[6,22] Ῥωμαίοις δὲ καταλυσαμένοις τοὺς ὑπαίθρους
πολέμους ἡ πολιτικὴ στάσις αὖθις ἐπανίστατο τῆς μὲν
βουλῆς ψηφισαμένης καθίζειν τὰ δικαστήρια καὶ τὰς
ἀμφισβητήσεις, ἃς διὰ τὸν πόλεμον ἀνεβάλλοντο, κρίνεσθαι
κατὰ τοὺς νόμους· τῶν δὲ περὶ τὰς συναλλαγὰς
ἀμφισβητημάτων εἰς μεγάλους κλύδωνας καὶ δεινὰς
προβεβηκότων ἀτοπίας τε καὶ ἀναισχυντίας, τῶν
μὲν δημοτικῶν ἀδυνάτως ἔχειν σκηπτομένων διαλύειν
τὰ χρέα, χώρας τ´ αὐτοῖς κεκομμένης ἐν τῷ πολυετεῖ
πολέμῳ καὶ βοσκημάτων διεφθαρμένων καὶ ἀνδραπόδων
αὐτομολίαις καὶ καταδρομαῖς σπανισθέντων τῆς
τε κατὰ πόλιν κτήσεως ἐξανηλωμένης ταῖς εἰς τὴν
στρατείαν δαπάναις· τῶν δὲ δανειστῶν ταύτας μὲν
τὰς συμφορὰς ὁμοίας ἅπασι γεγονέναι λεγόντων καὶ
οὐ μόνοις τοῖς χρεωφειλέταις, οὐκ ἀνεκτὸν δ´ ἡγουμένων
σφίσι μὴ μόνον, ἃ διὰ τὸν πόλεμον ἀφῃρέθησαν ὑπὸ τῶν
ἐχθρῶν, ἀλλὰ καὶ ἃ δεομένοις τισὶ τῶν
πολιτῶν ἐν εἰρήνῃ συνήλλαξαν, ἀπολωλέναι. ἀξιούντων
δ´ οὔτε τῶν δανειστῶν οὐδὲν μέτριον ὑπομένειν οὔτε
τῶν χρεωφειλετῶν ποιεῖν οὐδὲν δίκαιον, ἀλλὰ τῶν μὲν
οὐδὲ τοὺς τόκους ἀφιέναι, τῶν δὲ μηδὲ αὐτὰ τὰ
συναλλάγματα διαλύειν· ἐξ ὧν σύνοδοι μὲν ἤδη κατὰ
συστροφὰς τῶν ἐν ταῖς ὁμοίαις ὄντων τύχαις ἐγένοντο
καὶ ἀντιπαρατάξεις κατὰ τὴν ἀγοράν, ἔστι δ´ ὅτε καὶ
χειρῶν ἁψιμαχίαι, καὶ συνετετάρακτο πᾶς ὁ πολιτικὸς
κόσμος· ταῦθ´ ὁρῶν ὁ Ποστόμιος, ἕως ἔτι τὸ τιμώμενον εἶχε
παρὰ πάντων ὅμοιον πολέμῳ βαρεῖ καλὸν
ὑπεκδῦναι τοὺς πολιτικοὺς χειμῶνας ἔγνω· καὶ πρὶν
ἐκπληρῶσαι τὸν ἔσχατον τῆς αὐτοκράτορος ἀρχῆς χρόνον,
τήν τε δικτατορίαν ἐξωμόσατο καὶ προθεὶς ἀρχαιρεσιῶν
ἡμέραν μετὰ τοῦ συνυπάτου τὰς πατρίους κατέστησεν ἀρχάς.
| [6,22] CHAPITRE TROISIEME.
I. A PEINE les Romains étaient-ils délivrés des guerres du dehors,
qu'il s'éleva de nouveaux troubles dans le sein de la république, à
l'occasion d'un décret du sénat, portant qu'il serait établi des tribunaux, où
les procès qu'on avait sursis à cause de la guerre, seraient jugés selon
les lois. Les contestations touchant les contrats s'étaient si fort
augmentées qu'elles excitaient de grandes tempêtes. Les esprits
s'aigrissaient de plus en plus, ils portaient l'insolence et l'effronterie
jusqu'aux dernières extrémités. D'un côté les plébéiens feignaient de
n'être point en état de payer leurs dettes : ils se plaignaient que pendant
tant d'années de guerre, leurs terres n'avaient rien produit, que leurs
bestiaux avaient péri, que leurs esclaves s'étaient échappés ou leur
avaient été enlevés dans les différentes courses des ennemis, et que tout
ce qu'ils possédaient à Rome ils l'avaient dépensé pour les frais de la
guerre. D'un autre côté les créanciers disaient que les pertes étaient
communes à tout le monde, qu'ils n'en avaient pas moins souffert que
leurs débiteurs, qu'ils ne pouvaient se résoudre à perdre encore ce qu'ils
avaient prêté en temps de paix à quelques citoyens indigents, outre ce
que les ennemis leur avaient enlevé pendant la guerre. Ceux-ci ne voulant
donc point entendre parler d'accommodement ni faire aucune remise de
l'intérêt, et ceux-là refusant de payer même le principal, la république se
trouvait dans un terrible désordre. Ils commençaient déjà à s'attrouper. La
même fortune réunissait d'un côté les débiteurs, et les créanciers de
l'autre. Ils s'assemblaient dans la place publique par bataillons, et en
venaient quelquefois aux mains. Toute la police et la discipline étaient
confondues, et l'on ne pouvait apaiser le tumulte.
II. LE dictateur Postumius, qui était encore alors également respecté
des uns et des autres, ne voyait qu'avec chagrin cette funeste division
dans le sein de la république. II crut que le seul moyen d'apaiser un si
grand désordre, était d'entreprendre quelque guerre difficile. Dans cette
vue il abdiqua la dictature, avant que d'avoir fait son temps entier, et ayant
indiqué un jour d'assemblée pour l'élection des consuls, de concert avec
son collègue il nomma deux magistrats pour gouverner l'état suivant
l'ancienne coutume des Romains. Appius Claudius Sabin et Publius
Servilius Priscus furent créés consuls annuels et prirent les rênes du
gouvernement selon les lois de la patrie.
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