[6,44] Εἰ μὲν οὖν ὁ δῆμος εὖ προπαθὼν ἐξέλιπε
τὰς δι´ ἐμοῦ τῇ βουλῇ γενομένας ὑποσχέσεις, ἐκεῖνά
μοι ἀπολογητέα ἦν, ὅτι ἐψεύσασθε ὑμεῖς, ἐν ἐμοὶ δ´
οὐδὲν κακούργημα ἦν· ἐπεὶ δὲ τὰ παρὰ τῆς βουλῆς
ὁμολογηθέντα οὐ γέγονεν ὑμῖν ἐπιτελῆ, πρὸς τὸν δῆμον
ὁ λόγος ἤδη ἀναγκαῖος γίγνεταί μοι, ὅτι οὐκ ἐμοὶ
συνδοκοῦντα πεπόνθατε, ἀλλ´ ὁμοίως πεφενακίσμεθα
καὶ παραλελογίσμεθα ἀμφότεροι, καὶ μᾶλλον ὑμῶν ἐγώ,
ὅς γε οὐχ ἃ κοινῇ ἠπάτημαι μετὰ πάντων μόνον ἀδικοῦμαι,
ἀλλὰ καὶ ὅσα ἰδίᾳ κακῶς ἀκήκοα, ὡς δὴ τά τε
παρὰ τῶν πολεμίων ἁλόντα οὐ μετὰ κοινῆς γνώμης
τοῦ συνεδρίου τοῖς ἀπόροις ὑμῶν βουλόμενος ἰδίαν
ὠφέλειαν περιποιήσασθαι παρασχὼν καὶ τὰς τῶν πολιτῶν
οὐσίας δημεύειν ἀξιῶν ἐκείνης γε κωλυούσης καὶ
μὴ παρανομεῖν, στρατιάς τ´ ἐναντιουμένων τῶν βουλευτῶν
ἀφεικώς, δέον ὑπὸ ταῖς ἀγραυλίαις καὶ πλάναις
ἐν τῇ πολεμίᾳ κατέχειν ὑμᾶς. ὠνείδισται δέ μοι
καὶ ἡ τῶν κληρούχων εἰς Οὐολούσκους ἐκπομπή, ὅτι
γῆν πολλὴν καὶ ἀγαθὴν οὐ τοῖς πατρικίοις οὐδὲ τοῖς
ἱππεῦσιν ἐχαρισάμην, ἀλλὰ τοῖς ἀπόροις ὑμῶν διένειμα·
καὶ ὃ μάλιστά μοι τὴν πλείστην ἀγανάκτησιν παρέσχεν,
ὅτι πλείους ἢ τετρακόσιοι ἄνδρες ἐκ τοῦ δήμου τοῖς
ἱππεῦσι προσκατελέγησαν ἐπὶ τῆς στρατολογίας βίων
εὐπορήσαντες. εἰ μὲν οὖν ἀκμάζοντί μοι τὸ σῶμα
ταῦτα προσέπεσε, δῆλον ἂν ἔργῳ ἐποίησα τοῖς ἐχθροῖς,
οἷον ὄντα με ἄνδρα προὐπηλάκισαν· ἐπειδὴ δ´ ὑπὲρ
ἑβδομήκοντα ἔτη γέγονα καὶ οὐ δυνατὸς ἔτι ἀμύνειν
ἑαυτῷ εἰμι ὁρῶ τε, ὅτι οὐκ ἂν ἔτι ὑπ´ ἐμοῦ παύσαιτο
ἡ στάσις ὑμῶν, ἀποτίθεμαι τὴν ἀρχὴν καὶ ἐπὶ τοῖς
βουλομένοις τὸ σῶμα ἐμαυτοῦ ποιῶ, εἴ τι οἴονται ὑπ´
ἐμοῦ ἐξηπατῆσθαι, χρήσασθαί μοι ὅτι ἂν δικαιῶσι.
| [6,44] XIV. Si le peuple après avoir été comblé de bienfaits, faussait les
promesses que j'aurais faites de sa part au sénat, il me serait aisé de
répondre que toute la tromperie viendrait de vous sans qu'il y eût de ma
faute, mais c'est le sénat qui refuse d'exécuter ce qu'il vous a promis : il
est donc absolument nécessaire de me justifier dans votre esprit, et de
vous prouver que je n'y ai pas donné mon consentement. En effet, on m'a
joué aussi bien que vous, et même je suis le plus lésé, puisqu'outre le tort
qu'on me fait en me trompant avec tous les autres, j'ai encore le chagrin
de me voir accusé personnellement. On me reproche d'avoir cherché mes
propres intérêts en distribuant aux pauvres plébéiens sans la participation
du sénat, tout le butin que nous avons fait sur les ennemis, de vouloir
confisquer les biens des citoyens malgré l'opposition des sénateurs,
d'avoir violé la discipline militaire en vous licenciant contre la volonté du
sénat, qui prétend que j'aurais dû vous retenir dans le pays ennemi à
errer ça et là et à essuyer inutilement les fatigues de la guerre. On me fait
aussi un crime d'avoir envoyé dans le pays des Volsques quelques
colonies composées des plus pauvres d'entre vous, et de leur avoir donné
en partage une grande étendue de terres grasses et fertiles au lieu d'en
faire présent aux patriciens et aux chevaliers. Enfin ce qui me touche le
plus vivement, c'est qu'on se plaint que dans les précédentes levées de
soldats plus de quatre cents plébéiens des plus riches ont été mis au rang
des chevaliers. Si un pareil affront m'était arrivé dans la fleur de mon âge,
j'aurais fait voir à mes ennemis à qui ils se jouent. Mais à soixante-dix ans
passés, n'étant plus en état de me défendre moi-même ni d'apaiser vos
séditions, je me démets de la dictature et s'il y a quelques personnes qui
croient que je les ai trompées, je remets mon corps en leur pouvoir afin
qu'il me traitent comme bon leur semblera. »
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