[6,19] Ὡς δὲ μετέστησαν ἐκ τοῦ βουλευτηρίου
καὶ λόγος ἀπεδόθη τοῖς εἰωθόσιν ἀποφαίνεσθαι γνώμας,
Τῖτος μὲν Λάρκιος ὁ πρῶτος ἀποδειχθεὶς δικτάτωρ ἐν τῷ
παρελθόντι ἐνιαυτῷ ταμιεύεσθαι τὴν τύχην
αὐτοῖς συνεβούλευε μέγιστον εἶναι λέγων ἐγκώμιον
ὥσπερ ἑνὸς ἀνδρὸς οὕτω καὶ πόλεως ὅλης, εἰ μὴ
διαφθαρήσεται ταῖς εὐπραγίαις, ἀλλ´ εὐμενῶς καὶ μετρίως
φέροι τἀγαθά. πάσας μὲν γὰρ τὰς εὐτυχίας
φθονεῖσθαι, μάλιστα δ´ ὅσαις πρόσεστιν εἰς τοὺς
ταπεινωθέντας καὶ ὑπὸ χεῖρα γενομένους ὕβρις καὶ
βαρύτης· τῇ τύχῃ δ´ οὐκ ἐῶν τι πιστεύειν πολλάκις
αὐτῆς πεῖραν εἰληφότας ἐπ´ οἰκείοις κακοῖς τε καὶ ἀγαθοῖς,
ὡς ἀβέβαιός ἐστι καὶ ἀγχίστροφος· οὐδ´ ἀνάγκην
προσάγειν τοῖς διαφόροις τὴν περὶ τῶν ἐσχάτων κινδύνων,
δι´ ἣν καὶ παρὰ γνώμην τολμηταὶ γίνονταί
τινες καὶ ὑπὲρ δύναμιν μαχηταί· δέος δὲ σφίσιν εἶναι
λέγων, μὴ κοινὸν μῖσος ἐπισπάσωνται παρὰ πάντων
ὅσων ἀξιοῦσιν ἄρχειν, ἐὰν πικρὰς καὶ ἀπαραιτήτους
ἀπὸ τῶν ἁμαρτόντων ἀναπράττωνται δίκας, ὡς ἐκβεβηκότες
ἐκ τῶν συνήθων ἐπιτηδευμάτων, ἀφ´ ὧν εἰς
ἐπιφάνειαν προῆλθον ἐπιλαθόμενοι, καὶ πεποιηκότες
τυραννίδα τὴν ἀρχήν, ἀλλ´ οὐχ ἡγεμονίαν ὡς πρότερον
ἦν καὶ προστασίαν· τά τε ἁμαρτήματα μέτρια καὶ οὐ
νεμεσητὰ εἶναι λέγων, εἴ τινες ἐλευθερίας περιεχόμεναι
πόλεις καὶ ἄρχειν ποτὲ μαθοῦσαι τῆς παλαιᾶς ἀξιώσεως οὐ
μεθίενται. εἰ δ´ ἀνιάτως οἱ τῶν κρατίστων
ὀρεχθέντες, ἐὰν διαμάρτωσι τῆς ἐλπίδος, ζημιώσονται,
οὐδὲν ἔσεσθαι τὸ κωλῦον ἅπαντας ἀνθρώπους ὑπ´
ἀλλήλων ἀπολωλέναι· πᾶσι γὰρ εἶναι τὸν τῆς ἐλευθερίας
πόθον ἔμφυτον. πολλῷ τε κρείττονα καὶ βεβαιοτέραν
ἀποφαίνων ἀρχήν, ἥτις εὐεργεσίαις, ἀλλὰ μὴ
τιμωρίαις κρατεῖν βούλεται τῶν ὑπηκόων· τῇ μὲν γὰρ
εὔνοιαν ἀκολουθεῖν, τῇ δὲ φόβον, ἀνάγκην δ´ εἶναι
φύσεως πάντα μάλιστα μισεῖσθαι τὰ φοβερά· τελευτῶν δὲ
τοῦ λόγου παραδείγμασιν αὐτοὺς ἠξίου χρῆσθαι τοῖς
κρατίστοις τῶν προγόνων ἔργοις, ἐφ´ οἷς
ἐπαίνων ἐτύγχανον ἐκεῖνοι, ἐπιλεγόμενος ὅσας ἁλούσας
κατὰ κράτος πόλεις οὐ κατασκάπτοντες οὐδὲ ἡβηδὸν
ἀναιροῦντες οὐδ´ ἐξανδραποδιζόμενοι, ἀλλ´ ἀποικίας
τῆς Ῥώμης ποιοῦντες, καὶ τοῖς βουλομένοις τῶν
κρατηθέντων παρὰ σφίσι κατοικεῖν πολιτείας μεταδιδόντες,
μεγάλην ἐκ μικρᾶς ἐποιοῦντο τὴν πόλιν. κεφάλαιον δ´ αὐτοῦ
τῆς γνώμης ἦν ἀνανεώσεσθαι τὰς
σπονδὰς πρὸς τὸ κοινὸν τῶν Λατίνων, ἃς ἦσαν πεποιημένοι
πρότερον, καὶ μηδενὸς τῶν ἁμαρτημάτων
μηδεμιᾷ πόλει μνησικακεῖν.
| [6,19] XXXIII. LORSQU'ILS furent sortis du sénat, et que ceux qui avaient
coutume de dire leur avis, eurent obtenu permission de parler, Titus
Largius, qui avait été le premier dictateur l'année précédente, prit la parole :
il dit qu'il était d'avis que les Romains agissent avec quelque
modération dans leur prospérité : que la plus grande gloire des villes aussi
bien que des particuliers, était de ne se point laisser corrompre par leur
bonne fortune, mais de la porter avec un esprit toujours égal et plein de
douceur. Que les grands succès font un objet de haine et d'envie, surtout
lorsque les vainqueurs en abusent pour traiter avec fierté et avec rigueur
ceux qu'ils ont subjugués. Qu'ils ne devaient pas compter sur la fortune,
puisqu'eux-mêmes ils en avaient tant de fois éprouvé les caprices et
l'inconstance, tantôt à leur avantage, tantôt à leur malheur, qu'il ne fallait
pas pousser leurs ennemis jusqu'aux dernières extrémités, que trop de
dureté ranime quelquefois les courages les plus abattus et leur donne
plus de force que jamais. Qu'il y avait à craindre qu'ils ne s'attirassent la
haine de tous les peuples sur lesquels ils voulaient dominer. Que s'ils
devenaient durs et inexorables envers les coupables, outre la haine
publique dont ils se chargeraient, ce serait renoncer à leurs anciennes
mœurs, oublier cette première douceur et ces moyens pacifiques
auxquels ils étaient redevables de leur élévation, et changer leur
puissance en tyrannie, au lieu de s'en servir pour protéger ceux qui se
soumettaient, et de conserver, comme auparavant, un empire raisonnable
et une juste prééminence sur les autres peuples. Que les fautes des
Latins étaient légères, et qu'on ne devait pas trouver si étrange que des
villes qui avaient autrefois appris à commander et à être libres, fissent
tous leurs efforts pour se maintenir dans leur ancienne dignité. Que si des
peuples qui recherchaient un si grand bien, étaient punis avec la dernière
rigueur sitôt qu'ils avaient le malheur de ne pas réussir, il n'y aurait plus
rien qui empêchât les hommes de s'égorger les uns les autres par l'amour
de la liberté qui est naturel et commun à tout le monde..
XXXIV. Dans la suite de son discours il fit voir que l'empire le mieux
établi et le plus durable consiste à retenir les peuples dans les bornes du
devoir plutôt par des bienfaits qui gagnent leur cœur, que par des
châtiments qui n'impriment que la crainte, parce que la nature nous force,
pour ainsi dire, à haïr tout ce que nous craignons. Enfin il proposa aux
sénateurs les glorieux exemples de leur ancêtres qui s'étaient acquis tant
de louanges. Il fit le détail de toutes les villes qu'ils avaient prises sans
les raser, sans passer de jeunes gens au fil de l'épée, et sans les réduire
en servitude, qu'ils avaient mieux aimé en faire des colonies Romaines ;
et que c'était en accordant le droit de bourgeoisie à tous les vaincus qui
voulaient aller s'établir à Rome, qu'ils avaient si considérablement agrandi
cette ville. Il conclut en disant qu'il fallait renouveler avec la république
des Latins le traité fait les années précédentes, et oublier entièrement
toutes les fautes que leurs villes avaient commises.
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