[6,15] Τοῖς δὲ σωφρονεστάτοις οὐκ ἀσφαλὲς τὸ κινδύνευμα
εἶναι ἐφαίνετο, ἀνδράσιν ἀγαθοῖς τὰ πολέμιά
τε καὶ νεωστὶ τὴν Λατίνων τοσαύτην δύναμιν ἀραμένοις
ἄνευ συμμάχων ὁμόσε χωρεῖν μέλλοντας τὸν
ὑπὲρ τῶν μεγίστων κίνδυνον ἐν ἀλλοτρίᾳ ποιεῖσθαι
γῇ, ἔνθα εἴ τι συμβαίη πταῖσμα οὐδεμίαν ἕξουσι καταφυγὴν
ἀσφαλῆ· τῆς δ´ οἴκαδε σωτηρίας προνοεῖσθαι
μᾶλλον ἠξίουν οὗτοι διὰ ταχέων καὶ μέγα κέρδος
ὑπολαμβάνειν, εἰ μηδὲν ἀπολαύσουσιν ἐκ τῆς στρατείας
κακόν. ἑτέροις δὲ τούτων μὲν οὐδέτερον ἐδόκει χρῆναι
ποιεῖν, νεανικὸν μὲν ἀποφαίνουσι τὸ πρόχειρον τῆς
ἐπὶ τὸν ἀγῶνα ὁρμῆς, αἰσχρὸν δὲ τὸ παράλογον τῆς
ἐπὶ τὰ οἰκεῖα φυγῆς, ὡς κατ´ εὐχὴν ληψομένων τῶν
πολεμίων, ὁπότερον ἂν αὐτῶν ποιήσωσι. γνώμη δὲ
τούτων ἦν ἐν μὲν τῷ παρόντι κρατύνασθαι τὸν χάρακα
καὶ τὰ πρὸς τὸν ἀγῶνα εὐτρεπίζεσθαι, πέμποντας δὲ
πρὸς τοὺς ἄλλους Οὐολούσκους δυεῖν θάτερον ἀξιοῦν
ἢ δύναμιν ἑτέραν πέμπειν ἀξιόχρεων ἐπὶ Ῥωμαίους,
ἢ καὶ τὴν ἀπεσταλμένην μετακαλεῖν. ἡ δὲ πιθανωτάτη τοῖς
πλείστοις φανεῖσα καὶ ὑπὸ τῶν ἐν τέλει
κυρωθεῖσα γνώμη ταῦτα παρῄνει, πέμψαι τινὰς εἰς τὸν
χάρακα τῶν Ῥωμαίων κατασκόπους ὀνόματι πρεσβευτῶν
ἕξοντας τὸ ἀσφαλές, οἳ δεξιώσονται τὸν ἡγεμόνα
καὶ φράσουσιν, ὅτι σύμμαχοι Ῥωμαίων ἥκοντες ἀπὸ
τοῦ κοινοῦ τῶν Οὐολούσκων ἄχθονται μὲν ὑστερήσαντες
τῆς μάχης, ὡς οὐδεμίαν ἢ μικράν τινα τῆς προθυμίας χάριν
οἰσόμενοι, τῇ δ´ {ἐξ} ἐκείνων τύχῃ μέγαν
ἀγῶνα δίχα συμμάχων κατωρθωκότων συνήδονται·
ἐξαπατήσαντες δ´ αὐτοὺς τῇ φιλανθρωπίᾳ τῶν λόγων
καὶ πιστεύειν ὡς φίλοις σφίσι κατασκευάσαντες, ἅπαντα
κατασκέψονται καὶ δηλώσουσιν ἀφικόμενοι πλῆθός τ´
αὐτῶν καὶ ὁπλισμοὺς καὶ παρασκευὰς καὶ εἴ τι κατὰ
νοῦν ἔχουσι πράττειν. ὅταν δὲ ταῦτ´ ἀκριβῶς σφίσι
γένηται φανερά, τότε προθεῖναι βουλήν, εἴτ´ ἐπιχειρεῖν
αὐτοῖς ἄμεινον εἴη προσμεταπεμψαμένοις δύναμιν ἑτέραν,
εἴτε καὶ τὴν παροῦσαν ἀπάγειν.
| [6,15] Les plus sages au contraire trouvaient
qu'il n'était pas prudent de se hasarder sans leurs alliés à livrer bataille à des
ennemis courageux et aguerris qui avaient défait tout nouvellement une si
nombreuse armée de Latins, que ce serait trop s'exposer, et que
s'agissant dans cette occasion de tout ce qu'ils avaient de plus cher, il
fallait faire attention qu'ils étaient sur les terres de l'ennemi où ils ne
pourraient trouver aucun asile sûr en cas qu'ils eussent du pire; qu'ils
devaient plutôt songer à se sauver promptement dans leur pays, trop
heureux de ne recevoir aucun échec dans cette campagne. D'autres
désapprouvaient également ces deux partis, le premier, parce que c'aurait
été une témérité de jeunes gens que de tenter la fortune du combat à pied
levé, le second, parce qu'il leur paraissait honteux de s'enfuir si
promptement dans leur pays, et que, soit qu'ils se déterminassent à
combattre, soit qu'ils se retirassent, ils feraient toujours plaisir à leurs
ennemis. Leur sentiment était donc de bien fortifier leurs retranchements,
de se disposer au combat en cas qu'ils y fussent forcés, et de députer
pendant ce temps-là un exprès aux autres Volsques pour leur demander
ou qu'ils les rappelassent ou qu'ils leur envoyassent de nouvelles troupes
capables de résister aux Romains.
XXVI. Enfin le sentiment qui prévalut et auquel les chefs se tinrent,
fut d'envoyer des espions au camp des Romains sous le nom
d'ambassadeurs qui mettrait leurs personnes en sûreté, avec ordre de
rechercher l'amitié de leur général, et de lui dire qu'étant venus au
secours des Romains de la part de la nation des Volsques, ils étaient bien
fâchés de n'arriver qu'après le combat, parce que leur bonne volonté
serait comptée pour rien, que cependant ils se réjouissaient de la victoire
qu'il avait remportée sans le secours des forces étrangères, et qu'ils le
félicitaient sur sa bonne fortune. Les Volsques espéraient qu'en le
trompant par ces belles paroles, ils gagneraient sa confiance, que par ce
moyen leurs espions pourraient savoir combien il avait de troupes,
comment elles étaient armées, quels étaient leurs préparatifs, ce qu'elles
avaient dessein de faire, et qu'après une exacte connaissance de toutes
ces choses ils délibéreraient avec plus de sûreté s'il serait plus à propos
de faire venir un renfort de nouvelles troupes pour attaquer l'ennemi, ou
s'il vaudrait mieux s'en retourner dans leur pays.
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