[6,45] Ταῦτ´ εἰπὼν τὸ μὲν δημοτικὸν ἅπαν εἰς
συμπάθειαν ὑπηγάγετο, καὶ προὔπεμψαν αὐτὸν ἐκ τῆς
ἀγορᾶς ἀπιόντα· τὴν δὲ βουλὴν ἔτι χαλεπωτέραν αὐτῷ
γενέσθαι παρεσκεύασεν. εὐθὺς δὲ μετὰ τοῦτο τάδε
ἐγίνετο· οἱ μὲν πένητες οὐκέτι κρύφα οὐδὲ νύκτωρ
ὡς πρότερον, ἀλλ´ ἀναφανδὸν ἤδη συνιόντες ἐβούλευον
ἀπόστασιν ἐκ τῶν πατρικίων· ἡ δὲ βουλὴ κωλύειν
διανοουμένη τοῖς ὑπάτοις ἐπέταξε μήπω λύειν τὰ
στρατεύματα. τῶν γὰρ τριῶν ταγμάτων ἑκάτερος ἔτι
κύριος ἦν τοῖς στρατιωτικοῖς ὅρκοις κατειργομένων
καὶ οὐδεὶς ἀπολείπεσθαι τῶν σημείων ἠξίου· τοσοῦτον
ἴσχυσεν ὁ τῶν ὅρκων ἐν ἑκάστῳ φόβος. πρόφασις δὲ
κατεσκευάσθη τῆς στρατείας, ὡς Αἰκανῶν καὶ Σαβίνων
συνεληλυθότων εἰς ἓν ἐπὶ τῷ κατὰ Ῥωμαίων πολέμῳ.
ὡς δὲ προῆλθον ἔξω τῆς πόλεως οἱ ὕπατοι τὰς δυνάμεις
ἔχοντες καὶ τὰς παρεμβολὰς οὐ πρόσω ἀπ´ ἀλλήλων ἔθεντο,
συνελθόντες οἱ στρατιῶται εἰς ἓν ἅπαντες,
ὅπλων τε καὶ σημείων ὄντες κύριοι, Σικιννίου τινὸς
Βελλούτου παροξύναντος αὐτοὺς ἀφίστανται τῶν ὑπάτων
ἁρπάσαντες τὰ σημεῖα· τιμιώτατα γὰρ Ῥωμαίοις
ταῦτ´ ἐπὶ στρατείας καὶ ὥσπερ ἱδρύματα θεῶν ἱερὰ
νομίζονται· λοχαγούς τε ἑτέρους καὶ περὶ πάντων ἄρχοντα
τὸν Σικίννιον ἀποδείξαντες, ὄρος τι καταλαμβάνονται
πλησίον Ἀνίητος ποταμοῦ κείμενον, οὐ πρόσω
τῆς Ῥώμης, ὃ νῦν ἐξ ἐκείνου Ἱερὸν ὄρος καλεῖται.
τῶν δ´ ὑπάτων καὶ λοχαγῶν μετακαλούντων αὐτοὺς
ἅμα δεήσει καὶ οἰμωγῇ καὶ πολλὰ ὑπισχνουμένων
ἀπεκρίνατο ὁ Σικίννιος· Τίνα γνώμην ἔχοντες, ὦ πατρίκιοι,
οὓς ἀπηλάσατε ἐκ τῆς πατρίδος καὶ ἀντ´ ἐλευθέρων δούλους
ἐποιήσατε, νῦν μετακαλεῖτε; ποίᾳ δὲ
πίστει τὰς ὑποσχέσεις ἡμῖν ἐμπεδώσετε, ἃς πολλάκις
ἤδη ψευσάμενοι ἐλέγχεσθε; ἀλλ´ ἐπειδὴ μόνοι τὴν πόλιν
ἀξιοῦτε κατέχειν, ἄπιτε μηδὲν ὑπὸ τῶν πενήτων καὶ ταπεινῶν
ἐνοχλούμενοι· ἡμῖν δ´ ἀρκέσει πᾶσα γῇ, ἐν ᾗ ἂν τὸ ἐλεύθερον
ἔχωμεν, ὁποία ποτ´ ἂν ᾖ, νομίζεσθαι πατρίς.
| [6,45] XV. Tout le peuple extrêmement touché de ce discours reconduisit
le dictateur depuis la place publique jusqu'à la maison, et cette dernière
démarche irrita de plus en plus le sénat contre lui. Voici ce qui arriva ensuite.
CHAPITRE SIXIEME.
I. APRES la harangue du dictateur Valerius, les pauvres citoyens ne
gardent plus de mesures comme auparavant. Ce n'est plus en cachette ni
pendant la nuit qu'ils s'assemblent-, c'est en public et en plein jour, et déjà
ils pensent sérieusement à se séparer des patriciens. Le sénat de son
côté ne néglige rien pour les retenir dans les bornes du devoir : il défend
aux consuls de licencier les troupes jusqu'à nouvel ordre. Car il était
encore entièrement maître des légions sacrées qui fidèles à leur serment
militaire n'osaient quitter leurs étendards, tant elles avaient de respect pour
leurs engagements. Afin de les retenir sous les armes, il prit pour prétexte
que les Aeques et les Sabins levaient une armée dans le dessein de faire
la guerre au peuple Romain. Mais ces précautions ne produisirent pas
l'effet qu'on en avait attendu.
II. DES que les consuls furent sortis de Rome à la tête de l'armée et
qu'ils eurent assis leur camp à quelque distance l'un de l'autre, tous les
soldats le réunirent ensemble, et à l'instigation d'un certain Sicinnius
Bellutus ils abandonnèrent leurs commandants. Quoiqu'animés de l'esprit
de révolte, ils eurent néanmoins la précaution de se saisir de leurs armes,
et surtout d'emporter avec eux leurs étendards. Car les Romains lorsqu'ils
sont en campagne, n'ont rien de plus cher ni de plus respectable que ces
précieux gages qu'ils regardent comme autant d'images des dieux. Après
avoir créé de nouveaux centurions et choisi Sicinnius pour leur chef, ils
s'emparèrent d'une certaine montagne voisine du fleuve du Teverone. Elle
n'est pas fort éloignée de Rome et à cause de leur retraite on la nomme
aujourd'hui le Mont-Sacré.
III. Les consuls et leurs anciens capitaines eurent beau les rappeler ;
ils employèrent en vaines prières, les larmes et les promesses : Sicinnius
chef des révoltés leur répondit en ces termes. Que voulez vous donc.
patriciens ? Quel est votre dessein ? A quoi pensez-vous de rappeler
aujourd'hui en vain ceux que vous avez chassés de leur patrie en les
dépouillant de leur liberté pour les réduire sous l'esclavage ? Quel gage
pouvez-vous nous donner de vos promesses après avoir tant de fois
manqué à votre parole ? Puisque vous voulez être les seuls maitres de la
ville, allez y exercer votre domination sans craindre que les pauvres et le
menu peuple vous incommodent. Pour nous, nous voulons nous retirer.
Tout pays nous est bon ; nous y vivrons contents pourvu que nous y
trouvions la liberté, et nous le regarderons comme notre patrie en quelque
climat qu'il puisse être.
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