[6,36] Διῳκίσμεθα γὰρ ὡς ὁρᾶτε καὶ δύο πόλεις
ἔχομεν, τὴν μὲν {μίαν} ὑπὸ πενίας τε καὶ ἀνάγκης
ἀρχομένην, τὴν δ´ ὑπὸ κόρου καὶ ὕβρεως. αἰδὼς δὲ
καὶ κόσμος καὶ δίκη, ὑφ´ ὧν ἅπασα πολιτικὴ κοινωνία
σώζεται, παρ´ οὐδετέρᾳ μένει τῶν πόλεων. τοιγάρτοι
χειρὶ τὸ δίκαιον ἤδη παρ´ ἀλλήλων λαμβάνομεν κἂν
τῷ βιαιοτέρῳ τίθεμεν τὸ δικαιότατον, ὥσπερ τὰ θηρία,
τὸ ἀντίπαλον ἐξολέσαι μετὰ τοῦ σφετέρου κακοῦ
βουληθέντες, ἢ τὸ ἑαυτοῖς ἀσφαλὲς φυλάττοντες μετὰ τοῦ
διαφόρου κοινῇ σεσῶσθαι. ὧν ἐγὼ ὑμᾶς ἀξιῶ πολλὴν
πρόνοιαν ποιήσασθαι βουλὴν ὑπὲρ αὐτῶν τούτων
καθίσαντες, ἐπειδὰν ἀπολύσητε τὰς πρεσβείας. ἃ δὲ ταῖς
πρεσβείαις ἀποκρίνασθαι ἐν τῷ παρόντι παραινεῖν ἔχω,
ταῦτ´ ἐστιν· ἐπειδὴ Οὐολοῦσκοι μὲν ἀπαιτοῦσιν ἡμᾶς
ἃ ὅπλοις κρατήσαντες ἔχομεν καὶ πόλεμον ἀπειλοῦσι
μὴ πειθομένοις, τάδε λέγωμεν, ὅτι Ῥωμαῖοι καλλίστας
ὑπολαμβάνομεν κτήσεις εἶναι καὶ δικαιοτάτας, ἃς ἂν
κατάσχωμεν πολέμου λαβόντες κατὰ νόμον, καὶ οὐκ ἂν
ὑπομείναιμεν μωρίᾳ τὴν ἀρετὴν ἀφανίσαι· παραδόντες
δὲ ταῦτα τοῖς ἀπολωλεκόσιν ὧν κοινωνητέον τε
παισὶ καὶ τοῖς ἐκ τούτων γενομένοις καταλιπεῖν ἀεὶ
ἀγωνιούμεθα, τῶν νῦν γε ὑπαρχόντων ἤδη στερησόμεθα καὶ
ἑαυτοὺς ὅσα πολεμίους βλάψομεν. Λατίνων
δὲ τὸ εὔνουν ἐπαινέσαντες ἀναθαρσύνωμεν τὸ δεδιὸς
ὡς οὐκ ἐγκαταλείψομεν αὐτούς, ἕως ἂν τὸ πιστὸν
φυλάσσωσιν, ἐν οὐδενὶ δεινῷ γενομένους δι´ ἡμᾶς, ἀλλὰ
δύναμιν ἱκανὴν ἀμύνειν αὐτοῖς πέμψομεν οὐ διὰ μακροῦ.
ταύτας ἡγοῦμαι κρατίστας τε καὶ δικαιοτάτας
ἔσεσθαι τὰς ἀποκρίσεις. ἀπαλλαγεισῶν δὲ τῶν πρεσβειῶν
πρώτην φημὶ χρῆναι βουλὴν τοῖς κατὰ τὴν
πόλιν θορύβοις ἡμᾶς ἀποδοῦναι καὶ ταύτην οὐκ εἰς
μακράν, ἀλλὰ τῇ ἐπιούσῃ ἡμέρᾳ.
| [6,36] VI. En effet nous sommes, comme vous le voyez, partagés en deux
villes dont l'une est gouvernée par la pauvreté et la nécessité et l'autre
par l'abondance de toutes choses, par la fierté et par l'insolence. Toutes
ces deux villes ont banni la pudeur, le bon ordre et la justice qui sont les
seuls moyens d'entretenir l'union et la concorde dans les états. Nous ne
nous faisons plus rendre justice que l'épée à la main, et semblables aux
bêtes féroces nous mesurons le bon droit sur nos forces, aimant mieux
nous perdre nous-mêmes pourvu que nous perdions nos adversaires, que
de pourvoir à leur sûreté en même temps qu'à la nôtre. Je vous en prie
donc d'y penser sérieusement et de délibérer là-dessus, après que vous
aurez donné aux ambassadeurs leur audience de congé. Voici ce que je
vous conseille de leur répondre pour le présent.
VII. PUISQUE les Volsques nous redemandent ce que nous avons
gagné par les armes et qu'ils nous menacent de la guerre en cas de refus,
il faut leur dire que les Romains regardent comme une juste possession
ce qu'ils ont acquis par les droits de la victoire dans une guerre légitime,
que bien loin de nous résoudre à ternir notre gloire en faisant la folie de
leur rendre ce qu'ils ont perdu, nous sommes dans le dessein de ne rien
négliger pour le laisser à nos descendants comme leur propre héritage, et
que ce serait nous traiter nous-mêmes comme ennemis que de nous en
dépouiller de gaieté de cœur. A l'égard des Latins, après leur avoir
marqué notre reconnaissance de leur bonne volonté, ôtons leur toute
crainte : ranimons leur courage par de nouvelles assurances de ne les
abandonner jamais dans aucun péril tant qu'ils demeureront fidèlement
attachés à nos intérêts : promettons-leur que nous ne permettrons pas
qu'il leur arrive aucun mal pour l'amour de nous, et que dans peu on leur
enverra autant de troupes qu'il en faut pour les défendre. Voila, je crois,
ce que nous pouvons répondre de meilleur et de plus juste. Mais quand
les ambassadeurs seront partis, la première chose qu'il faudra faire c'est
d'assembler le sénat pour remédier aux troubles dont Rome est agitée : je
suis même d'avis que sans différer davantage nous le fassions dès
demain.»
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