[6,21] Ταῦτα μὲν οὖν τὰ λεχθέντα ὑπὸ τῶν προεστηκότων
τῆς βουλῆς, τοῦ δὲ δικτάτορος τὴν Λαρκίου
γνώμην προελομένου καὶ οὐδενὸς ἔτι λέξαντος τἀναντία
παρῆσαν εἰσκληθέντες εἰς τὸ συνέδριον οἱ πρέσβεις τὰς
ἀποκρίσεις ληψόμενοι· καὶ ὁ Ποστόμιος
ὀνειδίσας αὐτοῖς τὴν οὐδέποτε σωφρονισθῆναι δυναμένην
κακίαν· Δίκαιον μὲν ἦν, ἔφη, τὰ ἔσχατα παθεῖν,
ἅτε δὴ καὶ αὐτοὶ πράττειν ἐμέλλετε, εἰ κατωρθώσατε
ἃς πολλάκις ἤλθετε ἐπ´ †αὐτοὺς ὁδούς· οὐ μέντοι
Ῥωμαίους τὰ δίκαια πρὸ τῶν ἐπιεικῶν προελέσθαι
λογιζομένους, ὅτι συγγενεῖς εἰσι καὶ ἐπὶ τὸν ἔλεον τῶν
ἀδικουμένων καταπεφεύγασιν, ἀλλὰ καὶ ταύτας τὰς
ἁμαρτίας αὐτοῖς ἀζημίους ἀφιέναι θεῶν τε ὁμογνίων
ἕνεκα καὶ τύχης ἀτεκμάρτου, παρ´ ἧς τὸ κράτος ἔσχον.
νῦν μὲν οὖν, ἔφη, παντὸς ἠλευθερωμένοι δέους πορεύεσθε,
ἐὰν δὲ τοὺς αἰχμαλώτους ἀπολύσητε καὶ τοὺς
αὐτομόλους παραδῶτε ἡμῖν καὶ τοὺς φυγάδας ἐξελάσητε,
τότε τοὺς περὶ φιλίας τε καὶ συμμαχίας διαλεξομένους
πρέσβεις πέμπετε πρὸς ἡμᾶς, ὡς οὐδενὸς
ἀτυχήσοντες τῶν μετρίων. ἀπῄεσαν οἱ πρέσβεις ταύτας
τὰς ἀποκρίσεις λαβόντες καὶ μετ´ ὀλίγας ἡμέρας
ἧκον τούς τ´ αἰχμαλώτους ἀφεικότες καὶ τοὺς ἁλόντας
τῶν αὐτομόλων δεσμίους ἄγοντες καὶ τοὺς ἅμα Ταρκυνίῳ
φυγάδας ἐξεληλακότες ἐκ τῶν πόλεων. ἀνθ´
ὧν εὕροντο παρὰ τῆς βουλῆς τὴν ἀρχαίαν φιλίαν καὶ
συμμαχίαν καὶ τοὺς ὅρκους τοὺς ὑπὲρ τούτων ποτὲ
γενομένους διὰ τῶν εἰρηνοδικῶν ἀνενεώσαντο. ὁ μὲν
δὴ πρὸς τοὺς τυράννους συστὰς πόλεμος τετρακαιδεκαέτης
ἀπὸ τῆς ἐκπτώσεως αὐτῶν γενόμενος τοιαύτης
ἔτυχε τελευτῆς. Ταρκύνιος δ´ ὁ βασιλεύς, οὗτος γὰρ
ἔτι λοιπὸς ἐκ τοῦ γένους ἦν, ὁμοῦ τι γεγονὼς
ἐνενηκονταέτης κατὰ τὸν χρόνον τοῦτον, ἀπολωλεκὼς τὰ
τέκνα καὶ τὸν τῶν κηδεστῶν οἶκον καὶ γῆρας ἐλεεινὸν
καὶ παρ´ ἐχθροῖς διαντλῶν, οὔτε Λατίνων ὑποδεχομένων
αὐτὸν ἔτι ταῖς πόλεσιν, οὔτε Τυρρηνῶν οὔτε
Σαβίνων οὔτ´ ἄλλης πλησιοχώρου πόλεως ἐλευθέρας
οὐδεμιᾶς, εἰς τὴν Καμπανίδα Κύμην ᾤχετο πρὸς
Ἀριστόδημον τὸν ἐπικληθέντα Μαλακὸν τυραννοῦντα τότε
Κυμαίων· παρ´ ᾧ βραχύν τινα ἡμερῶν ἀριθμὸν ἐπιβιοὺς
ἀποθνήσκει καὶ θάπτεται ὑπ´ αὐτοῦ. τῶν δὲ
σὺν ἐκείνῳ φυγάδων οἱ μὲν ἐν τῇ Κύμῃ κατέμειναν,
οἱ δ´ εἰς ἄλλας τινὰς πόλεις σκεδασθέντες ἐπὶ ξένης
τὸν βίον κατέστρεψαν.
| [6,21] Tels furent les avis des principaux du sénat.
XXXVIII. Le dictateur approuva le sentiment de Largius, et personne
n'y ayant formé d'opposition, on rappela les ambassadeurs pour leur
donner réponse. Quand ils furent entrés, Postumius leur parla ; et après
de vifs reproches sur leur méchanceté incorrigible et sur la mauvaise foi
dont ils avaient donné tant de marques :
« Vous mériteriez, leur dit-il, qu'on vous traitât avec la dernière
dureté, et qu'on vous fît ressentir tous les maux que vous vouliez nous
faire si vous eussiez réussi dans les pernicieux projets que vous avez tant
de fois formés contre nous. Mais les Romains ne sont pas hommes à user
rigoureusement de leurs droits sans avoir égard aux liens de la parenté.
Sensibles d'ailleurs au repentir des Latins qui ont eu recours à leur
clémence, ils sont portés à vous pardonner encore cette dernière faute, ils
le font par respect pour les dieux protecteurs des droits de la parenté, et
pour ne se pas montrer ingrats envers la fortune, qui quoique toujours
changeante et incertaine, leur a accordé la victoire. Retournez-vous-en
donc en toute liberté. Quand vous aurez rendu les prisonniers, livré les
déserteurs, et chassé de vos terres les exilés, vous pourrez nous envoyer
des ambassadeurs pour traiter de la paix et conclure une alliance : nous
leur accorderons tout ce qui sera juste et raisonnable. »
Les ambassadeurs s'en allèrent avec cette réponse.
XXXIX. QUELQUES jours après, ils renvoyèrent les prisonniers et
chassèrent de toutes leurs villes Tarquin et les autres exilés, puis ils
revinrent promptement à Rome où ils amenèrent les déserteurs chargés
de chaînes. En récompense ils obtinrent du sénat de rentrer dans
l'ancienne amitié et dans l'alliance des Romains : on renouvela les
serments qui avaient été faits autrefois par les hérauts d'armes. Ainsi finie
la guerre des tyrans qui avait duré quatorze ans depuis leur bannissement.
XL. APRES cela, le roi Tarquin qui restait seul de sa famille, âgé
d'environ quatre-vingt-dix ans, ayant perdu ses enfants et ses proches, fut
réduit a traîner les restes d'une malheureuse vieillesse dans un pays
ennemi. Les Latins, les Tyrrhéniens, les Sabins, et toutes les autres villes
libres des pays voisins ne voulaient plus lui donner de retraite sur leurs
terres. Il se réfugia à Cumes en Campanie auprès d'Aristodème,
surnommé le Mol, qui y régnait alors, ou plutôt, qui y exerçait sa tyrannie.
Il n'y survécut que quelques jours, après lesquels il mourut. Le tyran lui
rendit les derniers devoirs et fit ses funérailles. Une partie des exilés qui
étaient avec lui, resta à Cumes. Les autres se dispersèrent en différentes
villes, et finirent leurs jours dans une terre étrangère.
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