[6,41] Οὐ γὰρ δήπου συνεξαπατᾶν ὑμᾶς ἐπιστάμενον τὴν
ἀπάτην καὶ βουλευσάμενόν με μετὰ ταύτης συγκακουργεῖν
ὑπολαμβάνετε. εἰ γὰρ ταῦτα ὑμῖν
εἰσέρχεται περὶ ἐμοῦ ὡς ἁπάντων ἀνθρώπων
κακουργοτέρου, - - - ὅ τι βούλεσθε χρώμενοί μοι ταύτης
μὲν τῆς ὑποψίας ἐμοὶ πειθόμενοι τὰς ψυχὰς ἐλευθερώσατε,
ἐπὶ δὲ τοὺς πολεμίους τὴν ὀργὴν μετάθετε
ἀπὸ τῶν φίλων, οἳ πόλιν τε ὑμᾶς ἀφελούμενοι ἥκουσι
καὶ ἀντ´ ἐλευθέρων δούλους ποιήσοντες καὶ τἆλλα,
ὅσα δεινὰ ἐν ἀνθρώποις νενόμισται, διαθεῖναι σπεύδοντες
οὐ πόρρω τῆς χώρας εἶναι ἀγγέλλονται. προθύμως οὖν
ἀπολύσασθε τὰς διαβολὰς καὶ δείξατε
αὐτοῖς, ὅτι καὶ στασιάζουσα ἡ Ῥωμαίων δύναμις κρείττων
ἑτέρας ἐστὶν ὁμονοούσης· ἢ γὰρ οὐχ ὑπομενοῦσιν
ὑμᾶς ἐπιόντας ὁμοθυμαδὸν ἢ δίκας ὑφέξουσι τῆς τόλμης
ἀξίας· ἐνθυμήθητε γάρ, ὅτι Οὐολοῦσκοι καὶ Σαβῖνοί
εἰσιν, ὧν πολλάκις ἐκρατήσατε μαχομένων, οἱ
τὸν πόλεμον ἐπάγοντες ὑμῖν, οὔτε σώματα νῦν μείζονα
λαβόντες οὔτε ψυχὰς τῶν προτέρων ἀλκιμωτέρας
κτησάμενοι, ἀλλ´ ὡς ἐχθρῶς πρὸς ἀλλήλους ἐχόντων
καταφρονήσαντες ὑμῶν. ὅταν δὲ τοὺς πολεμίους
τιμωρήσησθε, ἐγγυῶμαι ὑμῖν τὴν βουλὴν ἐγὼ τάς τε
ὑπὲρ τῶν χρεῶν φιλονεικίας καὶ ὅ τι ἂν ἄλλο παρ´
αὐτῆς αἰτῆσθε μέτριον, ἀξίως τῆς ἀρετῆς, ἣν ἂν παράσχησθε
ἐν τῷ πολέμῳ, βραβεύσειν. τέως δ´ ἀφείσθω
πᾶσα μὲν οὐσία, πᾶν δὲ σῶμα, πᾶσα δ´ ἐπιτιμία πολίτου
Ῥωμαίου ἀρρυσίαστος ἀπό τε δανείου καὶ ἄλλου
παντὸς συμβολαίου. τοῖς δὲ προθύμως ἀγωνισαμένοις
κάλλιστος μὲν στέφανος πόλις ἥδε ἡ γειναμένη στᾶσα
ὀρθή, καλὸς δὲ καὶ ὁ παρὰ τῶν συνόντων ἔπαινος
ὑπάρξει· καὶ ὁ παρ´ ἡμῶν κόσμος ἱκανὸς οἶκόν τ´
ἐπανορθῶσαι χρήμασι καὶ γένος ἐπιλαμπρῦναι τιμαῖς.
παράδειγμά τε ὑμῖν ἀξιῶ γενέσθαι τοὐμὸν εἰς τοὺς
κινδύνους πρόθυμον· ὑπεραγωνιοῦμαι γὰρ ὡς ὁ κράτιστα
ἐρρωμένος ὑμῶν.
| [6,41] Ne croyez donc pas que de propos délibéré j'aie concerté avec lui les
moyens de vous tromper ou de vous faire du mal. Que si vous me
soupçonnez d'une action si noire, comme si j'étais le plus méchant de
tous les hommes, disposez de moi comme vous voudrez ou, plutôt,
défaites-vous d'un pareil soupçon si vous voulez me croire.
V. CESSEZ de vous irriter contre ceux qui vous aiment; tournez votre
colère contre des ennemis redoutables qui en veulent à votre liberté et à
celle de la patrie, qui ne viennent que pour vous réduire sous l'esclavage
et pour vous faire tout le mal qu'ils pourront. Vous savez qu'ils sont sur le
point d'entrer dans votre pays et que bientôt ils vont nous accabler.
Courez donc aux armes avec ardeur. Faites-leur sentir que les forces de
Rome, toute agitée qu'elle est par les séditions, sont encore plus
redoutables que celles des autres peuples les plus unis. S'ils voient que
nous nous réunissions ensemble pour les combattre, ou ils n'oseront vous
attendre, ou, s'ils sont assez hardis pour le faire, ils porteront la peine de
leur folle entreprise. Souvenez-vous que ce sont les Volsques et les
Sabins qui vous font la guerre, que vous les avez déjà vaincus dans
plusieurs combats ; que leurs corps ne sont ni plus grands ni plus
robustes qu'autrefois, ni leur cœur plus généreux, et que s'ils osent nous
attaquer ce n'est que parce qu'ils voient que la discorde et les troubles
règnent parmi nous. Voila ce qui leur donne lieu de nous mépriser.
VI. Pour, moi je vous engage ma parole que quand vous vous serez
vengés de vos ennemis je vous réconcilierai avec le sénat, que
j'obtiendrai de lui qu'il fasse céder les troubles dont vous êtes agités au
sujet de vos dettes, et que pour récompenser le zèle dont vous aurez
donné des marques dans cette guerre, il vous accordera tout ce que vous
demanderez de juste. Mais en attendant je veux que tous les biens, les
corps et l'honneur des citoyens Romains soient hors d'atteinte et de toute
poursuite pour quelques dettes ou contrats que ce puisse être. De plus
quiconque se sera signalé par sa valeur dans les combats, aura l'honneur
d'avoir rétabli les affaires de la ville qui lui a donné la naissance : il
recevra de ses camarades les louanges qu'il aura méritées ; récompense
mille fois plus estimable que la couronne la plus magnifique. D'ailleurs je
lui donnerai une somme d'argent suffisante pour rétablir sa maison, et je
lui accorderai des honneurs qui illustreront sa famille. Ne balancez donc
pas à me suivre. Comptez que je serai le premier à vous donner
l'exemple, que je m'exposerai aux plus grands périls, et que malgré les
infirmités de mon âge je combattrai comme le plus vigoureux et le plus
robuste d'entre vous. »
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