[6,30] Ὡς δὲ τοῖς Ῥωμαίοις τεταπεινωμένα ἦν τὰ
τῶν Οὐολούσκων πράγματα, προαγαγὼν τοὺς ὁμήρους
αὐτῶν εἰς τὴν ἀγορὰν ὁ ἕτερος τῶν ὑπάτων Ἄππιος
Κλαύδιος ἄνδρας τριακοσίους, ἵνα δι´ εὐλαβείας ἔχοιεν
οἱ προσθέμενοι σφίσι πίστεις ὁμηρειῶν μὴ παρασπονδεῖν,
μάστιξί τε ᾐκίσατο πάντων ὁρώντων καὶ τοὺς
αὐχένας αὐτῶν ἐκέλευσεν ἀποκόψαι. ἀφικομένου τε
ἀπὸ τῆς στρατείας οὐ πολλαῖς ὕστερον ἡμέραις τοῦ
συνυπάτου καὶ τὸν εἰωθότα δίδοσθαι θρίαμβον ἀπὸ
τῆς βουλῆς τοῖς ἀγῶνα λαμπρὸν ἀγωνισαμένοις στρατηγοῖς
ἀξιοῦντος λαβεῖν, ἐμποδὼν ἐγένετο στασιαστὴν
ἀποκαλῶν καὶ πολιτείας πονηρᾶς ἐραστήν, μάλιστα δ´
αὐτοῦ κατηγορῶν, ὅτι ἐκ τῶν τοῦ πολέμου λαφύρων
οὐδεμίαν μοῖραν εἰς τὸ δημόσιον ἀνήνεγκεν, ἀλλ´ οἷς
αὐτὸς ἐβούλετο κατεχαρίσατο· καὶ ἔπεισε τὴν βουλὴν
μὴ δοῦναι τῷ ἀνδρὶ τὸν θρίαμβον. ὁ δὲ Σερουίλιος
ὑβρίσθαι δοκῶν ὑπὸ τοῦ συνεδρίου εἰς αὐθάδειαν οὐκ
εἰωθυῖαν Ῥωμαίοις ἐτράπετο· καλέσας γὰρ εἰς ἐκκλησίαν
τὸν δῆμον ἐν τῷ πρὸ τῆς πόλεως πεδίῳ καὶ
διεξελθὼν τὰ πραχθέντα κατὰ τὸν πόλεμον καὶ τοῦ
συνάρχοντος τὸν φθόνον καὶ τῆς βουλῆς τὸν
προπηλακισμὸν διηγησάμενος, ἔφη παρὰ τῶν ἑαυτοῦ
πράξεων καὶ τοῦ συναγωνισαμένου στρατεύματος ἔχειν
τὴν τοῦ πομπεύειν ἐπὶ καλοῖς τε καὶ εὐτυχέσιν ἔργοις ἐξουσίαν.
ταῦτ´ εἰπὼν στεφανῶσαι τὰς ῥάβδους ἐκέλευσε καὶ
αὐτὸς στεφανωσάμενος ἔχων τὴν θριαμβικὴν ἐσθῆτα
προῆγεν εἰς τὴν πόλιν ὑπὸ τοῦ δήμου παντὸς
προπεμπόμενος, ἕως εἰς τὸ Καπιτώλιον ἀνέβη καὶ τὰς
εὐχὰς ἀπέδωκε καὶ τὰ σκῦλα ἀνέθηκεν. ἐκ δὲ τούτου
φθόνον μὲν ἔτι μείζονα παρὰ τῶν πατρικίων ἐπεσπάσατο,
οἰκεῖον δ´ ἑαυτῷ παρεσκευάσατο τὸ δημοτικόν.
| [6,30] XX. LES Romains ayant ainsi affaibli les forces de cette nation,
Appius Claudius l'autre consul qui était resté à Rome, se fit amener leurs
otages qui étaient au nombre de trois cents, et après les avoir fait
ignominieusement fouetter en place publique, il ordonna qu'on leur
tranchât la tête en présence de tout le monde, afin qu'une punition si
sévère servît d'exemple aux autres peuples pour leur apprendre à ne
jamais violer leur foi, surtout après avoir donné des otages.
XXI. Son collègue revint de son expédition quelques jours après. Il
demanda au sénat qu'il lui décernât les honneurs du triomphe comme on
avait coutume de les accorder aux généraux qui avaient fait de grands
exploits dans les combats. Mais Appius s'y opposa : il osa même le traiter
de séditieux, et d'amateur d'un mauvais gouvernement. Il l'accusait
surtout d'avoir distribué les dépouilles à qui il avait voulu, sans en rien
réserver au trésor public ; et il fit tant qu'il empêcha le sénat de lui
décerner le triomphe.
XXII. SERVILIUS irrité d'un pareil affront, prend alors un parti aussi
hardi qu'extraordinaire pour un Romain. Il assemble le peuple dans la
plaine qui est devant la ville. Il lui raconte ce qu'il a fait dans la campagne
précédente. Il se plaint de la jalousie de son collègue et du refus honteux
qu'il vient de recevoir du sénat. Il soutient que ses exploits aussi bien que
les soldats qui en ont été les témoins et les compagnons, lui donnent
plein pouvoir de triompher, et que ses belles actions et l'heureux succès
qu'elles ont eu, l'autorisent à recevoir du peuple les honneurs que le sénat
lui a refusés. Après ce discours, il fait couronner les faisceaux, prend lui-même une couronne, et revêtu d'une robe triomphale il marche vers la
ville suivi de tout le peuple. Il monte au Capitole, il y fait ses prières,
accomplit ses vœux et consacre les dépouilles de l'ennemi. Cette action
lui attira de plus en plus la haine et l'envie des patriciens : mais en même
temps elle augmenta la faveur et l'amitié du peuple.
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