λόγοι τε κατ´
ἀλλήλων ἐχθροὶ καὶ ἔργα πολεμίων ἐγίνοντο οὐκέτι
διακρίνοντος οὐδενὸς οὔτε ἡλικίαν οὔτε ἑταιρίαν οὔτε
ἀξίωσιν ἀρετῆς. ἐπειδὴ δ´ οἱ ταχθέντες ὑπὸ τῆς βουλῆς
φρουρεῖν τὰς ἐξόδους· ἦσαν γὰρ δὴ ὀλίγοι καὶ
οὐχ ἱκανοὶ ἔτι ἀντέχειν· ἐκβιασθέντες ὑπὸ τοῦ δήμου
κατέλιπον τὴν φυλακήν, τότε ἤδη τὸ δημοτικὸν πολὺ
ἐξεχεῖτο, καὶ τὸ πάθος ἦν ἁλώσει πόλεως ἐμφερές,
οἰμωγή τε τῶν ὑπομενόντων καὶ κατάμεμψις ἀλλήλων
ἐγίνετο ἐρημουμένην τὴν πόλιν ὁρώντων. μετὰ τοῦτο
βουλαί τε συχναὶ καὶ κατηγορίαι τῶν αἰτίων τῆς ἀποστάσεως
ἐγίνοντο. ἐν δὲ τῷ αὐτῷ καιρῷ καὶ τὰ πολέμια
ἔθνη ἐπετίθεντο αὐτοῖς προνομεύοντα τὴν γῆν ἄχρι
τῆς πόλεως. οἱ μέντοι ἀποστάται τὸν ἀναγκαῖον ἐπισιτισμὸν
ἐκ τῶν πλησίον ἀγρῶν λαμβάνοντες, ἄλλο δ´
οὐδὲν τὴν χώραν κακουργοῦντες, ἔμενον ὑπαίθριοι καὶ
τοὺς προσιόντας ἐκ τῆς πόλεως καὶ τῶν πέριξ φρουρίων
ὑπελάμβανον συχνοὺς ἤδη γινομένους. οὐ γὰρ
μόνον οἱ τὰ χρέα καὶ τὰς καταδίκας καὶ τὰς προσδοκωμένας
ἀνάγκας διαφυγεῖν προαιρούμενοι συνέρρεον
ὡς αὐτούς, ἀλλὰ καὶ τῶν ἄλλων, ὅσοις ὁ βίος ἦν ἀργὸς ἢ
ῥᾴθυμος ἢ ταῖς ἐπιθυμίαις χορηγεῖν οὐχ ἱκανὸς
ἢ πονηρῶν ἐπιτηδευμάτων ζηλωτὴς ἢ φθονερὸς ταῖς
ἑτέρων εὐτυχίαις ἢ δι´ ἄλλην τινὰ συμφορὰν ἢ αἰτίαν
ἀλλοτρίως διακείμενος τῇ καθεστώσῃ πολιτείᾳ.
| [6,46] IV. Cette nouvelle portée à Rome excita beaucoup une grande foule
de troubles et répandit la désolation de toutes parts. On voyait les rues
pleines de citoyens qui couraient ça et là. D'un côté le peuple se préparait
à abandonner la ville. De l'autre les patriciens voulaient l'en empêcher, et
même faire violence à ceux qui résistaient. On n'entend auprès des portes
de Rome que des cris, que des gémissements, que des paroles
injurieuses. On en vient même aux coups, on se traite comme ennemis,
sans distinction d'âge, sans égard pour l'ancienne amitié, sans respecter
ni la vertu ni le mérite. Les soldats à qui le sénat a ordonné de garder les
avenues, se trouvent trop faibles pour arrêter la multitude, bientôt ils sont
contraints d'abandonner leur poste, et le peuple ne trouvant plus de
résistance sort en si grande foule qu'on dirait que la ville vient d'être
emportée d'assaut par les ennemis. L'air retentit des hurlements de ceux
qui sont restés dans l'enceinte des murailles, et qui s'accusent
mutuellement d'être cause que la ville est abandonnée de ses citoyens.
Après cela les sénateurs tiennent conseil. On s'assemble à différentes
reprises, on forme des accusations et l'on invective contre les auteurs de
la retraite du peuple. Dans le même temps les ennemis faisaient des
courses sur les terres des Romains qu'ils ravageaient jusqu'au pic des
murailles de la ville. Pour ce qui est des révoltés, ils se contentaient d'aller
chercher les provisions nécessaires dans les terres voisines, sans faire
d'autre dégât. Ils restaient en pleine campagne ou sur les montagnes, et
recevaient une foule de peuple qui allait se joindre a eux, tant de la ville,
que des châteaux voisins. Leur nombre s'augmentait considérablement
de jour en jour. Ce n'était pas seulement les citoyens endettés, ni ceux qui
craignaient les jugements, la punition ou quelque violence, qui se
joignaient aux révoltés : c'était aussi tous ceux qui vivaient dans l'oisiveté
et dans la paresse, ceux qui n'avaient pas de quoi satisfaire à leurs
passions, qui ne se portaient qu'au mal, qui enviaient la prospérité des
autres, ceux enfin que le malheur des temps ou quelque autre raison avait
indisposés contre le gouvernement.
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