[6,43] Οὐαλέριος δὲ κατὰ νοῦν χωρήσαντος
αὐτῷ τοῦ πολέμου τὸν εἰωθότα θρίαμβον ἀπὸ τῆς
νίκης καταγαγὼν ἀπέλυσε τὸν δῆμον ἀπὸ τῆς στρατείας,
οὔπω τῆς βουλῆς καιρὸν εἶναι νομιζούσης, ἵνα
μὴ τὰς ὑποσχέσεις ἀπαιτοῖεν οἱ ἄποροι· εἰς δὲ τὴν
δορίκτητον, ἣν Οὐολούσκους ἀφείλοντο, κληρούχους
ἀπέστειλεν ἐπιλέξας ἄνδρας ἐκ τῶν ἀπόρων, οἳ τήν τε
πολεμίαν φρουρήσειν ἔμελλον καὶ τὸ ἐν τῇ πόλει στασιάζον
ἔλαττον ἀπολείψειν. ταῦτα διοικησάμενος ἠξίου
τὴν βουλὴν τὰς ὑποσχέσεις αὐτῷ βεβαιῶσαι κεκομισμένην
τὸ παρὰ τοῦ πλήθους πρόθυμον ἐν τοῖς ἀγῶσιν.
ὡς δ´ οὐ προσεῖχεν αὐτῷ τὸν νοῦν, ἀλλ´, ὅπερ πρότερον
ἠναντιοῦτο, τῇ γνώμῃ συστρέψαντες ἑαυτοὺς
νέοι καὶ βίαιοι καὶ πλήθει τῶν ἑτέρων ἐπικρατοῦντες
καὶ τότε ἀντέπραττον καὶ πολλῇ καταβοῇ ἐχρῶντο, τὴν
οἰκίαν αὐτοῦ δημοκόλακα ἀποφαίνοντες καὶ νόμων
πονηρῶν ἀρχηγόν, ᾧ δὲ μάλιστα ἠγάλλοντο οἱ ἄνδρες
ἐπὶ τῆς ἐκκλησίας τῶν δικαστηρίων πολιτεύματι, τούτῳ
πᾶσαν ἠφανικέναι τὴν τῶν πατρικίων δυναστείαν
αἰτιώμενοι· σχετλιάσας ὁ Οὐαλέριος πολλὰ καὶ ὡς οὐ
δίκαια πάσχοι διαβεβλημένος ὑπ´ αὐτῶν πρὸς τὸν δῆμον
ὀνειδίσας, τήν τε μέλλουσαν καταλήψεσθαι σφᾶς
τύχην τοιαῦτα βουλευσαμένους ἀνακλαυσάμενος, καὶ
οἷα εἰκὸς ἐν τοιούτῳ κακῷ, τὰ μὲν ἐκ πάθους, τὰ δὲ
ἀπὸ τοῦ πλεῖόν τι τῶν πολλῶν νοεῖν, ἀποθεσπίσας,
ᾤχετο ἀπιὼν ἐκ τοῦ βουλευτηρίου· καὶ συγκαλέσας τὸν
δῆμον εἰς ἐκκλησίαν, ἔλεξε· Πολλὴν χάριν ὑμῖν εἰδώς,
ὦ πολῖται, τῆς τε προθυμίας, ἣν παρέσχεσθέ μοι ἑκούσιοι
συναράμενοι τοῦ πολέμου, καὶ ἔτι μᾶλλον τῆς
ἀρετῆς, ἣν ἐν τοῖς ἀγῶσιν ἐπεδείξασθε, μεγάλην μὲν
ἐποιούμην σπουδὴν ἀμείψασθαι ὑμᾶς τοῖς τε ἄλλοις
καὶ τῷ μὴ ψεύσασθαι τὰς ὑποσχέσεις, ἃς ὑπὲρ τῆς
βουλῆς ἐποιούμην πρὸς ὑμᾶς, καὶ εἰς ὁμόνοιαν ἤδη
ποτὲ καταστῆσαι τὴν στάσιν ὑμῶν σύμβουλος καὶ διαιτητὴς
ἀμφοῖν γενόμενος· κωλύομαι δὲ πράττειν αὐτὰ
διὰ τοὺς οὐ τὰ βέλτιστα τῷ κοινῷ, τὰ δὲ σφίσιν αὐτοῖς
ἐν τῷ παρόντι κεχαρισμένα προαιρουμένους, οἳ πλήθει
τ´ ἐπικρατοῦντες τῶν ἑτέρων καὶ δυνάμει, ἣν τὸ νέον
αὐτοῖς παρέχεται μᾶλλον ἢ τὰ πράγματα, ἔρρωνται.
ἐγὼ δὲ γέρων τε δή, ὡς ὁρᾶτε, καὶ ἑτέρους τοιούτους
ἔχω συμμάχους, ὧν ἡ ἐν τῇ γνώμῃ οὖσα ἰσχὺς ἀδύνατός
ἐστιν ἔργῳ ἐπεξελθεῖν, καὶ περιέστηκεν ἡ δοκοῦσα
ἡμῶν τοῦ κοινοῦ πρόνοια ἰδία πρὸς ἑκάτερον
μέρος ἀπέχθεια φαινομένη. τῇ τε γὰρ βουλῇ δι´ αἰτίας εἰμὶ
ὡς τὸ ὑμέτερον πλῆθος θεραπεύων καὶ πρὸς ὑμᾶς διαβέβλημαι,
ὡς ἐκείνῃ μᾶλλον τὴν εὔνοιαν ἀποδεικνύμενος.
| [6,43] XI. Cette guerre heureusement terminée, Valenus revint à Rome. Il y
reçût suivant la coutume les honneurs du triomphe qui étaient dus à ses
victoires, puis il congédia ses troupes malgré l'avis contraire du sénat, qui
ne croyait pas qu'il en fût encore temps, parce qu'il y avait à craindre que
les pauvres ne demandassent l'exécution des promesses qui leur avaient
été faites. Ensuite il envoya dans les terres conquises sur les Volsques
une colonie d'un certain nombre de citoyens choisis d'entre les pauvres,
tant pour y servir de garnison contre les ennemis, que pour diminuer a
Rome le parti des séditieux.
XII. Ces choses ainsi réglées, il pria le sénat d'exécuter ses
promesses en faveur du peuple qui avait donné dans les combats des
marques certaines de sa bonne volonté. Mais les sénateurs négligeant
cette affaire persistaient toujours dans leur refus comme auparavant. La
faction des jeunes qui l'emportaient et par la force et par le nombre,
s'opposa vivement aux demandes du dictateur. Ils se déchainèrent contre
lui jusqu'à crier partout que sa famille flattait le peuple et qu'elle était
toujours la première à établir de mauvaises lois. Ils poussaient même
leurs plaintes jusqu'à l'outrage, l'accusant devant les tribunaux d'avoir
anéanti par ses pernicieux règlements toute l'autorité des patriciens.
Valerius indigné de leur procédé, se plaignit hautement du tort et de
l'injustice qu'on lui faisait en le diffamant ainsi dans l'esprit du peuple.
Déplorant les malheurs qu'ils devaient s'attirer par une si mauvaise
conduite, et leur prédisant plusieurs choses, comme il arrive dans de
semblables rencontres, soit par passion et par emportement, soit que par
la pénétration de son esprit il perçât jusque dans l'obscurité de l'avenir, il
sortit promptement du sénat.
XIII. DES le même jour il convoqua une assemblée du peuple dans
laquelle il prononça ce discours.
« JE vous ai mille obligations, chers citoyens, de la bonne volonté
avec laquelle vous m'avez suivi dans la guerre. Je vous en ai encore
davantage de la valeur que vous avez fait paraître dans les combats. Je
voudrais de tout mon cœur vous en témoigner ma reconnaissance,
surtout par une fidèle exécution des promesses que je vous fis au nom du
sénat l'orsque je m'engageai de calmer la sédition, de vous réconcilier
avec lui, et de servir de médiateur entre les deux partis. Mais on
m'empêche de vous tenir ma parole. Certaines personnes qui ont moins
d'égard aux intérêts de la république que d'attache à leurs propres
sentiments, y forment des obstacles insurmontables ; et comme ils sont
en plus grand nombre et plus forts que les autres, leur jeunesse les rend
plus ardents que les affaires ne le demandent. Pour moi qui suis sur l'âge,
comme vous voyez, je ne puis leur résister. Il est vrai qu'il y a plusieurs
sénateurs de ma sorte qui se rangent de mon parti, mais leurs forces ne
consistent que dans la prudence des conseils qu'ils sont capables de
donner sans pouvoir les exécuter. Ainsi toutes les peines que je prends
pour le salut de la république, ne servent qu'à m'attirer l'inimitié des deux
partis. D'un coté le sénat me fait un crime d'être trop affectionné pour le
peuple et d'user de flatterie envers vous : de l'autre on m'accuse devant
vous de trop d'amitié et d'attachement pour le sénat.
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