[6,16] Ὡς δὲ ταύτῃ προσέθεντο τῇ γνώμῃ καὶ οἱ
προχειρισθέντες ὑπ´ αὐτῶν πρέσβεις ἀφικόμενοι πρὸς
τὸν δικτάτορα καὶ παραχθέντες ἐπὶ τὴν ἐκκλησίαν διεξῆλθον
τοὺς ἐξαπατήσοντας λόγους, ὀλίγον ἐπισχὼν
ὁ Ποστόμιος χρόνον πρὸς αὐτοὺς εἶπε· Πονηρὰ βουλεύματα,
ὦ Οὐολοῦσκοι, χρηστοῖς λόγοις ἀμφιέσαντες
ἥκετε· καὶ πολεμίων ἔργα πράττοντες φίλων ἐξενέγκασθαι
βούλεσθε δόξαν. ὑμεῖς γὰρ ἀπέσταλθε ὑπὸ τοῦ
κοινοῦ Λατίνοις συμμαχήσοντες καθ´ ἡμῶν, ἐπεὶ δ´
ὕστεροι τῆς μάχης ἥκετε καὶ κρατουμένους αὐτοὺς
ὁρᾶτε, παρακρούσασθαι βούλεσθε ἡμᾶς τἀναντία, ὧν
ἐμέλλετε πράττειν, λέγοντες. καὶ οὐδ´ ἡ φιλανθρωπία
τῶν λόγων, ἣν πλάττεσθε πρὸς τὸν παρόντα καιρὸν
οὐδὲ τὸ προσποίημα ὑμῶν τῆς δεῦρο ἀφίξεως ὑγιές
ἐστιν, ἀλλὰ μεστὸν δόλου καὶ ἀπάτης. οὐ γὰρ
συνησθησόμενοι τοῖς ἀγαθοῖς ἡμετέροις ἐξαπέσταλθε, ἀλλὰ
κατασκεψόμενοι, πῶς ἡμῖν ἀσθενείας ἢ δυνάμεως τὰ
πράγματα ἔχει· καί ἐστε πρεσβευταὶ μὲν λόγῳ, κατάσκοποι
δ´ ἔργῳ. ἀρνουμένων δὲ πρὸς ἅπαντα τῶν
ἀνδρῶν οὐ διὰ μακροῦ τὴν πίστιν ἔφησεν αὐτοῖς παρέξεσθαι·
καὶ αὐτίκα τὰς ἐπιστολὰς αὐτῶν, ἃς ἔλαβε
πρὸ τῆς μάχης τοῖς ἡγεμόσι τῶν Λατίνων φερομένας,
ἐν αἷς ὑπισχνοῦντο αὐτοῖς πέμψειν ἐπικουρίαν, προήνεγκε,
καὶ τοὺς φέροντας αὐτὰς προήγαγεν. ἀναγνωσθέντων δὲ τῶν
γραμμάτων καὶ τῶν αἰχμαλώτων ἃς
ἔλαβον ἐντολὰς διηγησαμένων, τὸ μὲν πλῆθος λίθοις
ὥρμησε βαλεῖν τοὺς Οὐολούσκους ὡς ἑαλωκότας ἐπ´
αὐτοφώρῳ κατασκόπους, ὁ δὲ Ποστόμιος οὐκ ᾤετο
δεῖν ὁμοίους γενέσθαι τοῖς κακοῖς τοὺς ἀγαθοὺς κρεῖττον
εἶναι λέγων καὶ μεγαλοψυχότερον εἰς τοὺς ἀποστείλαντας
φυλάττειν τὴν ὀργὴν ἢ εἰς τοὺς ἀποσταλέντας, καὶ διὰ τὸ
φανερὸν ὄνομα τῆς πρεσβείας
ἀφεῖναι τοὺς ἄνδρας μᾶλλον ἢ διὰ τὸ ἀφανὲς τῆς
κατασκοπῆς ἔργον ἀπολέσαι· ἵνα μήτε Οὐολούσκοις
ἀφορμὴν παράσχωσιν εὐπρεπῆ τοῦ πολέμου πρεσβευτῶν
ἀνῃρῆσθαι σώματα σκηπτομένοις παρὰ τὸν ἁπάντων νόμον,
μήτε τοῖς ἄλλοις ἔχθρας πρόφασιν αἰτίας {εἶναι}
εἰ καὶ ψευδοῦς, ἀλλ´ οὐκ ἀλόγου γε οὐδὲ ἀπίστου.
| [6,16] Ce dernier sentiment
l'emporta sur les deux autres. On nomma des ambassadeurs qui allèrent
en diligence trouver le dictateur. Postumius les fit entrer dans le conseil, et
ils lui exposèrent le sujet de leur ambassade en termes trompeurs, suivant
les ordres qu'on leur avait donnés.
XXVII. POSTUMIUS, après un moment de silence, leur répondit ainsi.
« Volsques, vous cachez vos mauvais desseins sous de belles
paroles. Vous êtes nos ennemis, et vous venez ici pour nous faire croire
que vous entrez dans nos intérêts. Votre république vous envoyait au
secours des Latins pour combattre contre nous, mais comme vous êtes
arrivés après la bataille et que vous avez vu leur déroute, vous voulez
nous tromper en nous persuadant tout le contraire de ce que vous auriez
fait sans cela. Vos discours sont donc entièrement faux : et cette amitié,
dont vous colorez maintenant votre arrivée, n'a rien de sincère, ce n'est
que fraude et tromperie. On ne vous a pas envoyés ici pour nous féliciter
sur la victoire, mais plutôt pour nous épier et pour connaître nos forces ou
notre faiblesse. En un mot vous prenez la qualité d'ambassadeurs, et
vous nous parlez comme si vous l'étiez véritablement, mais dans le fond
vous êtes des espions. »
XXVIII. Les Volsques se récriant devant tout le monde contre ces
reproches, le dictateur ajouta qu'il ne fallait qu'un moment pour les
convaincre, et aussitôt il produisit leurs lettres qu'il avait interceptées
avant le combat. Elles étaient adressées aux généraux des Latins et leur
promettaient du secours. IL fit venir en même temps les courriers qui
avaient été chargés de ces lettres. Après qu'on en eut fait la lecture et que
les prisonniers eurent déclaré les ordres qu'ils avaient reçus, les soldats
voulurent frapper les Volsques comme atteints et convaincus d'être de
véritables espions. Mais Postumius pour les calmer, leur représenta qu'il
ne fallait pas que les gens de bien qui se piquaient d'honneur, devinssent
semblables aux méchants ; qu'il était plus à propos et en même-temps
plus digne de leur grandeur d'âme, de réserver leur vengeance pour ceux
qui avaient envoyé les espions, que de la décharger sur les espions
mêmes, que par respect pour le nom sacré d'ambassadeurs qu'ils
portaient extérieurement, il valait mieux les renvoyer, que de les maltraiter
comme espions, parce qu'ils attestaient de ne pas paraître tels, qu'enfin
ils ne devaient pas fournir aux Volsques un prétexte spécieux de faire la
guerre ou de se plaindre; qu'on aurait égorgé leurs ambassadeurs contre
le droit des gens, ni donner occasion aux autres ennemis de la république
de répandre un bruit, qui, quoique faux, ne laisserait pas de paraître
probable et de faire quelque impression sur des esprits trop crédules.
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