[6,35] Συναχθείσης δὲ περὶ τούτου βουλῆς, κληθεὶς
πρῶτος ὑπὸ τῶν ὑπάτων Τῖτος Λάρκιος, ἀξιώσει
τε προὔχειν δοκῶν καὶ φρονῆσαι τὰ δέοντα ἱκανώτατος,
προελθὼν ἔλεξεν· Ἐμοί, ὦ βουλή, ἃ μὲν οἱ ἄλλοι
δοκοῦσιν εἶναι φοβερὰ καὶ ταχείας δεόμενα βοηθείας,
οὔτε φοβερὰ εἶναι δοκεῖ οὔτε πάνυ κατεπείγοντα, πῶς
χρὴ τοῖς συμμάχοις ἐπικουρῆσαι ἢ καθ´ ὅν τινα τρόπον τοὺς
πολεμίους ἀμύνασθαι· ἃ δ´ οὔτε μέγιστα
τῶν κακῶν νομίζουσιν οὔτε ἀναγκαῖα ἐν τῷ παρόντι,
ἀμελείᾳ τε αὐτὰ ὡς οὐδὲν ἡμᾶς βλάψοντα παραδόντες
ἔχουσι, ταῦτα φοβερώτατά μοι φαίνεται, καὶ εἰ μὴ
ταχέως αὐτὰ ἐπιστήσομεν, ἐσχάτης ἀνατροπῆς καὶ
συγχύσεως τῶν κοινῶν αἴτια, ἥ τε τῶν δημοτῶν ἀπείθεια
τῶν οὐκ ἀξιούντων τὰ ἐπιταττόμενα ὑπὸ τῶν ὑπάτων
πράττειν, καὶ ἡμῶν αὐτῶν ἡ πρὸς τὸ ἀνήκοον αὐτῶν
καὶ τὸ ἐλευθεριάζον χαλεπότης. οἶμαι δὲ μηδὲν ἡμᾶς
δεῖν ἐν τῷ παρόντι σκοπεῖν, εἰ μὴ ὅπως ἐξαιρεθήσεται
ταῦτ´ ἐκ τῆς πόλεως, καὶ μιᾷ πάντες γνώμῃ τὰ κοινὰ
πρὸ τῶν ἰδίων αἱρούμενοι πολιτευσόμεθα. ὁμονοοῦσα
μὲν γὰρ ἡ τῆς πόλεως δύναμις ἱκανὴ ἔσται καὶ φίλοις
ἀσφάλειαν παρασχεῖν καὶ ἐχθροῖς δέος, στασιάζουσα
δ´ ὥσπερ νῦν τούτων οὐδέτερον ἂν δύναιτο διαπράξασθαι.
θαυμάσαιμι δ´ ἄν, εἰ μὴ καὶ ἑαυτὴν διεργάσαιτο
καὶ παράσχοι τοῖς ἐχθροῖς δίχα πόνου τὸ κράτος· ὅ, μὰ
τὸν Δία καὶ τοὺς ἄλλους θεούς, οὐκ εἰς μακρὰν οἴομαι
τοιαῦτα πολιτευομένων ὑμῶν γενήσεσθαι.
| [6,35] IV. Le sénat s'assembla pour délibérer sur toutes ces choses. Titus
Largius le premier à qui les consuls demandèrent son avis comme au plus
digne et au plus capable de donner un bon conseil, parla en ces termes :
« Je ne vois pas, Messieurs, que ce qui fait le sujet de vos
appréhensions et ce qui vous paraît demander un prompt secours, soit
véritablement à appréhender. Ce n'est pas en effet une chose si pressée
que de secourir nos alliés et de repousser l'ennemi à quelque prix que ce
soit. Je trouve au contraire que ce qu'on néglige comme un petit mal qui
ne peut pas nous faire grand tort pour le présent, doit être regardé comme
le malheur le plus à craindre ; et si l'on n'y apporte un prompt remède, je
vois la république en danger de tomber dans la dernière confusion et
d'être entièrement bouleversée.
V. LE mal dont je veux parler, Messieurs, c'est la désobéissance des
plébéiens qui refusent opiniâtrement de suivre les ordres des consuls ;
c'est la trop grande rigueur dont nous usons envers les mutins qui
abusent de leur liberté, c'est enfin notre négligence à arrêter la sédition.
Je suis persuadé que vous n'avez rien présentement de plus important,
que de chercher les moyens de retrancher tous ces désordres et de
gouverner tous unanimement la république, ayant plus d'égard au bien
commun qu'à votre intérêt particulier. Car tant que Rome réunira ses
forces, elles seront suffisantes et pour mettre nos amis en sûreté et pour
donner de la crainte à nos ennemis : au lieu que quand la sédition les
divisera comme à présent, nous ne serons jamais en état de faire ni l'un ni
l'autre. Ce serait même une espèce de miracle si Rome ne se détruisait
pas elle-même et ne donnait l'empire à ses ennemis sans qu'il leur en
coutât rien, et certainement, Messieurs, je ne doute pas que cela n'arrive
dans peu si vous continuez à gouverner de la sorte.
|