[6,40] Παραλαβὼν δὲ τὴν ἀρχὴν Οὐαλέριος καὶ
προσελόμενος ἱππάρχην Κόιντον Σερουίλιον, ἀδελφὸν
τοῦ συνυπατεύσαντος Ἀππίῳ Σερουιλίου, παρήγγειλε
τὸν δῆμον εἰς ἐκκλησίαν παρεῖναι. συνελθόντος δ´
ὄχλου συχνοῦ τότε πρῶτον, ἐξ οὗ τὴν ἀρχὴν ὁ Σερουίλιος
ἀπέθετο καὶ ὁ δῆμος ἀγόμενος ἐπὶ τὰς στρατείας εἰς φανερὰν
ἀπόνοιαν ἐτράπετο, προελθὼν ἐπὶ
τὸ βῆμα ἔλεξεν· Ὦ πολῖται, εὖ ἴσμεν, ὅτι βουλομένοις
ὑμῖν ἐστιν ἀεί τινας ἐκ τοῦ Οὐαλερίων γένους ἄρχειν
ὑμῶν, ὑφ´ ὧν ἐλεύθεροι τυραννίδος χαλεπῆς γεγόνατε
καὶ οὐδενὸς τῶν μετρίων ἀτυχήσειν τάχ´ ἂν ἐπιμείναιτε
ὑμᾶς αὐτοὺς ἐπιτρέψαντες τοῖς ἁπάντων δημοτικωτάτοις
δοκοῦσι καὶ οὖσιν. ὥστ´ οὐ διδαχῆς ὑμῖν δεομένοις ὅτι
βεβαιώσομεν τῷ δήμῳ τὸ ἐλεύθερον, οἵπερ
καὶ ἐξ ἀρχῆς αὐτὸ ἐδώκαμεν, οἱ λόγοι ἔσονται, ἀλλὰ
παρακλήσεως μετρίας, ἵνα πιστεύητε ἡμῖν, ὅ τι ἂν
ὑποσχώμεθα, ἐμπεδώσειν. ἡλικίας γάρ, ἣ τὸ φενακίζειν
ἥκιστα ἐπιδέχεται, ἐπὶ τὸ τέλειον ἥκομεν, καὶ ἀξιώσεως, ἣ τοῦ
ῥᾳδιουργεῖν ἐλάχιστον φέρεται μέρος,
ἀρκούντως ἔχομεν, χρόνον τε οὐχ ἑτέρωθί που τὸν
λειπόμενον βιοτεύειν μέλλομεν, ἀλλ´ ἐν ὑμῖν δίκας, ὧν
ἂν ἐξαπατῆσαι δοκῶμεν, ὑφέξοντες. ταῦτα μὲν οὖν,
ὥσπερ ἔφην, ὡς οὐ μακρῶν δεόμενος λόγων πρὸς εἰδότας,
ἐάσω. ὃ δέ μοι δοκεῖτε παθόντες ὑφ´ ἑτέρων
εἰκότως ἐπὶ πάντων ὑποπτεύειν, ὁρῶντες αἰεί τινα τῶν
παρακαλούντων ὑμᾶς ἐπὶ τοὺς πολέμους ὑπάτων
ὑπισχνούμενον, ὧν ἂν δέησθε, παρὰ τῆς βουλῆς
διαπράξεσθαι, μηδὲν δ´ ἐπὶ τέλος ἄγοντα τῶν
ὁμολογηθέντων· τοῦτο ὡς οὐ δικαίως ἂν ὑποπτεύοιτε καὶ
περὶ ἐμοῦ, δυσὶν ἂν τοῖσδε μάλιστα πιστωσαίμην, τῷ τε μὴ
ἂν ἐμοὶ τὴν βουλὴν εἰς τοῦτο τὸ λειτούργημα, ἑτέρων
ὄντων {τῶν} ἐπιτηδειοτέρων, τῷ φιλοδημοτάτῳ δοκοῦντι
εἶναι καταχρήσασθαι· καὶ τῷ μὴ ἂν αὐτοκράτορι κοσμῆσαι
ἀρχῇ, δι´ ἣν τὰ δόξαντά μοι κράτιστα εἶναι καὶ δίχ´ ἐκείνης
ἐπικυροῦν δυνήσομαι.
| [6,40] II. VALERIUS revêtu de la dictature nomma général de la cavalerie
Quintus Servilius frère du collègue d'Appius dans le consulat, et sans
différer plus longtemps il convoqua une assemblée du peuple. Ce fut la
première et la plus nombreuse qu'on eût tenue depuis que Servilius s'était
démis de la dignité de consul, et que le peuple avait fait la folie de
soulever ouvertement à l'occasion de la guerre où l'on voulait l'obliger de
servir.
III. Le peuple assemblé en foule, le dictateur monta sur son tribunal
et lui tint ce discours.
« Nous savons, Romains, que vous êtes toujours contents quand on
vous donne des magistrats de la famille des Valérius qui vous ont délivrés
d'une tyrannie insupportable sans jamais vous rien refuser de ce qui est
juste. D'ailleurs vous vous soumettez de bon cœur à l'autorité de ceux qui
vous paraissent les plus portés pour vos intérêts. Ainsi il n'est pas besoin
de vous dire que nous travaillerons à affermir la liberté des plébéiens.
Comme c'est de nous-mêmes qui la leur avons donnée dès le
commencement, il suffira de vous exhorter en peu de mots à vous en fier
à nos promesses.
IV. VOUS voyez que nous sommes dans un âge incapable de
tromperie. La dignité dont nous sommes revêtus est trop relevée, et ne
nous permet pas d'en mal user. D'ailleurs je passerai le reste de ma vie
au milieu de vous, si vous trouvez que j'aie voulu vous tromper, il ne
tiendra qu'à vous de m'en punir. Mais, comme je viens de vous le dire,
vous connaissez mes sentiments, il n'est pas besoin d'un plus long
discours pour vous en convaincre. Au reste ne vous imaginez pas qu'il en
sera de moi et de tous les autres, comme de quelques consuls qui pour
vous engager à prendre les armes, vous ont toujours promis d'obtenir du
sénat tout ce que vous demanderiez, mais qui n'en sont jamais venus
jusqu'à l'exécution de leur parole. Ne vous formez pas de Valérius une
idée si désavantageuse. Deux raisons vous feront comprendre que vous
auriez tort d'avoir de moi de pareils soupçons. La première, c'est qu'il n'y
a point d'apparence que le sénat voulût se servir de moi pour un tel
ministère : il sait que je fuis porté pour le peuple, et il lui serait facile de
trouver d'autres personnes plus propres que moi à vous amuser par de
belles paroles. La seconde, c'est qu'il ne m'aurait jamais revêtu de cette
dignité suprême qui me met en droit de faire, même sans son avis et sans
sa participation, tout ce que je jugerai de plus utile pour le bien de l'état.
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