[6,29] Ταῦτ´ εἰπὼν ἐκέλευσε τὸν κήρυκα ἀνειπεῖν,
ὅσοι ἂν Ῥωμαίων ἐπὶ τὸν κατ´ αὐτῶν πόλεμον
ἐκστρατεύσωσι, τὰς τούτων οἰκίας μηδένα ἐξεῖναι μήτε
πωλεῖν μήτ´ ἐνεχυράζειν μήτε γένος αὐτῶν ἀπάγειν
πρὸς μηδὲν συμβόλαιον μήτε κωλύειν τὸν βουλόμενον
τῆς στρατείας κοινωνεῖν. ὅσοι δ´ ἂν ἀπολειφθῶσι τῆς
στρατείας, τὰς κατὰ τούτων πράξεις ὑπάρχειν τοῖς
δανεισταῖς, ἐφ´ οἷς ἑκάστοις συνέβαλον. ὡς δὲ ταῦτ´
ἤκουσαν οἱ πένητες, αὐτίκα συνέγνωσάν τε καὶ πολλῇ
προθυμίᾳ πάντες εἰς τὸν πόλεμον ὥρμηντο, οἱ μὲν
ἐλπίσιν ὠφελειῶν ὑπαχθέντες, οἱ δὲ τοῦ στρατηλάτου
χάριτι, οἱ δὲ πλεῖστοι τὸν Ἄππιον καὶ τοὺς ἐν τῇ
πόλει κατὰ τῶν ὑπομεινάντων προπηλακισμοὺς φεύγοντες.
παραλαβὼν δ´ ὁ Σερουίλιος τὸ στράτευμα
σὺν πολλῇ σπουδῇ ἐλαύνει διαλιπὼν οὐδένα χρόνον,
ἵνα συμμίξῃ τοῖς πολεμίοις, πρὶν εἰς Ῥωμαίων χώραν
αὐτοὺς εἰσβαλεῖν· καὶ καταλαβὼν περὶ τὸ Πωμεντῖνον
χωρίον ἐστρατοπεδευκότας καὶ τὴν Λατίνων χώραν
προνομεύοντας, ὅτι παρακαλοῦσιν αὐτοῖς οὐ συνήραντο
τοῦ πολέμου, περὶ δείλην ὀψίαν παρὰ λόφον τινὰ ὡς
εἴκοσι στάδια τῆς στρατοπεδείας αὐτῶν ἀφεστῶτα τίθεται
τὸν χάρακα· καὶ αὐτοῖς νυκτὸς ἐπιτίθενται Οὐολοῦσκοι
ὀλίγους τε δόξαντες εἶναι καὶ ὡς ἐξ ὁδοῦ
μακρᾶς κατακόπους προθυμίας τ´ ἐνδεῶς ἔχοντας διὰ
τοὺς ἐκ τῶν πενήτων περὶ τὰ χρέα νεωτερισμοὺς ἐν
ἀκμῇ μάλιστα δοκοῦντας εἶναι. ὁ δὲ Σερουίλιος ἔτι
νυκτὸς ἀπὸ τοῦ χάρακος ἀγωνισάμενος, ἐπεὶ δὲ φῶς
τε ἤδη ἐγένετο καὶ τοὺς πολεμίους ἔμαθεν ἀτάκτως
προνομεύοντας, ἀνοῖξαι κελεύσας πυλίδας ἐκ τοῦ χάρακος
ἀδήλως συχνάς, ἀφ´ ἑνὸς παραγγέλματος ἐφῆκεν
ἐπ´ αὐτοὺς τὸ στράτευμα. ἐξαπιναίου δὲ τοῦ δεινοῦ
καὶ παρὰ δόξαν τοῖς Οὐολούσκοις προσπεσόντος ὀλίγοι μέν
τινες ὑποστάντες πρὸς τῷ χάρακι μαχόμενοι
κατεκόπησαν· οἱ δ´ ἄλλοι φεύγοντες προτροπάδην καὶ
πολλοὺς τῶν σφετέρων ἀπολέσαντες τραυματίαι τε οἱ
πλεῖστοι καὶ τὰ ὅπλα ἀπολωλεκότες εἰς τὸν χάρακα
διεσώζοντο. ἑπομένων δ´ αὐτοῖς τῶν Ῥωμαίων ἐκ ποδὸς καὶ
περισχόντων τὸ στρατόπεδον, βραχύν τινα
χρόνον ἀμυνάμενοι παρέδοσαν τὸν χάρακα πολλῶν
ἀνδραπόδων τε καὶ βοσκημάτων καὶ ὅπλων καὶ τῆς εἰς
τὸν πόλεμον παρασκευῆς γέμοντα. ἑάλω δὲ σώματα
ἐλεύθερα συχνά, τὰ μὲν αὐτῶν Οὐολούσκων, τὰ δὲ
τῶν αὐτοῖς συναγωνισαμένων ἐθνῶν, χρήματά τε καὶ
ὅσα χρυσὸς καὶ ἄργυρος καὶ ἐσθὴς ὡσπερὰν πόλεως
τῆς κρατίστης ἁλούσης πάνυ πολλά· τοῖς στρατιώταις
ταῦτ´ ἐφιεὶς ὁ Σερουίλιος ὡς ἕκαστος ὠφεληθείη καὶ
μηδὲν εἰς τὸ δημόσιον ἀναφέρουσι διανείμασθαι κελεύσας
καὶ τὸν χάρακα πυρὶ δούς, ἀναλαβὼν τὰς δυνάμεις ἦγεν ἐπὶ
τὴν ἀγχοτάτω Σουέσσαν Πωμεντιανήν.
μεγέθει τε γὰρ περιβόλου καὶ πλήθεσιν οἰκητόρων,
ἔτι δὲ δόξῃ καὶ πλούτῳ πολὺ τῶν ταύτῃ ὑπερέχειν
ἐδόκει, καὶ ἦν ὥσπερ ἡγεμὼν τοῦ ἔθνους.
περιστρατοπεδεύσας δ´ αὐτὴν καὶ οὔθ´ ἡμέρας οὔτε νυκτὸς
ἀνακαλῶν τὸν στρατόν, ἵνα μηδένα χρόνον οἱ πολέμιοι
διαναπαύσαιντο μήθ´ ὕπνον αἱρούμενοι μήτε πολέμου
παῦλαν δεχόμενοι, λιμῷ καὶ ἀμηχανίᾳ καὶ σπάνει
συμμάχων παρατείνας εἷλεν αὐτοὺς ἐν οὐ πολλῷ χρόνῳ
καὶ τοὺς ἐν ἥβῃ πάντας κατέσφαξεν. ἐπιτρέψας δὲ
καὶ ὅσα ἦν ἐνταῦθα χρήματα τοῖς στρατιώταις φέρειν
τε καὶ ἄγειν, ἐπὶ τὰς ἄλλας πόλεις ἀπῆγε τὴν δύναμιν
οὐθενὸς οὐκέτι τῶν Οὐολούσκων ἀμύνειν τι δυναμένου.
| [6,29] Ce discours achevé, il fit publier par un huissier qu'il était
défendu à toutes personnes de saisir, vendre, ou retenir en gage les biens
des Romains qui suivraient ses étendards contre les Volsques, d'enlever
leurs enfants, ou aucun de leur famille pour quelque contrat que ce fût, ou
d'empêcher ceux qui voudraient donner leur nom pour servir dans la
guerre présente, mais qu'à l'égard de ceux qui refuseraient de porter les
armes il serait permis aux créanciers d'intenter action contre eux pour
quelques contrats que ce pût être. Cette ordonnance du consul fit aussitôt
changer de sentiment aux pauvres citoyens, en sorte qu'ils se portaient
tous avec beaucoup d'ardeur à s'enrôler, les uns par l'espérance du gain,
les autres par affection pour le commandant, la plupart enfin pour éviter la
persécution d'Appius et les insultes auxquelles il y avait apparence que
seraient exposés ceux qui resteraient à Rome.
XVIII. DES que Servilius eut une armée sur pied, il marcha en
diligence et sans perdre de temps, pour combattre les ennemis avant
qu'ils fussent entrés sur les terres des Romains. Ils étaient campés dans
le pays des Pométiens, d'où ils faisaient le dégât sur les terres des Latins
par ressentiment de ce qu'ils avaient refusé d'être leurs alliés dans cette
guerre, quelques instances qu'on leur eût fait. Le consul les joignit vers le
soir, et assit son camp sur une colline, environ à vingt stades des
ennemis. Les Volsques croyant que les Romains n'avaient pas de
nombreuses troupes, qu'ils étaient fatigués de leur longue marche, et
qu'ils manquaient d'ardeur à cause de la sédition des pauvres dont le feu
semblait alors plus allumé que jamais, furent assez hardis pour les
attaquer pendant la nuit. Tant qu'elle dura Servilius se défendit dans ses
retranchements : mais aussitôt que le jour parut, voyant les ennemis en
désordre et dispersés au pillage, il fit ouvrir plusieurs petites portes
secrètes, et sortant des lignes avec toutes ses troupes qui le suivirent au
premier signal, il tomba rudement sur les Volsques. Ceux-ci furent
tellement surpris de cette sortie subite et imprévue, qu'une petite partie
des troupes qui osa résister auprès des retranchements, fut taillée en
pièces. Les autres prirent la fuite à la débandade, et après avoir perdu
beaucoup de monde, ils se sauvèrent dans leurs retranchements avec
bien de la peine, la plupart chargés de blessures et dépouillés de leurs
armes. Les Romains qui les poursuivaient de près, investirent leur camp
et les obligèrent de le livrer après avoir soutenu quelque temps. Il était
plein d'esclaves, de bestiaux, d'armes, de toutes sortes d'appareils et de
provisions de guerre. On y prit aussi beaucoup de personnes de condition
libre, tant des Volsques que des peuples alliés, quantité de richesses,
d'or, d'argent et d'habits, comme dans une ville opulente qu'on aurait
emportée d'assaut. Servilius ordonna que toutes ces dépouilles fussent
distribuées aux soldats afin qu'ils eussent leur part du butin à proportion
de leurs services, sans en rien réserver pour le trésor public.
XIX. Ensuite ayant fait mettre le feu au camp, il alla avec son armée
à Suessa Pometia qui n'était pas loin de là. Cette ville surpassait de
beaucoup toutes les autres par sa grandeur, par le nombre de ses
habitants, par sa gloire, par ses richesses. Elle était comme la première et
la principale ville de la nation. Le consul y mit le siège, et ne donna aucun
relâche à ses troupes ni jour ni nuit, afin que les ennemis n'eussent pas
un moment pour se reposer ou pour raccommoder leurs corps des
fatigues de la guerre. Par ce moyen la ville ne tarda guère à être prise.
Les alliés ne lui envoyant aucun secours et étant d'ailleurs pressés par la
famine, il lui fut impossible de tenir longtemps. Le consul fit passer au fil
de l'épée tous ceux qui avaient atteint l'âge de puberté, et permit aux
soldats de piller et d'emporter tout ce qu'ils trouveraient. De là il marcha
avec son armée contre les autres villes, sans trouver aucune résistance
de la part des Volsques.
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