[6,20] Σερουίλιος δὲ Σουλπίκιος περὶ μὲν τῆς εἰρήνης
καὶ τῆς ἀνανεώσεως τῶν σπονδῶν οὐδὲν ἀντέλεγεν·
ἐπειδὴ δὲ πρότεροι τὰς σπονδὰς ἔλυσαν Λατῖνοι, καὶ
οὐχὶ τότε πρῶτον, ὥστε συγγνώμης τινὸς αὐτοῖς δεῖν
ἀνάγκην καὶ ἀπάτην προβαλλομένοις, ἀλλὰ πολλάκις
ἤδη καὶ πρότερον, ὥστε καὶ διορθώσεως σφίσι δεῖν,
τὴν μὲν ἄδειαν ἅπασι συγκεχωρῆσθαι καὶ τὴν ἐλευθερίαν
διὰ τὸ συγγενές, τῆς δὲ γῆς τὴν ἡμίσειαν αὐτοὺς ἀφαιρεθῆναι
καὶ κληρούχους ἀποσταλῆναι Ῥωμαίων εἰς αὐτήν, οἵ τινες
ἐκείνην καρπώσονται καὶ
τοὺς ἄνδρας μηδὲν ἔτι νεωτερίσαι σπουδάσουσι. Σπόριος δὲ
Κάσσιος ἀνελεῖν τὰς πόλεις αὐτῶν συνεβούλευε θαυμάζειν
λέγων ἐπὶ ταῖς εὐηθείαις τῶν παραινούντων ἀφεῖναι τὰς
ἁμαρτίας αὐτοῖς ἀζημίους, εἰ
μηδὲ δύνανται καταμαθεῖν, ὅτι διὰ τὸν φθόνον τὸν
ἔμφυτόν τε καὶ ἀναφαίρετον, ὃν ἔχουσι πρὸς τὴν πόλον
αὐτῶν αὐξομένην, ἄλλους ἐπ´ ἄλλοις ἐπιτεχνῶνται
πολέμους καὶ οὐδέποτε παύσονται τῆς ἐπιβούλου
προαιρέσεως ἑκόντες, ἕως αὐτῶν τοῦτ´ ἐν ταῖς ψυχαῖς τὸ
δύστηνον ἐνοικεῖ πάθος· οἵ γε τελευτῶντες ὑπὸ τυράννῳ
ποιήσασθαι, θηρίων ἁπάντων ἀγριωτάτῳ, συγγενῆ σφῶν
πόλιν ἐπεχείρησαν ἁπάσας ἀνατρέψαντες
τὰς ἐπὶ θεῶν ὁμολογίας, οὐκ ἄλλαις τισὶν ἐλπίσιν
ἐπαρθέντες, ἀλλ´ ὅτι ἂν μὴ αὐτοῖς κατὰ γνώμην χωρήσῃ τὰ
τοῦ πολέμου δίκην οὐδεμίαν ὑφέξουσιν ἤ
τινα μικρὰν κομιδῇ. παραδείγμασί τε καὶ αὐτὸς ἠξίου
χρῆσθαι τοῖς τῶν προγόνων ἔργοις, οἳ τὴν Ἀλβανῶν
πόλιν, ἐξ ἧς αὐτοί τ´ ἀπῳκίσθησαν καὶ Λατίνων
ἅπασαι πόλεις, ἐπειδὴ φθονοῦσαν ἔγνωσαν τοῖς αὑτῶν
ἀγαθοῖς καὶ τὴν ἄδειαν, ἣν ἐπὶ τοῖς πρώτοις ἁμαρτήμασιν
εὕρετο, μείζονος ἐπιβουλῆς ἀφορμὴν ποιησαμένην, ἐν ἡμέρᾳ
καθελεῖν ἔγνωσαν μιᾷ· ἐν ἴσῳ δόξαντες
εἶναι τῷ μηδένα οἰκτείρειν τῶν τὰ μέτρια ἁμαρτανόντων τὸ
μηδένα τιμωρεῖσθαι τῶν τὰ μέγιστα καὶ
ἀδιόρθωτα ἀδικούντων. μωρίας δὲ πολλῆς εἶναι καὶ
ἀναλγησίας ἔργον· οὐ γὰρ δὴ φιλανθρωπίας οὐδὲ
μετριότητος· τὸν τῶν ἀποικισάντων σφᾶς φθόνον,
ἐπεὶ πέρα τοῦ δέοντος ἔδοξεν εἶναι βαρὺς καὶ ἀφόρητος, οὐκ
ἀνασχομένους τὸν τῶν ὁμογενῶν ὑπομένειν
τούς τ´ ἐν ἐλάττοσι πείραις ἐλεγχθέντας πολεμίους
ἀφαιρέσει πόλεως ζημιώσαντας, παρὰ τῶν πολλάκις τὸ
μῖσος ἀδιάλλακτον ἀποδειξαμένων μηδεμίαν εἰσπράξασθαι
δίκην. ταῦτ´ εἰπὼν καὶ τὰς ἀποστάσεις τῶν Λατίνων ἁπάσας
ἐξαριθμησάμενος τῶν τ´ ἀπολομένων ἐν
τοῖς πρὸς αὐτοὺς πολέμοις Ῥωμαίων τὸ πλῆθος ὅσον
ἦν ἀναμνήσας, ἠξίου τὸν αὐτὸν τρόπον χρήσεσθαι καὶ
τούτοις, ὃν ἐχρήσαντο Ἀλβανοῖς πρότερον· τὰς μὲν
οὖν πόλεις αὐτῶν ἀνελεῖν καὶ τὴν χώραν αὐτῶν τῇ
Ῥωμαίων προσθεῖναι, τῶν δ´ ἀνθρώπων τοὺς μὲν εὔνοιάν
τινα πρὸς αὐτοὺς ἀποδειξαμένους ἔχοντας τὰ
σφέτερα πολίτας ποιήσεσθαι, τοὺς δ´ αἰτίους τῆς
ἀποστάσεως, ὑφ´ ὧν αἱ σπονδαὶ διελύθησαν, ὡς προδότας
ἀποκτεῖναι· ὅσον δὲ τοῦ δήμου πτωχὸν καὶ ἀργὸν καὶ
ἄχρηστον ἐν ἀνδραπόδων ποιήσεσθαι λόγῳ.
| [6,20] XXXV. SERVIUS Sulpicius qui dit son sentiment le second ne
s'opposa point à ce qu'on leur accordât la paix et qu'on renouvelât le
traité. Mais comme ce n était pas la première fois que les Latins étaient
devenus les infracteurs de l'alliance et qu'ils méritaient quelque punition
pour avoir déjà violé plusieurs fois leurs serments, il fut d'avis qu'on n'eût
aucun égard au prétexte dont ils coloraient leur faute, en protestant qu'ils
avaient été trompés et contraints de faire la guerre ; que cependant, en
considération de la parenté il fallait leur accorder à tous le pardon et la
liberté, à condition néanmoins qu'on leur ôterait la moitié de leurs terres,
où l'on enverrait des colonies Romaines, tant pour en percevoir les fruits
que pour tenir ces peuples en respect.
XXXVI. SPURIUS Cassius fut d'un avis contraire, et opina de raser
leurs villes. Il dit et qu'il admirait la simplicité et la trop grande douceur des
sénateurs qui voulaient qu'on leur accordât l'impunité. Qu'il s'étonnait que
ceux-là ne vissent pas que les Latins avaient une envie enracinée contre
l'accroissement de la ville de Rome, qu'ils ne manqueraient pas de lui
susciter toujours de nouvelles guerres, et qu'ils persisteraient dans le
dessein de lui dresser des embûches tant qu'ils feraient possédés de
cette malheureuse passion. Qu'il ne fallait pas attendre autre chose de la
mauvaise volonté de ces peuples, qui violaient les serments les plus
respectables dont les dieux étaient témoins. Qu'on pouvait juger de leur
mauvais cœur par la dernière entreprise qu'ils avaient faite pour réduire la
ville de Rome sous la puissance d'un tyran plus cruel que toutes les bêtes
féroces, sans avoir égard aux liaisons du sang qu'ils avaient avec elle,
que l'espérance de l'impunité leur avait inspiré ce pernicieux dessein, et
que comptant sur l'indulgence des Romains ils s'étaient flattés que si la
guerre qu'ils entreprenaient ne réussissait pas.
XXXVII. Ensuite il les exhorta à suivre l'exemple de leurs pères. Il
leur remit devant les yeux qu'ils avaient en un seul jour fait raser la ville
d'Albe, parce qu'elle portait envie à leur prospérité, et qu'abusant du
pardon qu'ils lui avaient accordé de ses premières fautes, elle leur
dressait de nouvelles embûches : qu'ils n'avaient pas fait difficulté de
prendre ce parti extrême, quoique Albe fût leur métropole, dont Rome et
toutes les villes Latines n'étaient que les colonies ; persuadés que si c'est
être trop cruel que de ne pas pardonner les fautes les plus légères, il y a
aussi trop de lâcheté à laisser impunis les crimes les plus noirs et les
injustices les plus irréparables. Que si leurs ancêtres n'avaient pu souffrir
l'envie de leur métropole qui leur paraissait d'autant plus insupportable
qu'elle ne gardait aucune mesure, ni s'empêcher de raser la ville d'Albe
qui n'avait pas commis de si grandes fautes, ce serait insensibilité et
imprudence plutôt que douceur et humanité, de ne pas punir les Latins
leurs parents qui s'étaient tant de fois déclarés leurs ennemis
irréconciliables. Après leur avoir exposé ces raisons, leur remettant en
mémoire toutes les révoltes des Latins et tant de braves citoyens qui
étaient morts dans les guerres qu'on avait eu à soutenir contre ces
peuples, il demanda qu'on les traitât avec la même rigueur dont on avait
usé autrefois envers les Albains, qu'on rasât leurs villes, qu'on s'emparât
de leurs terres. Qu'à l'égard des habitants on pourrait accorder le droit de
bourgeoisie à ceux qui avaient donné quelque marque d'attachement pour
les Romains, et leur permettre de s'établir à Rome avec leurs biens et
leurs effets : mais que pour ceux qui avaient été les auteurs de la révolte
et de l'infraction du traité, il fallait les faire mourir comme des traîtres, et
mettre au nombre des esclaves toute la populace inutile et paresseuse.
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