[6,27] Τότε μὲν οὖν ᾤχοντο ἐκ τῆς ἀγορᾶς, τῇ
δ´ ἑξῆς ἡμέρᾳ παρῆν οὐ μόνον ὁ κατὰ πόλιν ὄχλος,
ἀλλὰ καὶ ἐκ τῶν σύνεγγυς ἀγρῶν τὸ δημοτικὸν πλῆθος καὶ
ἦν ἐξ ἑωθινοῦ πλήρης ἡ ἀγορά. τῆς δὲ βουλῆς συναχθείσης,
ἵνα περὶ τούτων βουλεύσειεν, ὅ τι
χρὴ πράττειν, ὁ μὲν Ἄππιος δημοκόπον ἐκάλει τὸν
συνάρχοντα καὶ τῆς ἀπονοίας τῶν ἀπόρων ἡγεμόνα,
ὁ δὲ Σερουίλιος ἐκεῖνον αὐστηρὸν καὶ αὐθάδη καὶ
τῶν παρόντων τῇ πόλει κακῶν αἴτιον· τέλος δ´ οὐδὲν
ἐγίνετο τῶν λόγων. ἐν δὲ τούτῳ Λατίνων ἱππεῖς κατὰ
σπουδὴν ἐλαύνοντες τοὺς ἵππους παρῆσαν εἰς τὴν ἀγορὰν
ἐξεληλυθότας ἀγγέλλοντες τοὺς πολεμίους μεγάλῃ
στρατιᾷ καὶ ὄντας ἐπὶ τοῖς ἑαυτῶν ὁρίοις ἤδη. καὶ
οἱ μὲν ταῦτα, οἱ δὲ πατρίκιοι καὶ τὸ τῶν ἱππέων πλῆθος τῶν
τ´ ἄλλων, ὅσοι πλούτους ἢ δόξας προγονικὰς
εἶχον, οἷα δὴ περὶ μεγάλων κινδυνεύοντες ὡπλίζοντο
διὰ τάχους· ὅσοι δ´ ἦσαν αὐτῶν ἄποροι, μάλιστα δ´
οἱ τοῖς δανείοις πιεζόμενοι, οὔθ´ ὅπλων ἥπτοντο οὔτ´
ἄλλως παρείχοντο τοῖς κοινοῖς πράγμασιν ἐπικουρίαν
οὐδεμίαν, ἡδόμενοι δὲ καὶ κατ´ εὐχὴν δεχόμενοι τὸν
ἔξωθεν πόλεμον, ὡς τῶν παρόντων σφᾶς κακῶν
ἐλευθερώσοντα, τοῖς δὲ δεομένοις ἀμύνειν ἐπιδεικνύντες
τὰς ἁλύσεις καὶ τὰς πέδας, ἐπικερτομοῦντες ἠρώτων,
εἰ τούτων φυλακῆς ἕνεκα τῶν ἀγαθῶν ἄξιον εἴη σφίσι
πολεμεῖν· πολλοὶ δὲ καὶ λέγειν ἐτόλμων, ὡς ἄμεινον εἴη
Οὐολούσκοις δουλεύειν μᾶλλον ἢ τὰς ὕβρεις
τῶν πατρικίων ὑπομένειν· ἥ τε πόλις οἰμωγῆς καὶ
θορύβου καὶ παντοίων γυναικείων ὀδυρμῶν ἐνεπίμπλατο.
| [6,27] XIV. Le lendemain il se rassembla, non seulement de tous les
quartiers de la ville, mais encore des campagnes voisines, en si grande
quantité que la place publique se trouva pleine de monde dès le point du
jour. Le sénat s'assembla aussi pour tenir conseil sur ce qu'il fallait faire
dans des conjonctures si difficiles. Mais toute cette séance se passa en
disputes et altercations. Appius accusait son collègue de flatter le peuple
pour gagner sa faveur, et le traitait de chef de la folle et insolente
entreprise des pauvres citoyens. Servilius de son côté lui reprochait qu'il
était cruel, fier et opiniâtre. Il rejetait même sur lui tous les maux dont
Rome était accablée et leurs disputes n'avaient point de fin.
XV. SUR ces entrefaites, il arriva des cavaliers Latins qui étaient
accourus à toute bride. Ils apportaient la nouvelle que les ennemis avaient
ouvert la campagne avec une armée nombreuse qui était déjà sur les
frontières de leurs terres. Les patriciens, les chevaliers, et tous ceux qui
étaient distingués ou par leurs richesses ou par la gloire de leurs
ancêtres, furent tellement frappés de cette nouvelle, qu'à la vue du danger
qui les menaçait plus que tous les autres citoyens parce qu'ils avaient
plus à perdre, ils coururent promptement aux armes. Mais les pauvres,
surtout ceux qui étaient obérés, loin de prendre les armes pour secourir la
république, recevaient de bon cœur cette guerre du dehors qu'ils avaient
tant souhaitée dans l'espérance qu'elle les délivrerait de leur misère
présente, et quand on les exhortait à défendre l'état, montrant leurs
menottes et leurs fers, ils demandaient insolemment et avec colère s'il
leur convenait de combattre pour conserver de tels biens. Il y en avait
même plusieurs qui ne craignaient pas de dire qu'il valait mieux devenir
les esclaves des Volsques, que de souffrir plus longtemps les mauvais
traitements des patriciens. Ce n'était que confusion par toute la ville : les
femmes augmentaient encore le tumulte par les cris lamentables dont
elles frappaient l'air.
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