[6,2] Μετὰ δὲ τούτους παραλαμβάνουσι τὴν ἀρχὴν
Αὖλος Ποστόμιος καὶ Τῖτος Οὐεργίνιος, ἐφ´ ὧν αἱ
μὲν ἐνιαύσιοι ἀνοχαὶ πρὸς Λατίνους διελέλυντο, παρασκευαὶ
δὲ πρὸς τὸν πόλεμον ὑφ´ ἑκατέρων ἐγίνοντο
μεγάλαι. ἦν δὲ τὸ μὲν Ῥωμαίων πλῆθος ἅπαν ἑκούσιον καὶ
σὺν πολλῇ προθυμίᾳ χωροῦν ἐπὶ τὸν ἀγῶνα·
τοῦ δὲ Λατίνων τὸ πλέον ἀπρόθυμον καὶ ὑπ´ ἀνάγκης
κατειργόμενον, τῶν μὲν δυναστευόντων ἐν ταῖς πόλεσιν
ὀλίγου δεῖν πάντων δωρεαῖς τε καὶ ὑποσχέσεσιν
ὑπὸ Ταρκυνίου τε καὶ Μαμιλίου διεφθαρμένων, τῶν
δὲ δημοτικῶν, ὅσοις οὐκ ἦν βουλομένοις ὁ πόλεμος,
ἀπελαυνομένων ἀπὸ τῆς περὶ τῶν κοινῶν φροντίδος·
οὐδὲ γὰρ λόγος ἔτι τοῖς βουλομένοις ἀπεδίδοτο.
ἠναγκάζοντο δὴ χαλεπαίνοντες ἐπὶ τούτῳ συχνοὶ καταλιπεῖν
τὰς πόλεις καὶ πρὸς τοὺς Ῥωμαίους αὐτομολεῖν· κωλύειν γὰρ
οὐκ ἠξίουν οἱ δι´ ἑαυτῶν πεποιημένοι τὰς
πόλεις, ἀλλὰ πολλὴν τοῖς διαφόροις, τῆς ἑκουσίου
φυγῆς χάριν ᾔδεσαν. ὑποδεχόμενοι δ´ αὐτοὺς οἱ Ῥωμαῖοι
τοὺς μὲν ἅμα γυναιξὶ καὶ τέκνοις ἀφικνουμένους
εἰς τὰς ἐντὸς τείχους κατέταττον στρατιὰς τοῖς πολιτικοῖς
ἐγκαταμιγνύντες λόχοις, τοὺς δὲ λοιποὺς εἰς τὰ
περὶ τὴν πόλιν ἀποστέλλοντες φρούρια καὶ ταῖς ἀποικίαις
ἀπομερίζοντες, ἵνα μή τι νεωτερίσειαν, εἶχον ἐν
φυλακῇ. ἁπάντων δὲ τὴν αὐτὴν γνώμην λαβόντων,
ὅτι μιᾶς δεῖ πάλιν τοῖς πράγμασιν ἐφειμένης ἅπαντα
διοικεῖν κατὰ τὸν αὑτῆς λογισμὸν ἀνυπευθύνου ἀρχῆς,
δικτάτωρ ἀποδείκνυται τῶν ὑπάτων ὁ νεώτερος Αὖλος
Ποστόμιος ὑπὸ τοῦ συνάρχοντος Οὐεργινίου· ἱππάρχην
δ´ αὐτὸς ἑαυτῷ προσείλετο κατὰ τὸν αὐτὸν τρόπον τῷ
προτέρῳ δικτάτορι Τῖτον Αἰβούτιον Ἔλβαν· καὶ καταγράψας
ἐν ὀλίγῳ χρόνῳ τοὺς ἐν ἥβῃ Ῥωμαίους ἅπαντας καὶ διελὼν
εἰς τέτταρα μέρη τὴν δύναμιν, μιᾶς
μὲν αὐτὸς ἡγεῖτο μοίρας, ἑτέρας δὲ τὸν συνύπατον
Οὐεργίνιον ἔταξεν ἄρχειν, τῆς δὲ τρίτης Αἰβούτιον
τὸν ἱππάρχην, ἐπὶ δὲ τῆς τετάρτης κατέλιπεν ἔπαρχον
Αὖλον Σεμπρώνιον, ᾧ τὴν πόλιν φυλάττειν ἐπέτρεψεν.
| [6,2] CHAPITRE SECOND.
I. L'ANNEE suivante Aulus Postumius et Titus Virginius furent faits
consuls. Sous leur régence finit la trêve d'un an qu'on avait conclue avec
les Latins. On fit de part et d'autre de grands préparatifs pour la guerre.
Tous les Romains s'y portaient d'eux-mêmes avec beaucoup d'ardeur. La
plupart des Latins au contraire n'y avaient pas le cœur, mais ils y étaient
contraints malgré-eux. Car Tarquin et Mamilius avaient gagné presque
tous les magistrats des villes par des présents et par de belles promesses :
ils avaient même exclus de l'administration des affaires de l'état tous les
plébéiens qui ne voulaient point de guerre, en sorte qu'on n'avait plus la
liberté de parler. Ainsi il y en eut un grand nombre qui furent obligés
d'abandonner leurs villes pour se réfugier chez les Romains, parce qu'ils
ne pouvaient souffrir qu'on les traitât d'une manière si indigne. Les plus
puissants des villes Latines, bien loin de les retenir, favorisaient leur
retraite, et étaient fort contents de ce que ceux qui leur étaient opposés,
prenaient parti chez leurs ennemis-mêmes. Les Romains les reçurent à
bras ouverts. Ils incorporèrent dans les centuries de Rome et dans les
troupes destinées pour garder la ville, tous ceux qui se réfugièrent chez
eux avec leurs femmes et leurs enfants. Pour les autres, ils les mirent
dans les châteaux qui étaient aux environs de Rome, et les distribuèrent
dans différentes colonies ; précaution nécessaire pour les empêcher
d'exciter des révoltes.
II. Dans ces conjonctures, on fut d'avis de remettre l'autorité
souveraine entre les mains d'un seul homme qui ne fut point comptable
de sa conduite. Aulus Postumius, le plus jeune des consuls, fut élu
dictateur par Virginius son collègue. A l'exemple de son prédécesseur, il
prit pour aide Titus Aebutius Elva, qu'il fit général de la cavalerie. Après
avoir fait en peu de temps le dénombrement de tous les Romains qui
étaient en âge de servir, il les partagea en quatre classes. Il se réserva le
commandement de la première ; donna la seconde à Virginius son
collègue dans le consulat, la troisième à Aebutius général de la cavalerie ;
la quatrième à Aulus Sempronius, à qui il ordonna de rester à Rome en
qualité de préfet, pour garder la ville.
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