[6,13] Ἐν ταύτῃ λέγονται τῇ μάχῃ Ποστομίῳ τε
τῷ δικτάτορι καὶ τοῖς περὶ αὐτὸν τεταγμένοις ἱππεῖς
δύο φανῆναι, κάλλει τε καὶ μεγέθει μακρῷ κρείττους,
ὧν ἡ καθ´ ἡμᾶς φύσις ἐκφέρει, ἐναρχόμενοι γενειᾶν,
ἡγούμενοί τε τῆς Ῥωμαικῆς ἵππου καὶ τοὺς ὁμόσε
χωροῦντας τῶν Λατίνων παίοντες τοῖς δόρασι καὶ
προτροπάδην ἐλαύνοντες. καὶ μετὰ τὴν τροπὴν τῶν Λατίνων
καὶ τὴν ἅλωσιν τοῦ χάρακος αὐτῶν περὶ δείλην
ὀψίαν τὸ τέλος λαβούσης τῆς μάχης, ἐν τῇ Ῥωμαίων
ἀγορᾷ τὸν αὐτὸν τρόπον ὀφθῆναι δύο νεανίσκοι λέγονται,
πολεμικὰς ἐνδεδυκότες στολὰς μήκιστοί τε καὶ
κάλλιστοι καὶ τὴν αὐτὴν ἡλικίαν ἔχοντες, αὐτοί τε
φυλάττοντες ἐπὶ τῶν προσώπων ὡς ἐκ μάχης ἡκόντων
τὸ ἐναγώνιον σχῆμα, καὶ τοὺς ἵππους ἱδρῶτι διαβρόχους
ἐπαγόμενοι. ἄρσαντες δὲ τῶν ἵππων ἑκάτερον
καὶ ἀπονίψαντες ἀπὸ τῆς λιβάδος, ἣ παρὰ τὸ ἱερὸν
τῆς Ἑστίας ἀναδίδωσι λίμνην ποιοῦσα ἐμβύθιον ὀλίγην,
πολλῶν αὐτοὺς περιστάντων καὶ εἴ τι φέρουσιν
ἐπὶ κοινὸν ἀπὸ στρατοπέδου μαθεῖν ἀξιούντων, τήν
τε μάχην αὐτοῖς φράζουσιν, ὡς ἐγένετο καὶ ὅτι νικῶσιν· οὓς
μεταχωρήσαντας ἐκ τῆς ἀγορᾶς ὑπ´ οὐδενὸς
ἔτι λέγουσιν ὀφθῆναι, πολλὴν ζήτησιν αὐτῶν ποιουμένου
τοῦ καταλειφθέντος τῆς πόλεως ἡγεμόνος. ὡς δὲ τῇ
κατόπιν ἡμέρᾳ τὰς παρὰ τοῦ δικτάτορος ἐπιστολὰς
ἔλαβον οἱ τῶν κοινῶν προεστῶτες, καὶ σὺν τοῖς ἄλλοις
ἅπασι τοῖς ἐν τῇ μάχῃ γενομένοις καὶ τὰ περὶ τῆς
ἐπιφανείας τῶν δαιμόνων ἔμαθον, νομίσαντες τῶν
αὐτῶν θεῶν εἶναι ἄμφω τὰ φάσματα ὥσπερ εἰκὸς
Διοσκούρων ἐπείσθησαν εἶναι τὰ εἴδωλα. ταύτης ἐστὶ
τῆς παραδόξου καὶ θαυμαστῆς τῶν δαιμόνων ἐπιφανείας ἐν
Ῥώμῃ πολλὰ σημεῖα, ὅ τε νεὼς ὁ τῶν Διοσκούρων, ὃν ἐπὶ τῆς
ἀγορᾶς κατεσκεύασεν ἡ πόλις, ἔνθα ὤφθη τὰ εἴδωλα,
καὶ ἡ παρ´ αὐτῷ κρήνη καλουμένη τε τῶν θεῶν τούτων
καὶ ἱερὰ εἰς τόδε χρόνου νομιζομένη, θυσίαι τε πολυτελεῖς,
ἃς καθ´ ἕκαστον ἐνιαυτὸν ὁ δῆμος ἐπιτελεῖ διὰ τῶν μεγίστων
ἱερέων ἐν μηνὶ Κυιντιλίῳ λεγομένῳ ταῖς καλουμέναις εἰδοῖς,
ἐν ᾗ κατώρθωσαν ἡμέρᾳ τόνδε τὸν πόλεμον· ὑπὲρ
ἅπαντα δὲ ταῦτα ἡ μετὰ τὴν θυσίαν ἐπιτελουμένη
πομπὴ τῶν ἐχόντων τὸν δημόσιον ἵππον, οἳ κατὰ
φυλάς τε καὶ λόχους κεκοσμημένοι στοιχηδὸν ἐπὶ τῶν
ἵππων ὀχούμενοι πορεύονται πάντες, ὡς ἐκ μάχης ἥκοντες
ἐστεφανωμένοι θαλλοῖς ἐλαίας, καὶ πορφυρᾶς
φοινικοπαρύφους ἀμπεχόμενοι τηβέννας τὰς καλουμένας
τραβέας, ἀρξάμενοι μὲν ἀφ´ ἱεροῦ τινος Ἄρεος ἔξω
τῆς πόλεως ἱδρυμένου, διεξιόντες δὲ τήν τ´ ἄλλην
πόλιν καὶ διὰ τῆς ἀγορᾶς παρὰ τὸ τῶν Διοσκούρων
ἱερὸν παρερχόμενοι, ἄνδρες ἔστιν ὅτε καὶ πεντακισχίλιοι
φέροντες, ὅσα παρὰ τῶν ἡγεμόνων ἀριστεῖα ἔλαβον ἐν
ταῖς μάχαις, καλὴ καὶ ἀξία τοῦ μεγέθους τῆς
ἡγεμονίας ὄψις. ταῦτα μὲν ὑπὲρ τῆς γενομένης ἐπιφανείας
τῶν Διοσκούρων λεγόμενά τε καὶ πραττόμενα
ὑπὸ Ῥωμαίων ἔμαθον· ἐξ ὧν τεκμήραιτ´ ἄν τις, ὡς
θεοφιλεῖς ἦσαν οἱ τότε ἄνθρωποι, σὺν ἄλλοις πολλοῖς
καὶ μεγάλοις.
| [6,13] XXI. ON dit que dans cette bataille deux cavaliers d'une grande
beauté, d'une taille au-dessus de l'ordinaire, et dans la fleur de leur
jeunesse, apparurent au dictateur Postumius et à toutes les troupes qui
suivaient ses enseignes ; qu'ils marchaient devant la cavalerie Romaine,
frappaient à coups de lances et mettaient en fuite tous les Latins qui se
présentaient au combat. On ajoute qu'après la déroute des Latins et la
prise de leur camp, le combat étant déjà fini, deux jeunes gens d'une taille
majestueuse, d'une beauté surprenante, et de même âge que ceux qui
avaient apparu à Postumius, se montrèrent aussi sur le soir dans la place
publique de Rome, qu'ils étaient en habit de guerriers, et que leur mine
fière et menaçante et leurs chevaux encore tout en sueur faisaient
connaître qu'ils venaient du combat ; que tous deux mirent pied à terre et
se lavèrent dans l'eau d'une fontaine qui sort d'auprès le temple de Vesta
et qui forme un petit bassin assez profond, qu'une foule de citoyens qui
les environnait leur ayant demandé s'ils avaient quelque nouvelle du
camp, ils racontèrent comment le combat s'était passé, et annoncèrent la
nouvelle de la victoire des Romains, qu'après cela ils sortirent de la place
publique, et qu'on ne les revit plus, quelque recherche qu'en fît le
gouverneur qui était resté à Rome. Le lendemain les magistrats reçurent
des lettres du dictateur qui leur marquait entre autres circonstances de la
bataille l'apparition de ces divinités. Sur son récit, ils crurent avec quelque
fondement que c'étaient les mêmes qu'ils avaient vues et que ce devait
être Castor et Pollux.
XXII. On voit à Rome plusieurs monuments de cette apparition
également admirable et extraordinaire : entre autres le temple de Castor
et Pollux, que la ville fit ériger dans la place publique au même endroit où
ils s'étaient fait voir, la fontaine voisine de ce temple consacrée à ces
deux divinités, laquelle est regardée encore aujourd'hui comme telle, et
les sacrifices magnifiques que les principaux chevaliers leurs font tous les
ans au nom du peuple aux Ides du mois appelé Quintilius, qui est le jour
que la guerre des Latins fut heureusement terminée. Mais ce qu'il y a de
plus magnifique, c'est la pompeuse cavalcade que font après le sacrifice
ceux qui ont des chevaux du public. Distingués par tribus et par centuries,
couronnés de branches d'olivier, revêtus de robes de pourpre brodées de
palmes et qu'on appelé trabées, ils marchent tous à cheval dans un ordre
admirable comme s'ils revenaient du combat. Ils commencent le carrousel
à un temple de Mars situé hors de Rome : de là ils traversent la ville, ils
passent par la place publique et auprès du temple de Castor et Pollux,
portant avec eux toutes les marques de distinction que leurs généraux
leur ont données pour récompense de leur valeur dans les combats. Cette
pompe est quelquefois composée de cinq mille hommes : il ne se peut
rien voir de plus beau ni de plus digne de la majesté de l'empire.
Voila ce que disent les Romains sur l'apparition de Castor et Pollux
et ce qu'ils font en mémoire de cette faveur signalée qu'ils reçurent des dieux : c'est tout ce que j'en ai pu apprendre. On peut juger de là quels étaient les
avantages et la piété des hommes de cet heureux temps, et combien ils
étaient chéris des dieux.
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