[6,39] Ταῦτ´ εἰπόντος Ἀππίου καὶ τῶν νέων
ἐπιθορυβησάντων ὡς τὰ δέοντα εἰσηγουμένου, Σερουίλιός
τ´ ἀντιλέξων ἀνέστη καὶ ἄλλοι τινὲς τῶν πρεσβυτέρων·
ἡττῶντο δ´ ὑπὸ τῶν νεωτέρων ἐκ παρασκευῆς τ´
ἀφικνουμένων καὶ βίᾳ πολλῇ χρωμένων,
καὶ πέρας ἐνίκησεν ἡ Ἀππίου γνώμη. καὶ μετὰ ταῦτα
οἱ ὕπατοι κοινῇ γνώμῃ χρησάμενοι τῶν πλείστων οἰομένων
τὸν Ἄππιον ἀποδειχθήσεσθαι δικτάτορα, ὡς
μόνον ἐπικρατῆσαι τῆς προστασίας δυνησόμενον, ἐκεῖνον
μὲν ἀπήλασαν, Μάνιον δ´ Οὐαλέριον ἀδελφὸν
Ποπλίου Οὐαλερίου τοῦ πρώτου ὑπατεύσαντος καὶ
δημοτικώτατον δοκοῦντα ἔσεσθαι καὶ ἄνδρα γηραιὸν
ἀπέδειξαν, αὐτὸ τὸ φοβερὸν οἰόμενοι τῆς ἐξουσίας
ἀποχρῆναι, ἀνδρὸς δὲ τὰ πάντα ἐπιεικοῦς τοῖς πράγμασι
δεῖν, ἵνα μηδὲν ἐξεργάσηται νεώτερον.
| [6,39] Appius parla ainsi. Son avis fut approuvé par les jeunes sénateurs
comme le meilleur, et même avec un certain murmure. Servilius et
quelques anciens se levèrent pour le contredire : mais les jeunes, qui
s'étaient rendus à l'assemblée tout exprès pour soutenir Appius, firent tant
de bruit qu'ils eurent le dessus. Ce fut ainsi que le sentiment d'Appius
l'emporta.
CHAPITRE CINQUIEME.
I. APRES toutes ces délibérations, les consuls convinrent de créer un
dictateur. La plupart s'attendaient qu'on allait élire Appius, comme étant le
seul qui pût arrêter la sédition. Mais les deux consuls lui donnèrent
l'exclusion, et choisirent Manius Valérius, frère de Publius Valérius qui
avait été le premier consul de Rome après le bannissement des rois.
C'était un homme très populaire et déjà sur l'âge. Ces deux raisons
néanmoins ne détournèrent pas les consuls de le nommer dictateur,
persuadés que le poids de sa puissance et la terreur qui en était
inséparable, suppléeraient suffisamment à tout, et que d'ailleurs les
affaires demandaient un magistrat tout à fait doux, qui pût empêcher
qu'on n'excitât de nouveaux troubles.
|