[6,31] Ἐν τοιαύταις δ´ ἀκαταστασίαις τῆς πόλεως
οὔσης ἐκεχειρία τις ἐν τῷ διὰ μέσου γενομένη θυσιῶν
πατρίων ἕνεκα καὶ πανηγύρεις ἐπιλαβοῦσαι λαμπραὶ
ταῖς δαπάναις ἐπέσχον τὴν ἐν τῷ παρόντι τοῦ πλήθους
διχοστασίαν. ἑορτάζουσι δ´ αὐτοῖς ἐπιτίθενται
πολλῇ δυνάμει Σαβῖνοι τοῦτον ἐκ πολλοῦ φυλάξαντες
τὸν χρόνον, ἀρχομένης ἔτι νυκτὸς ποιησάμενοι τὴν
ἐπίθεσιν, ἵνα πρὶν αἰσθέσθαι τοὺς ἔνδον ἐπὶ τῇ πόλει
γένωνται· καὶ ῥᾷστα ἂν ἐκράτησαν αὐτῶν, εἰ μὴ τῶν
ψιλῶν τινες ἀποσχισθέντες τῆς φάλαγγος, αὐλαῖς
ἐπιβάλλοντες ἁρπαγῆς ἕνεκα θόρυβον εἰργάσαντο. βοή τε
γὰρ εὐθὺς ἐγένετο καὶ δρόμος τῶν γεωργῶν εἰς τὸ
τεῖχος, πρὶν ἢ ταῖς πύλαις τοὺς πολεμίους προσελθεῖν.
ὡς δ´ ἔγνωσαν αὐτῶν τὴν ἔφοδον οἱ κατὰ πόλιν θεωροῦντες
μεταξὺ καὶ τοὺς στεφάνους ἐπικείμενοι καταλιπόντες τοὺς
ἀγῶνας ἐπὶ τὰ ὅπλα ὥρμησαν· καὶ φθάνει
τῷ Σερουιλίῳ συναχθεῖσα δύναμις αὐτοκέλευστος ἱκανή,
ἣν ἐκεῖνος ἔχων συντεταγμένην, προσπίπτει τοῖς πολεμίοις
ὑπό τε ἀγρυπνίας καὶ κόπου τεταλαιπωρηκόσι
καὶ οὐ προσδεχομένοις τὴν τῶν Ῥωμαίων ἔφοδον. ὡς
δὲ συνέμιξαν εἰς χεῖρας, ἐγένετο μάχη τὸ μὲν ἐν τάξει
καὶ κόσμῳ διὰ τὴν σπουδὴν ἑκατέρων ἀφῃρημένη, οἳ
δ´ ὡς ἀπὸ τύχης τινὸς ἢ φάλαγξ φάλαγγι ἢ λόχος
λόχῳ ἢ ἀνὴρ ἀνδρὶ συνέπεσον, ἱππεῖς τε καὶ πεζοὶ
ἅμα πεφυρμένοι ἐμάχοντο. ἀρωγοὶ δ´ αὐτοῖς ἑκατέρωθεν
ἐπῄεσαν οὐ διὰ μακροῦ τῶν πόλεων οὐσῶν, οἳ
τὸ κάμνον ἀναθαρρύνοντες ἐπὶ πολὺν χρόνον ἀντέχειν
ταῖς ταλαιπωρίαις ἐποίουν. ἔπειτα οἱ Ῥωμαῖοι
προσγενομένης σφίσι τῆς ἵππου πάλιν νικῶσι τοὺς Σαβίνους,
καὶ πολλοὺς ἀποκτείναντες ἀνέστρεψαν εἰς τὴν
πόλιν ἄγοντες αἰχμαλώτους πάνυ συχνούς. τούς τε
κατὰ τὴν πόλιν ὄντας Σαβίνων, οἳ κατὰ θέας πρόφασιν
ἀφιγμένοι προκαταλήψεσθαι τοῖς ἐπιοῦσι τὰ ἐρύματα τῆς
πόλεως ἔμελλον, ὥσπερ αὐτοῖς συνετέτακτο,
ἀναζητοῦντες εἰς τὰ δεσμωτήρια κατετίθεντο. τὰς δὲ
θυσίας, αἷς ὁ πόλεμος ἐμποδὼν ἐγένετο, διπλασίας τῶν
προτέρων ψηφισάμενοι αὖθις ἐν εὐπαθείαις ἦσαν.
| [6,31] XXIII. Au milieu de tous les troubles dont Rome était agitée, il y eut
une espèce de trêve. Les sacrifices qu'on devait célébrer suivant la
coutume de la patrie, en furent l'occasion, et les fêtes magnifiques qui
commençaient alors, arrêtèrent pour quelque temps les séditions du
peuple. Mais pendant la solennité, les Sabins qui épiaient depuis
longtemps le moment favorable, vinrent attaquer les Romains avec une
nombreuse armée. Ils s'étaient mis en marche au commencement de la
nuit afin d'arriver aux portes de la ville avant qu'on s'en aperçût. Ils s'en
fussent sans doute rendus les maitres sans beaucoup de peine, si
quelques soldats armés à la légère qui s'étaient détachés du corps de
l'infanterie pour piller les maisons des paysans, n'eussent excité un
tumulte qui fut cause que les laboureurs accoururent promptement à
Rome avec de grands cris avant que l'ennemi approchât des portes.
XXIV. Le peuple, qui pour lors était orné de couronnes et attentif aux
spectacles, eut à peine reçu la nouvelle de leur marche, qu'abandonnant
les jeux il courut aux armes. Il s'assemble en peu de temps une grosse
armée de volontaires autour de Servilius. Le consul les range en ordre de
bataille. Il marche à la rencontre des ennemis fatigués de leur marche et
de leurs veilles. Les Sabins qui ne s'attendaient à rien moins, sont surpris
d'une attaque si soudaine. On s'approche néanmoins à la portée du trait ;
on en vient aux mains, le combat s'engage. L'ardeur des deux armées ne
permet pas de garder aucun ordre de bataille, on se bat au hasard
comme on se rencontre, légion contre légion, compagnie contre
compagnie, corps à corps et main à main, infanterie et cavalerie pêle-mêle. Comme leurs villes n'étaient pas éloignées, il leur venait aux uns et
aux autres de nouvelles troupes. Ces secours ranimaient leur courage
affaibli, et leur donnaient des forces pour soutenir plus longtemps la
fatigue. Mais les Romains reçurent enfin un renfort de cavalerie qui les
rendit supérieurs. Ils vainquirent les Sabins une seconde fois, et après
leur avoir tué beaucoup de monde ils s'en retournèrent à Rome avec un
grand nombre de prisonniers. Ensuite on fit une exacte recherche des
Sabins, qui sous prétexte d'assister aux spectacles, étaient venus à Rome
pour s'emparer des forteresses à l'arrivée de leurs troupes, comme ils en
étaient convenus. Il s'en trouva un grand nombre, et tous furent mis dans
les prisons. A l'égard des sacrifices, qui avaient été interrompus par cette
guerre, il fut ordonné par un décret du sénat qu'on les célébrerait avec la
moitié plus de magnificence qu'auparavant. Ainsi le peuple recommença
les festins et la solennité avec une nouvelle joie.
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